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Ces hipsters américains qui refusent de vacciner leurs enfants

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

En janvier, les Centers for Disease Control and Prevention ont recensé 102 cas de rougeole dans 14 états américains alors que la maladie y était considérée comme éradiquée depuis 2000. La recrudescence de la maladie relance le débat sur la vaccination.

Aux États-Unis, certains parents refusent de vacciner leurs enfants contre la rougeole. Comme le relaie le quotidien De Morgen, l’épidémie ne se limite pas aux groupes religieux, tels que les amish, qui ne vaccinent pratiquement pas leurs enfants et qui sont régulièrement frappés par la rougeole. Cette fois, la contamination de la grande majorité des cas a eu lieu à Disneyland près de Los Angeles, un endroit à l’opposé du mode de vie sévère des amish.

L’année passée, les États-Unis ont recensé environ 600 cas de rougeole. De plus en de plus de parents « alterno-progressifs », diplômés et aisés refuseraient de vacciner leurs enfants. « Dans ces milieux, le mode de vie ‘nature’ a le vent en poupe. Combiné au fait que la rougeole a disparu depuis des années, ces parents bien informés et inquiets se renseignent sur Google où ils lisent que la rougeole est éradiquée. De plus, des fanas du bio argumentent sur internet qu’il vaut mieux que l’enfant subisse les caprices de la nature pour être protégé plus tard. D’après ces parents, une bonne maladie les rend plus forts » explique le professeur Pierre Van Damme du Centre pour l’Évaluation de la Vaccination (Université d’Anvers) au journal De Morgen.

Cette attitude est pourtant extrêmement périlleuse. Si la rougeole est souvent inoffensive, dans certains cas elle engendre des complications, telles que pneumonies, surdité et encéphalites qui peuvent se révéler mortelles. Surtout dangereuse pour les enfants, elle peut également entraîner un handicap mental.

Sociétés pharmaceutiques

Certains « hipsters bio » avancent également une manoeuvre des entreprises pharmaceutiques qui exagéreraient le besoin de vaccins pour engranger des bénéfices. « C’est le réflexe anti-multinational, mais dans ce cas-ci c’est vraiment absurde. Ces vaccins ont été développés il y a des années. Il ne m’étonnerait pas que les entreprises y perdent même de l’argent » explique Van Damme.

Autisme

Par ailleurs, certains parents refusent de vacciner leurs enfants parce qu’ils craignent que les substances contenues dans le vaccin puissent les rendre autistes. Cette crainte est apparue fin des années 90 lorsqu’un rapport avait établi un lien entre les deux. Même si la majorité des experts affirment qu’il s’agit d’une information erronée, certains parents s’obstinent à ne pas vacciner leurs enfants sous le prétexte « qu’il n’y a pas de fumée sans feu ».

Roald Dahl

Le débat américain fait ressurgir une lettre poignante de Roald Dahl, l’auteur de « Matilda » et de « Charlie et la Chocolaterie ». En 1962, un an avant la généralisation du vaccin, l’écrivain britannique a perdu sa fille Olivia des suites de la rougeole. « Il y a aujourd’hui quelque chose que les parents peuvent faire pour que ce genre de tragédie n’arrive pas à leurs enfants. Ils peuvent insister pour immuniser leur enfant contre la rougeole. Je n’ai pas pu le faire pour Olivia en 1962 car, à cette époque, un vaccin fiable n’avait pas été découvert » écrivait-il en 1988.

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