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Avoir un enfant serait plus déprimant qu’un divorce ou la perte d’un conjoint

Stagiaire Le Vif

Avoir un enfant est censé être l’un des évènements les plus heureux de notre vie. Cependant, d’après une étude publiée par le journal Demography, relayée par The Washington Post, la réalité est très différente. La première année qui suit la naissance d’un enfant aurait un effet plus dévastateur sur la vie des individus qu’un divorce, la perte d’un emploi voire même le décès d’un conjoint.

Les chercheurs Rachel Margolis et Mikko Myrskylä ont suivi quelque 2016 Allemands. Les résultas de leur étude ont été publiés dans le journal Demography, relayé par The Washington Post. Au début de l’étude, les participants n’avaient pas d’enfants. L’étude s’est prolongée jusqu’à la deuxième année qui a suivi la naissance de leur premier enfant. En répondant à la question : « Êtes-vous satisfait de votre vie« , les participants devaient évaluer leur bonheur sur une échelle de 0 à 10, 0 signifiant qu’ils étaient totalement insatisfaits et 10 qu’ils étaient parfaitement satisfaits.

Les deux chercheurs précisent que l’étude ne tient pas compte de l’expérience d’avoir des enfants dans sa globalité. Selon eux, il était préférable de diriger les questions vers le début de la parentalité car, pour des jeunes parents, tenir des propos négatifs envers l’arrivée d’un nourrisson est tabou. En effet, le but de l’étude était d’avoir un aperçu à propos d’une contradiction, de longue date dans les taux de natalité des pays occidentaux, entre le nombre d’enfants que les habitants disent vouloir et le nombre d’enfants qu’ils ont effectivement. Ainsi, en Allemagne par exemple, les couples disent vouloir deux enfants. Pourtant, ces quarante dernières années, le taux de natalité dans le pays reste obstinément bas avec un ratio d’un enfant et demi par femme.

Rachel Margolis, chercheuse en sociologie à l’université Western Ontario et Mikko Myskylä, directeur de l’institut Max Planck pour les recherches démographiques, ont découvert que la majorité des couples participants à l’étude étaient plutôt heureux lors de la conception du premier enfant. L’année précédant la naissance, leur niveau de satisfaction était même en hausse, sans doute en raison de la grossesse et de l’anticipation du futur nourrisson. Ce n’est qu’après la naissance de l’enfant que les expériences des parents divergent. Trente pourcents des parents se disent au même seuil de bonheur voire même se disent plus heureux une fois le bébé arrivé. Le reste déclare que leur seuil de satisfaction décroît durant les deux années qui suivent la naissance. 37% (742) des nouveaux parents disent avoir perdu une unité sur l’échelle de la satisfaction. 19% (383) déclarent avoir perdu deux unités enfin 17% (341), disent en avoir perdu trois. En moyenne, les débuts de la parentalité font baisser le bonheur d’1,4 unité. Un constat sévère.

Pas de second enfant

Pour mettre ces chiffres en perspective et à titre de comparaison, des études précédentes ont quantifié l’impact d’autres évènements majeurs qu’un individu peut connaître dans sa vie. Un divorce fait perdre l’équivalent de 0,6 « unité de bonheur », la perte d’un emploi fait perdre une unité, tout comme le décès d’un conjoint.

Les parents qui vivent leur première expérience de parentalité de façon négative n’essayeront pas d’avoir un second enfant, or ils sont nombreux. Les données établissent qu’au plus la perte de bien-être est grande, au moins il y a de chance que les parents tentent de réitérer l’expérience. Cette corrélation est particulièrement forte chez les parents âgés de plus de trente ans qui ont un plus grand degré d’éducation. Contrairement à toute attente, le genre n’est pas un facteur.

Selon les deux chercheurs, les challenges rencontrés par les nouveaux parents qui ont un impact sur leur décision d’avoir un second enfant peuvent être classés en trois catégories. Dans la première catégorie, on retrouve les mères qui disent que les douleurs physiques et les nausées entrent en conflit avec leur désir de travailler et les pères qui expriment des inquiétudes à propos des problèmes médicaux rencontrés par leurs partenaires. Dans la seconde, ce sont les complications qui ont été rencontrées au court de l’accouchement qui influe sur une décision de ne « jamais revivre ça ». La troisième catégorie est particulièrement significative. Elle porte sur la nature « intense » et « continue » de l’éducation des enfants. Les parents rapportent un épuisement dû à des troubles de l’allaitement maternel, au manque de sommeil, à la dépression, à l’isolement et à une rupture au sein de la relation.

Ces résultats devraient ouvrir les yeux des décideurs politiques qui sont inquiets quant aux faibles taux de natalité de leurs pays : les responsables devraient envisager de donner plus de soutien aux jeunes parents.

Clara Veszely

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