Alzheimer
Alzheimer © Getty

Alzheimer: une nouvelle étude belge pour améliorer la qualité de vie des patients 

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La Fondation Recherche Alzheimer a remis un chèque de 110.000 euros à l’UMONS pour permettre aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes de détérioration de la mémoire chez les patients et ainsi à améliorer leur qualité de vie.

Le projet de recherche sur Alzheimer est mené par Isabelle Simoes Loureiro, membre du service de Psychologie cognitive et Neuropsychologie, de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’UMONS. Ce montant de 110.000 euros correspond au prix « Pilot Grant 2023 » décerné par la Fondation sur la base d’une sélection et de l’avis de son Conseil scientifique parmi lesquels des spécialistes internationaux.

« La subvention pilote servira à affiner les connaissances scientifiques quant à la façon dont les programmes alternatifs de soins de la mémoire sémantique modèrent le déclin des troubles lexico-sémantiques dans la maladie d’Alzheimer »,  indique l’UMONS.  Le montant obtenu doit permettre de financer deux ans de bourse de doctorat, du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2024. L’objectif de la recherche est d’évaluer l’efficacité d’interventions cognitives préservant la mémoire sémantique des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer.

Améliorer la mémoire sémantique

« La mémoire sémantique, c’est une forme de mémoire qui contient les faits, les connaissances générales, ainsi que les mots et leur sens. C’est cette forme de mémoire qui nous permet d’appréhender notre environnement, de communiquer, de récupérer les mots dans le langage et aussi de comprendre le sens des mots. Quand cette mémoire dysfonctionne comme c’est le cas dans la maladie d’Alzheimer, le patient éprouvera des difficultés de langage, tant du point de vue de la compréhension que de l’expression. Dans la vie quotidienne, il aura des difficultés pour récupérer un mot dans le langage ou souffrira de paraphasies sémantiques, c’est-à-dire des confusions de mots, par exemple dire chien pour chat ou pomme pour poire. Le discours devient alors hésitant, confus, s’appauvrit, et peut aller jusqu’au mutisme ou un langage déstructuré. Nous allons travailler sur la prise en charge de ce type de difficulté de mémoire sémantique. L’objectif est d’améliorer le langage au quotidien pour que le patient reste dans la communication», explique Isabelle Simoes Loureiro.

Les chercheurs de l’UMONS vont tester différentes techniques de prises en charge auprès des patients afin de tenter de trouver ce qui fonctionne le mieux en fonction de leur profil qui peut être différent en fonction du stade de maladie et de la détérioration de sa mémoire sémantique. « Nous allons tester l’efficacité de différentes méthodes, comme la stimulation des traits sémantiques ou encore la stimulation multisensorielle afin de déterminer les facteurs qui favorisent le ralentissement du déclin de la mémoire sémantique ».

Un Belge sur cinq (et une femme sur trois) développera une forme de démence

Aggravés par le vieillissement de la population, les chiffres liés à Alzheimer sont alarmants. Selon la Fondation Recherche Alzheimer, il y a 200 000 personnes atteintes de démence en Belgique, dont les deux tiers sont des femmes. 140 000 des patients atteints de démence souffrent d’Alzheimer. Chez les plus de 65 ans, le nombre est de presque 10%, chez les plus de 85 ans, il est déjà de 26% et chez les plus de 90 ans, il est de plus de 35%. « On estime qu’un Belge sur cinq, et même une femme sur trois développera une forme de démence », déclare Lucie Leroux de la fondation Alzheimer.

Il n’existe aujourd’hui aucun traitement curatif permettant de guérir la maladie d’Alzheimer. « Il y a encore énormément à faire pour mieux comprendre la maladie, pour améliorer les procédures de diagnostic, parce qu’aujourd’hui , il y a uniquement des traitements symptomatiques qui agissent sur l’expression des symptômes et qui semblent freiner, mais quelque temps seulement, l’évolution de la maladie, d’où l’importance d’un diagnostic précoce », explique Lucie Leroux.

« Cette réalité laisse transparaître les trois grands enjeux de la recherche: premièrement, il faut mieux comprendre la maladie pour un jour parvenir à un traitement curatif. Deuxièmement, il faut améliorer le diagnostic afin de détecter la maladie le plus tôt possible afin d’entamer à temps la prise traitement, et troisièmement, tant qu’il n’y a pas de traitement curatif, il est primordial d’accorder de l’importance à la recherche de type psychosociale qui va améliorer la vie quotidienne des patients à travers de nouvelles thérapies ou de nouvelles stratégies de soin. »

Malgré les enjeux de santé majeurs que représentent les maladies neurodégénératives, la recherche souffre d’un manque de moyens. « Nous sommes le principal acteur de la recherche en Belgique, et nous sommes 100% dépendants des dons. Le gouvernement ne subsidie pas la recherche et donc celle-ci avance beaucoup moins vite que la recherche d’autres maladies », déplore la Fondation.

Prévention

Pour réduire les risques de développer une maladie neurodégénérative telle que la maladie d’Alzheimer, il n’y a pas de secret: il faut vivre une vie saine. « Restez actif, participez à des activités, continuez à apprendre. Il est absolument essentiel de continuer à stimuler son cerveau. Le cerveau a besoin de nouveauté », recommande Isabelle Simoes Loureiro.

Il ne s’agit toutefois pas de stimuler de cerveau n’importe comment. « Faire des mots croisés par exemple, c’est très bien, mais si on en fait tous les jours, cela peut ne plus être suffisamment challengeant pour le cerveau, si cela devient plutôt une routine. Ce qu’il faut, c’est diversifier. « Les personnes qui ont des activités stimulantes et variées constituent une réserve cognitive, qui permet de mieux résister aux effets de la maladie ».

« Il y a trois axes importants: bien manger, bien bouger, et bien stimuler le cerveau », résume la chercheuse. « Il y a des études extrêmement sérieuses qui montrent le rôle de la nutrition sur le cerveau, le rôle que peuvent avoir les aliments sur le fonctionnement du cerveau, notamment. Avoir une alimentation équilibrée et variée a un effet protecteur. Même chose pour l’activité physique : même modérée, celle-ci a un impact positif sur le cerveau, en plus d’avoir également un effet protecteur sur le cœur, les os, et la prévention de maladies ».

En outre, l’environnement social est également très important : le statut matrimonial, ou encore un bon réseau social protègent contre la maladie. « Avoir des relations sociales, ainsi que des activités sociales, c’est essentiel, cela permet bien sûr de solliciter ces fonctions cognitives, comme la mémoire, le langage et cela a bien évidemment également un impact positif sur le moral et l’humeur. Il faut donc rester entouré et lutter contre l’isolement social », souligne la chercheuse.

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