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Aliments ultra-transformés : le problème ne viendrait pas des calories, mais des additifs

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Désormais, on en a la preuve scientifique : les aliments ultra-transformés nous font bien grossir, mais pas pour les raisons auxquelles on pense.

On le sait, on nous le répète assez souvent : les aliments ultra-transformés sont mauvais pour notre santé. Et si depuis longtemps, beaucoup estiment que ce sont leurs quantités de sucre, de gras ou de sel qui nous portent préjudice, une nouvelle étude accuse aujourd’hui les additifs.

Des chercheurs de l’Institut américain de la santé ont en effet découvert que les additifs contenus dans les aliments ultra-transformés – comme les plats préparés – incitent les gens à manger davantage et plus vite. Il en résulte une prise de poids non contrôlée. Ainsi, si notre régime alimentaire se composait majoritairement d’aliments ultra-transformés, on aurait tendance à consommer en moyenne 500 calories de plus par jour, et on gagnerait près d’un kilo en deux semaines, selon les résultats émis par les chercheurs.

Mêmes calories, même équilibre nutritionnel

Dans le cadre de leur recherche, les scientifiques ont demandé à 20 adultes volontaires de suivre deux régimes : l’un ultra-transformé, l’autre non transformé. Les plats non transformés étaient constitués, par exemple, d’une salade d’épinard, de morceaux de poitrine de poulet, de morceaux de pomme, de boulgour, de graines de tournesol et de raisins. Les plats ultra-transformés, quant à eux, étaient composés de quesadillas, de haricots sautés et de limonade diététique.

Repas non transformé.
Repas non transformé.© (Hall et al / Cell Metabolism
Repas ultra-transformé.
Repas ultra-transformé.© (Hall et al / Cell Metabolism

Les deux types de repas étaient équilibrés sur le plan nutritionnel et les calories étaient comptées. Ainsi, tous deux avaient la même quantité de calories, de sucres, de fibres, de matières grasses et de glucides. Seule différence : les quantités avalées. Les participants pouvaient manger autant (ou aussi peu) qu’ils le souhaitaient.

Pour étudier les deux sortes de repas et leur influence sur le corps, les scientifiques se sont servis de la classification NOVA, une classification des aliments basée sur la science. Cette classification catégorise les aliments en fonction de l’inclusion d’additifs renforçant l’arôme, d’agents de conservation prolongeant la durée de vie de l’aliment, ainsi que des caractéristiques de leur emballage et de leur marketing.

Prise de poids distincte

Pendant deux semaines, la moitié des participants suivait un régime non transformé, tandis que l’autre groupe suivait le régime ultra-transformé. Puis les deux groupes permutaient leur régime pendant deux autres semaines. Le résultat ? Le groupe qui mangeait de la nourriture non transformée perdait du poids, sans forcément manger tout le temps « sain », alors que le groupe qui mangeait de l’ultra transformé gagnait du poids.

« J’ai été surpris par les résultats de cette étude, car je pensais qu’à partir du moment où les deux régimes présentaient des quantités équivalentes de sucres, de lipides, de glucides, de protéines et de sodium, rien de particulier dans les aliments ultra-transformés n’amènerait les gens à vouloir manger plus« , a déclaré l’auteur principal de l’étude, Kevin Hall. « Mais nous avons constaté qu’en fait, les gens consommaient beaucoup plus de calories dans leur régime ultra-transformé, ce qui leur faisait prendre du poids.« 

D’après le docteur Gunter Kuhnle, extérieur à l’étude, les participants du groupe « ultra-transformé » avaient tendance à manger plus vite et plus copieusement, parce que cela leur prenait plus de temps pour se sentir rassasié, et parce que la nourriture leur paraissait plus savoureuse. Ce phénomène pourrait être la conséquence de la présence de certains additifs qui, non seulement augmentent artificiellement les arômes, mais interférent aussi avec le travail de l’hormone de la faim, chargée de prévenir le cerveau lorsque l’estomac est plein.

Bien que l’étude ait été réalisée à petite échelle, c’est la première fois que le domaine scientifique peut conclure que les aliments transformés sont une cause de l’obésité. Cela soulève également un problème d’ordre économique : car si la nourriture ultra-transformée fait en effet grossir, elle coûte aussi nettement moins cher que le non transformé. Difficile, donc, pour les personnes moins aisées, de s’en tenir aux conseils du diététicien…

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