Photo by Oleg Artemyev/Tass/ABACAPRESS.COM

Ouragan Ian : pourquoi l’Europe ne pourrait pas connaître une telle catastrophe (malgré le réchauffement climatique)

Stagiaire Le Vif

Alors que l’Amérique du Nord subit le souffle de l’ouragan Ian, l’Europe ne connaît pas ce type de phénomènes météorologiques extrêmes. Notre continent bénéficie en effet de conditions favorables pour y échapper.

Le Sud-Est de l’Amérique du Nord vient d’être touché de plein fouet par l’ouragan Ian. Des vents de près de 250km/h accompagnés de pluies torrentielles ont déferlé sur le continent. En Floride et en Caroline du Nord, 62 personnes sont décédées, et les dégâts matériels sont conséquents. Selon le gouverneur de Floride, il s’agirait de « l’un des cinq ouragans les plus puissants à avoir frappé la Floride ».

L’Europe est pour le moment épargnée par ce phénomène. Le réchauffement climatique peut-il toutefois rebattre les cartes et menacer notre continent de ce type de catastrophes ?

La fraîcheur de l’Atlantique comme protection

Dans le bassin atlantique, les ouragans se forment le long de la côte ouest-africaine. Des vents font dévier les cyclones d’est en ouest vers les eaux chaudes du continent nord-américain. Cela explique pourquoi Cuba, la Floride ou encore la Guadeloupe sont plus souvent touchés par des vents dévastateurs.

Ces catastrophes ne concernent que très peu l’Europe. D’après les chiffres du National Hurricane Center (NHC), moins de 2% des phénomènes météo de ce type naissent dans l’Atlantique Nord. Les conditions requises pour la formation d’un cyclone ne sont en effet pas remplies.

« Si la Belgique échappe aux ouragans, c’est tout simplement parce que la Mer du Nord n’est pas assez chaude, et que l’air n’est dès lors pas assez humide, explique Fabian Debal, météorologiste à l’Institut Royal de Météorologie. Une condition sine qua non pour qu’un ouragan se forme, c’est que la température de la surface des eaux atteigne au moins 26°C. Or, même en pleine période estivale, les thermomètres indiquent au maximum 22°C. »

Il en va de même pour les autres mers d’Europe. Si la température requise est parfois atteinte en mer Méditerranée, les zones sont trop exiguës pour qu’un cyclone s’y développe.

Les phénomènes météorologiques extrêmes risquent toutefois de devenir de plus en plus courants avec le réchauffement climatique. Des rapports du GIEC indiquent depuis près d’une décennie la multiplication de cyclones tropicaux de catégorie 4 ou 5. L’eau des océans, de façon globale, augmente en température. On observe ainsi une migration des ouragans vers le Nord depuis une trentaine d’années.

Il est vrai que l’Europe a été touchée par des restes d’ouragans ces dernières années. En 2017, l’ouragan Ophélia s’était formé au large des Açores et des vents de 190km/h avaient atteint les côtes irlandaises. L’année suivante, c’est le littoral portugais qui a été secoué par les bourrasques de l’ouragan Leslie.

Toutefois, ces phénomènes n’ont pas la même intensité que de l’autre côté de l’Atlantique. Et si le réchauffement climatique bouleverse la planète dans son ensemble, il ne modifiera pas à ce point la situation des eaux aux latitudes de l’Europe.

« D’après les prévisions pour les prochaines décennies, les températures des mers européennes n’atteindront pas les 26°C, et ce malgré le réchauffement global » rassure David Dehenauw, météorologue à l’IRM. Notre continent peut donc encore compter sur la fraîcheur de l’Atlantique pour se prémunir de ce type de phénomènes.

Comment se forme un ouragan ?

Un ouragan, aussi appelé cyclone tropical ou typhon lorsqu’il apparaît dans le Pacifique, se forme au-dessus d’un océan. La température de l’eau doit être d’au moins 26°C sur une épaisseur de 50 mètres. Au contact de ces eaux chaudes, l’air s’élève et se condense en nuages orageux. Une zone de dépression locale se crée en surface.

En raison de la rotation de la Terre, les vents subissent la force de Coriolis et sont déviés. Seule la zone de l’équateur n’est pas concernée par ce phénomène. La zone de dépression ne peut alors pas être comblée par les vents avoisinants, qui vont à la place s’enrouler en spirale et former un ouragan. Lorsque la vitesse des vents devient suffisamment élevée, 119km/h minimum en moyenne sur une minute, un oeil se formera au centre du cyclone.

La dépression initiale n’étant jamais comblée, elle continue d’aspirer de nouveaux vents qui alimenteront à leur tour le cyclone. Elle ne sera colmatée qu’une fois au contact de la terre ferme.

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