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Malgré la fonte des glaces, le plus grand glacier du Groenland s’est épaissi !

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Le dérèglement climatique et le réchauffement des océans provoquent la fonte de la plupart des glaciers de la planète. L’Antarctique perdrait en moyenne 252 milliards de tonnes de masse glaciaire chaque année. Et pourtant, une étude de la NASA révèle qu’un glacier du Groenland se serait légèrement agrandi.

Si au cours des 20 dernières années, le glacier Jakobshavn a été la plus grande source de perte de masse de la calotte glaciaire du Groenland, une récente étude de la NASA, publiée dans Nature Geoscience, révèle que depuis 2016, la tendance s’est inversée. Le Jakobshavn progresse, la fonte de sa glace ralentit et le glacier s’épaissit. Ces données ont été recueillies par la NASA lors de sa mission Oceans Melting Greenland (OMG), qui analyse la température de l’eau et des glaciers autour du Groenland pour évaluer la corrélation entre la fonte des glaces et la montée des eaux dans le monde.

Refroidissement des courants océaniques

A quoi est dû ce soudain épaississement ? Les scientifiques ont remarqué un afflux récent d’eau froide en provenance de l’Atlantique Nord etse propageant dans l’Arctique, en particulier dans la baie de Disko et dans le fjord glacé d’Ilulissat. « La température de l’océan dans les 250 premiers mètres de la baie a été ramenée à des niveaux jamais vus depuis le milieu des années 1980« , s’étonnent les chercheurs.

Dans les profondeurs, les températures auraient en effet chuté de deux degrés depuis 2014. Ce refroidissement des courants océaniques a ainsi permis de ralentir temporairement la fonte du Jakobshavn – glacier à l’origine de l’iceberg responsable du naufrage du Titanic. « Au début, nous n’y avons pas cru , explique Ala Khazendar, glaciologue et auteur principal de l’étude.Nous avions présumé que le Jakobshavn continuerait ainsi qu’il l’avait fait ces vingt dernières années. « 

Ce phénomène n’est pas un événement isolé : un cycle naturel dans l’océan Atlantique alterne entre chaud et froid tous les 20 ans, ce qui entraîne une pénétration d’eaux plus froides en amont de la côte ouest du Groenland. On peut donc estimer que dans 20 ans, la phase changera à nouveau et les eaux plus chaudes reviendront.

Pas forcément une bonne nouvelle

Si on remarque une inversion temporaire de la tendance à l’amincissement et au recul des glaciers, avec les perspectives du réchauffement climatique, l’épaississement du Jakobshavn n’est pas forcément une bonne chose pour le niveau mondial de la mer. Malgré la croissance du glacier, l’ensemble de la calotte glaciaire du Groenland continue de perdre beaucoup de glace. Le Jakobshavn ne draine en effet que 7 % de la calotte glaciaire, sa légère expansion ne permet donc pas de combler les pertes du reste de la calotte.

Cette découverte prouverait donc que les conséquences du réchauffement climatique sur la fonte des glaces ne sont pas réglées comme du papier à musique.« On pensait qu’une fois que les glaciers avaient commencé à fondre, plus rien ne pourrait les arrêter », explique à National Geographic Josh Willis , océanographe de la NASA et responsable de l’étude. « Nous constatons maintenant que ce n’est pas vrai. »

D’autres glaciers arctiques pourraient également connaître une croissance similaire. « Ce qui porte à croire que les fluctuations des glaciers dans le contexte du réchauffement planétaire sont peut-être plus complexes et imprévisibles qu’on le pensait ».

Surtout qu’à long terme, avec le réchauffement de l’atmosphère, le refroidissement des océans va finir par s’interrompre et provoquera certainement une fonte plus rapide du Jakobshavn. « Cela ressemble en fait à un pendule. Jakobshavn a connu des périodes de retraite rapide des glaces au 20e siècle, suivies d’un épaississement puis d’une retraite », dit Ala Khazendar. « Mais il ne faut pas oublier que l’air et la mer se réchauffent », intervient Josh Willis. En conclusion, il ne faut pas voir dans l’épaississement de Jakobshavn le signe d’une atténuation des conséquences climatiques. Au contraire… Au final, les retraites seront toujours plus importantes que les avancées.

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