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L’inquiétante méconnaissance des élèves sur le changement climatique

Les connaissances des élèves du secondaire, tous niveaux confondus (général, technique, professionnel), sur le changement climatique sont « largement insuffisantes », estime l’association Appel pour une école démocratique (Aped) sur base d’une enquête menée auprès de plus de 3.200 élèves.

Celles-ci dépendent, de plus, de l’origine sociale des adolescents, poussant l’Aped à souligner que « l’école ne parvient manifestement pas à jouer efficacement son rôle consistant à préparer tous les jeunes à une citoyenneté critique et active ».

En avril et mai derniers, 3.236 élèves des 5e, 6e et 7e secondaire de 107 écoles différentes ont répondu en ligne à un questionnaire consacré à l’épuisement des ressources énergétiques et au réchauffement climatique, et composé de plus de 80 questions sur les thèmes énergie/climat et d’une soixantaine d’autres pour dresser les profils socio-économiques.

« Chouette, on aura plus de jours de beau temps »

On apprend notamment de cette étude que plus d’un jeune sur trois – 59% dans le cycle professionnel – pense que l’avion émet autant, voire moins, de CO2 que le train. Et, tandis que près de quatre élèves sur 10 sont « plutôt d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec l’affirmation « Chouette, on aura plus de jours de beau temps » grâce au réchauffement climatique, 30% ne s’en inquiètent pas car « les scientifiques trouveront bien une solution ».

Les élèves tendent également à surestimer la part actuelle d’énergies renouvelables dans la facture d’électricité: 53% la surestiment d’un facteur 5 et 24% d’un facteur 10. 11% seulement en font une estimation à peu près correcte.

Plus de la moitié des jeunes ne savent pourtant pas ce qu’est une énergie renouvelable (un sur six croit à tort que le gaz naturel en est une) et seuls 28,5% des élèves ont entendu parler, à l’école, de l’augmentation de la fréquence des fortes pluies comme conséquence du réchauffement climatique, qui concerne pourtant particulièrement la Belgique.

Enfin, un quart des élèves a conscience de l’ordre de grandeur des flux des réfugiés que le réchauffement climatique va engendrer (200 millions d’ici 2050, selon l’ONU). La majorité (65%) sous-estiment gravement ce nombre. Moins d’un élève sur deux estime d’ailleurs que la Belgique devrait accueillir des réfugiés climatiques. Ce pourcentage varie toutefois de 36% pour les élèves issus de parents nés en Belgique à 61% ceux nés à l’étranger.

Inégalités

Sur base de ces résultats jugés « surprenants, inquiétants et alarmants », l’Aped a relevé les inégalités de savoirs entre les filières, et plus spécifiquement dans l’enseignement néerlandophone, où les écarts entre le général et le professionnel sont bien plus importants. Par ailleurs, les connaissances des garçons sont sensiblement plus élevées que celle des filles mais ces dernières sont davantage disposées à adopter des comportements plus écologiques et respectueux de l’environnement.

L’association pointe du doigt la responsabilité du monde politique ainsi que les carences du système scolaire. « Sans leur jeter la pierre car ils font un maximum dans le temps qui leur est imparti, les professeurs doivent davantage donner aux élèves les outils -que tout le monde a le droit de maîtriser (technologiques, scientifiques et sociétaux)- pour leur permettre de changer le monde et se révolter », a martelé Nico Hirtt, chargé d’étude à l’Aped.

L’Aped souligne encore la nécessité de « retarder le choix de filières hiérarchisantes dont la formation générale est extrêmement pauvre », soulignant la tendance actuelle à privilégier le savoir-faire aux connaissances. « Si l’on peut concevoir qu’à partir d’un certain âge, des filières préparent davantage à un métier et d’autres davantage à la poursuite d’études supérieures, toutes devraient pourtant également préparer le jeune à devenir citoyen. Le futur maçon et le futur assistant sanitaire n’ont pas moins besoin de comprendre les défis énergétiques et climatiques que le futur médecin ou le futur notaire. » L’association demande ainsi une révision des programmes et des socles de compétences.

La ministre de l’Education pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, Joëlle Milquet, a réagi mardi par voie de communiqué soulignant que dans le cadre de la rencontre entre les ministres de l’Education à l’occasion de la prochaine conférence sur le climat à Paris (COP21), elle présenterait deux propositions en ce sens: insérer de manière beaucoup plus nette l’approche du réchauffement climatique dans les cours de géographie et de FGS (formation géographique et sociale), et aborder les enjeux sociétaux et la dimension personnelle et collective que le réchauffement climatique induit dans le cours de citoyenneté.

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