Abeilles © Getty

L’Europe abandonne les abeilles à leur sort

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Même si le sort des 200 000 abeilles de Notre-Dame a fait l’objet de nombreuses réactions inquiètes (et de soulagement lorsqu’on a appris qu’elles avaient survécu à l’incendie), leur sort ne semble guère préoccuper l’Europe. Les états membres refusent en effet d’appliquer des règles strictes pour les pesticides.

La disparition des abeilles, indispensables à la production alimentaire et à la biodiversité, inquiète. Consciente que les pesticides sont en grande partie responsables de la mortalité élevée des abeilles, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a adopté une directive en 2013. Selon une information du quotidien De Standaard, celle-ci explique comment tester les pesticides sur leur nocivité pour les pollinisateurs. En fonction des résultats, on décide ou non de mettre un nouveau pesticide sur le marché.

En mai 2018, la directive a interdit trois néonicotinoïdes, des substances neurotoxiques qui s’attaquent au système nerveux des insectes, extrêmement nocifs. Cependant, la directive n’a toujours pas été approuvée par les états membres, parce qu’ils n’ont pas trouvé de majorité pour durcir les règles sur les pesticides.

Uniquement la toxicité aiguë

Face à ce désaccord, l’AESA propose une nouvelle version, nettement plus affaiblie, de sa directive. Les pesticides ne seront plus testés sur leur nocivité pour les larves d’abeilles et on testera uniquement leur toxicité aiguë et non chronique. On n’étudiera donc pas les effets à long terme sur les abeilles.

Interrogé par De Standaard, le toxicologue Jan Tytgat (KU Leuven) souligne l’importance de tester d’étudier les effets des pesticides sur une exposition prolongée. « On ne peut estimer toutes les conséquences en testant uniquement à court terme. Les scientifiques sont très préoccupés par le déclin des abeilles et des insectes, et si l’Europe instaure des règles, il faut qu’elles soient suffisamment strictes. »

Malgré une lettre d’une centaine de parlementaires européens à la Commission demandant d’approuver la directive initiale, la version affaiblie fera l’objet d’un vote les 20 et 21 mai prochains. Le député européen Bart Staes (Groen) craint qu’en cas d’approbation de la proposition, des pesticides plus nocifs encore que les néonicotinoïdes seront mis sur le marché.

Toujours selon De Standaard, le ministre de l’Agriculture Denis Ducarme (MR) se dit en faveur d’une réglementation plus stricte, mais annonce que la Belgique approuvera la version affaiblie, « car mieux vaut un plan peu ambitieux que l’impasse dans laquelle nous nous trouvons à présent. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire