Le Cervin est, avec une altitude de 4 478 mètres, le 12ᵉ sommet le plus élevé des Alpes. Il est situé sur la frontière italo-suisse. © getty

Les glaciers des Alpes pourraient fondre d’ici 2100

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

D’ici la fin du siècle, si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, la perte de volume de glace dans les Alpes pourrait aller jusqu’à 95 % en 2100 selon l’étude de scientifiques suisses publiée mardi.

A l’aide de nouveaux algorithmes informatiques couplant des modèles climatiques à des mesures des glaciers, des scientifiques suisses prédisent dans le magazine The Cryosphere que le volume des glaciers alpins diminuera de 50% d’ici 2050 par rapport au volume actuel. La mesure dans laquelle les émissions de gaz à effet de serre seront réduites au cours de la période à venir aura peu d’impact sur leur fonte.

Les scientifiques émettent plusieurs scénarios possibles concernant la fonte de ces quelque 4.000 glaciers alpins, véritables attraits touristiques menacés par les émissions liées à l’activité humaine. Si les émissions atteignent un plafond d’ici quelques années avant de rapidement diminuer jusqu’à 2100, seulement un tiers du volume de ces glaciers survivrait. Mais si les émissions continuent à leur rythme actuel, la prédiction est encore plus sombre. « Dans ce scénario pessimiste, les Alpes pourraient être quasiment privées de glace d’ici 2100, avec seulement quelques morceaux isolés en haute altitude, qui représenterait 50% ou moins du volume actuel« , explique Matthias Huss, chercheur à ETH Zurich et coauteur de l’étude en question.

Et quels que soient les efforts faits pour réduire les émissions, les Alpes perdront au moins la moitié de leurs glaciers, mettent en garde ces scientifiques, soulignant l’importance de ces géants de glace. Car les glaciers ont des fonctions importantes dans l’écosystème de la montagne, comme l’explique à l’AFP Harry Zekollari, de l’Université de technologie de Delft, aux Pays-Bas : « Un glacier est un réservoir. Un glacier en bonne santé fond en été et grossit en hiver. Cela veut dire qu’aux périodes où les gens ont le plus besoin d’eau, ils l’obtiennent du glacier. »

Leur disparition, et particulièrement dans certaines parties du monde, pourrait être problématique. « Si les glaciers disparaissent, vous perdez ces réservoirs. Dans les Alpes c’est peut-être supportable, mais dans les Andes ou l’Himalaya, des milliards de personnes ont vraiment besoin de cette eau« , poursuit le scientifique, notant également les risques d’inondations, de glissements de terrain et l’impact sur le tourisme.

400 millions de piscines olympiques

Les glaciers des Alpes contiennent environ 100 km3 de glace, soit l’équivalent de 400 millions de piscines olympiques. Mais ils ne sont pas les seuls à fondre. Une autre étude publiée lundi dans la revue Nature estime que la fonte des glaciers dans le monde s’est accélérée ces trois dernières décennies.

Les glaciers ont ainsi perdu 9.000 milliards de tonnes de glace entre 1991 et 2016, entraînant une élévation de 2,7 cm du niveau de la mer, selon l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) qui a participé à l’étude.

Les glaciers ayant le plus contribué à cette augmentation sont ceux de l’Alaska, puis ceux de Patagonie et des régions arctiques. Les glaciers des Alpes, plus petits, n’ont pour leur part joué qu’un rôle « mineur ». « Globalement, nous perdons chaque année environ trois fois le volume de glace stocké dans l’ensemble des Alpes européennes« , a commenté le glaciologue Emmanuel Thibert. Soit 335 milliards de tonnes par an, ce qui représente aujourd’hui 25 à 30% de l’augmentation du niveau de la mer à l’échelle mondiale, même si le potentiel des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique pour faire monter le niveau des Océans est bien plus important.

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