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Le plan climat flamand fustigé par l’opposition et les défenseurs de l’environnement

Le plan climat présenté lundi par le gouvernement flamand comporte beaucoup de mesures symboliques dans les domaines du transport et de la construction, qui n’engrangeront que de faibles résultats en matière de réduction de gaz à effet de serre, déplorent les associations luttant en faveur de l’environnement en Flandre (Bond Beter Leefmilieu, WWF, Greenpeace, Natuurpunt et 11.11.11). Les partis de l’opposition qui critiquent également sévèrement le plan.

Les mesures listées dans le plan entraîneront une réduction des émissions de CO2 de 30% d’ici 2030, selon les calculs de l’exécutif flamand. Ces pronostics sont « faiblement argumentés et peu réalistes », certainement pour ce qui concerne les émissions du trafic (poids lourd).

« L’objectif de rendre les bus de la société de transport public De Lijn plus propres est bon, mais pour le parc automobile, le niveau est trop bas », commente un porte-parole de Greenpeace. « Le moteur à carburant sur un véhicule neuf doit appartenir au passé en 2030 au plus tard. »

Les mesures en matière d’énergies renouvelables sont aussi jugées trop légères par l’ensemble des associations. Or, « il y a des opportunités dans la diminution des subsides et des avantages octroyés aux carburants fossiles », estime-t-on au WWF.

Les associations se réjouissent par contre que le gouvernement flamand reconnaisse l’importance de la nature dans la stratégie climatique. La note reconnaît qu’en investissant plus sérieusement dans nos vallées naturelles, dans la restauration des bois, des prairies et des tourbières, on contribue à réduire les gaz à effet de serre et on rend notre société et notre biodiversité plus résistantes aux inondations, expliquent-elles.

Malgré cela, avec un tel plan, la Flandre ne s’inscrit pas dans la lignée des pays qui ont compris que dès aujourd’hui la crise climatique frappe les nations plus faibles, estiment encore les organisations.

Un constat que rejoint Anuna De Wever, la jeune Flamande qui mène au nord du pays le mouvement scolaire en faveur du climat. « Ce plan n’est pas assez ambitieux », déplore-t-elle. « Résoudre le problème en achetant des droits d’émission, ce n’est vraiment pas acceptable. Cela signifie simplement que nous gaspillons de l’argent au lieu de l’investir dans la transition énergétique. »

Le sp.a et Groen, tous deux dans l’opposition en Flandre, ont fustigé lundi les manques du plan Energie-Climat dévoilé par le gouvernement flamand. « Il est navrant qu’ils aient dû passer tout le week-end à y réflechir », a commenté le député Bruno Tobback (sp.a). Dans un second temps, les deux autres partis d’opposition, le PTB (PVDA) et le Vlaams Belang, n’ont pas manqué d’exprimer à leur tour des critiques.

Initialement prévue vendredi, la présentation du plan avait été reportée à lundi, faute de consensus entre les partis sur les objectifs et le chiffrage de certaines mesures.

Malgré ce délai, la copie remise par l’exécutif de Jan Jambon (N-VA) déplaît fortement aux socialistes flamands. La revue à la baisse, prétendument temporaire, de l’objectif de réduction des émissions de CO2 à 32,6% à l’horizon 2030 est en ligne de mire. « Une réduction temporaire d’un objectif, ça n’existe pas. Les coûts seront tout simplement répercutés », estime M. Tobback.

Selon lui, même revue à la baisse, l’ambition flamande ne peut pas être atteinte grâce aux mesures annoncées ce lundi. « La limitation de la vitesse à 100 km/heure sur le ring de Bruxelles est absurde. Je pense qu’on peut uniquement rouler à cette allure un maximum de deux heures par jour », ironise-t-il.

Le socialiste ne croit pas beaucoup plus dans les prêts à taux 0 proposés pour les nouveaux propriétaires qui rénoveraient leur bien.

« Insuffisant »

Du côté de Groen, l’enthousiasme n’est pas non plus de mise. « Une ambition insoutenablement basse », dénonce la présidente des Verts, Meyrem Almaci. Le chef de groupe écologiste au parlement flamand, Björn Rzoska, parle lui d’un plan « entièrement insuffisant », rappelant au passage les objectifs plus ambitieux décidés par les régions bruxelloise et wallonne. A ses yeux, le gouvernement flamand ne prend tout simplement pas ses responsabilités.

Selon le PTB, le plan présenté lundi est tout simplement « mauvais pour la planète et pour le porte-monnaie », selon les mots de Jos D’Haese, le chef de groupe au parlement régional. La barre est placée bien trop bas, et les failles d’un plan si peu ambitieux vont peser sur les finances, estime en substance le parti de gauche, qui affirme que le gouvernement devra dépenser « 93 millions en droits d’émission » de gaz à effet de serre pour en compenser les manques, selon ses calculs. Dans un communiqué sévère, le parti fustige le manque d’avancées dans les transports en commun ou dans l’élargissement des zones boisées (« une promesse qui date de 1997 » et pour laquelle il n’y a « toujours pas de mesure concrète »), le manque d’ambition et de vision globale, et le fait que le gouvernement ne semble pas vouloir réellement cibler les plus gros pollueurs, selon Jos D’Haese.

Du « show »

Quant au Vlaams Belang, il estime que le gouvernement a bricolé à la hâte un plan climat pour permettre à sa ministre compétente de s’envoler vers la COP25 à Madrid sans avoir les mains vides. Quant à la mesure de limiter à 100km/h la vitesse maximale sur le ring de Bruxelles, il s’agit de « show », estime l’extrême droite, qui note que « la vitesse moyenne en heure de pointe y est en-dessous des 60km/h, la mesure n’y aura donc aucun effet ». Par ailleurs, les émissions nocives sont surtout maximales en cas d’embouteillages, et cela ne va pas changer, affirme le VB, qui plaide pour un élargissement du ring et l’installation de panneaux intelligents limitant la vitesse en fonction des circonstances.

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