Le potager sur le toit de la KBR, une initiative de l'ASBL Le début des haricots. © Potage-toit

L’agriculture urbaine : bénéfique pour l’environnement, l’économie et… le moral

Stagiaire Le Vif

Agriculture verticale, jardins communautaires, fermes urbaines, potagers sur les toits,… L’agriculture urbaine existe sous de nombreuses formes et réinvente un espace en apparence saturé. Ces alternatives vertes séduisent de plus en plus et pour la bonne cause : elles seraient un facteur de bien-être.

Présente partout dans le monde, l’agriculture urbaine est d’abord une manière de répondre à la crise économique et environnementale, mais aussi de retrouver le contrôle sur une production après les récents scandales alimentaires. Outre ses nombreux avantages économiques et écologiques, l’agriculture urbaine joue également un rôle social important, favorisant le partage et les rencontres. Un phénomène en plein essor.

L'agriculture urbaine : bénéfique pour l'environnement, l'économie et... le moral
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Dans nos racines

Il est tentant de croire que l’agriculture urbaine est une invention du 21ème siècle. Pourtant les parcelles agricoles en ville n’ont rien d’innovant. Elles existent depuis l’Antiquité sous diverses formes. Lors de la Seconde Guerre mondiale par exemple, tandis que les hommes se battaient sur le front, les « jardins de la victoire » ( »Victory gardens ») voyaient le jour partout en Europe et aux États-Unis, dans les parcs publics, les terrains vagues, les arrière-cours et sur les toits d’immeubles. Une aide indirecte à l’effort de guerre avec un impact important sur le moral : s’investir et être récompensé par les produits récoltés est stimulant.

L'agriculture urbaine : bénéfique pour l'environnement, l'économie et... le moral
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En 1945, ces jardins de guerre produisaient 40% des productions végétales du pays. Eleanor Roosevelt, première dame des États-Unis, voulant encourager ses citoyens, créa même un jardin dans le domaine de la Maison Blanche. Une soixantaine d’années plus tard, Michelle Obama inaugure le premier jardin potager de la Maison Blanche depuis le jardin de guerre d’Eleanor Roosevelt.

Différentes alternatives aux supermarchés

Depuis des décennies, habitation, industrie et agriculture ont cohabité. Dans les villes d’aujourd’hui, de plus en plus d’alternatives aux supermarchés existent. Une option à prendre en compte, quand on sait qu’une superficie d’un mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture par an.

Jardiner dans son quartier : Plutôt que d’acheter des légumes importés, et si on allait faire un tour dans les potagers ? Bruxelles compte plus de 60 jardins collectifs et participatifs que vous pouvez retrouver ici. Des initiatives semblables existent dans tout le pays. À Gand, le restaurant Le Petit Botanique cultive ses produits. À l’instar du restaurant Vermeer aux Pays-Bas, où le chef Christopher Naylor possède un jardin sur le toit. Les restaurants agricoles urbains ont la cote. Dans la région liégeoise, des parcelles cultivées, des bacs sans propriétaires et à disposition de tous ont été mis en place par le réseau des « Incroyables comestibles ». Ou encore, des potagers collectifs aux objectifs variés se développent.

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Des projets qui prennent en compte de plus en plus les enfants, dans un souci pédagogique. L’ASBL Le début des haricots par exemple propose des activités pédagogiques dans les écoles avec un cycle d’animation le « Jardin des Couleurs ».

Partager son jardin :Pretersonjardin.be est une nouvelle option à l’agriculture urbaine. Le principe ? Partager son jardin avec une personne qui a la main verte et en partager les bénéfices, mais pas seulement puisque le site propose aux utilisateurs de partager des outils, des services et des valeurs. L’agriculture urbaine a une démarche fondamentale, celle d’éduquer les nouvelles générations, de remettre la nature au centre, de réapprendre le rapport au vivant et au temps.  »Apprenez-moi à faire mon compost et je vous apprendrai à réaliser des boutures » peut-on lire sur le site.

Fermes urbaines : Plusieurs fermes urbaines, en périphérie bruxelloise, proposent des formations en agriculture, des ateliers culinaires et des stages d’été pour les enfants. La ferme Nos Pilifs, située à Neder-Over-Hembeek, travaille sans pesticide et sans déchets.

Très bientôt, c’est la toiture des abattoirs d’Anderlecht qui accueillera une des plus grandes fermes citadines du monde. Plus de 4000 m2 de jardins extérieures et de serres, un projet alliant high-tech – énergies solaires, récupération de la chaleur perdue des bâtiments et des eaux de pluie – et nature. « Il faut que les gens, même en ville, puissent revenir au contact avec l’agriculture », explique Mathieu Bonin, un des fondateurs du projet. Le Foodmet propose ici un projet novateur, avec notamment l’utilisation de l’aquaponie, qui peut être considéré comme une nouvelle branche de l’agriculture urbaine. Le principe d’aquaponie lie la culture de végétaux à l’élevage des poissons. Placés au-dessus des bassins, les légumes, fruits et plantes aromatiques se nourrissent des déjections animales.

Le Foodmet accueillera bientôt une ferme urbaine sur le toit des abattoirs d'Anderlecht.
Le Foodmet accueillera bientôt une ferme urbaine sur le toit des abattoirs d’Anderlecht.© Foodmet

Potager sur le toit :Potage-toit est un projet en région bruxelloise qui cherche à rentabiliser les espaces inutilisés par la création de potagers à usage collectif ou individuel. Filippo et son équipe ont investi le toit de la Bibliothèque Royale de Belgique. Une partie des récoltes est d’ailleurs servie dans la cafétéria de la bibliothèque. Une idée qui n’est pas nouvelle, mais qui fait son chemin.

Le potager sur le toit de la KBR.
Le potager sur le toit de la KBR.© Potage-toit

Selon une étude réalisée par les Facultés de Saint-Louis et le bureau d’études Greenloop, plus de 394 hectares de toitures seraient disponibles à Bruxelles. Une alternative qui n’est pas réservée au projet de grande échelle puisque Potage-toit invite les Bruxellois à investir dans quelques pots à mettre sur le balcon. Le « window farming » est tendance à condition de bien choisir les produits que l’on veut faire pousser… Comprenons-nous, les kiwis et les ananas ne sont pas adaptés à nos averses nationales.

Le jardin vertical
Le jardin vertical © iStock

L’agriculture urbaine peut-elle répondre à tous nos besoins ?

L’autosuffisance alimentaire est un sujet très complexe. L’agriculture urbaine à grande échelle permettrait de nourrir une partie de la ville en fruits et légumes, mais pas la totalité. D’une part, on ne peut en effet pas s’alimenter seulement de fruits et des légumes de saison, et d’autre part, les habitudes alimentaires ne sont pas les mêmes. Pour certains, la prise de conscience de se nourrir avec des aliments locaux et de saisons est encore faible. L’autonomie n’est pas évidente et presque impossible à atteindre, mais il ne faut pas pour autant abandonner l’idée de faire de l’agriculture en ville.

L’agriculture urbaine sert donc plutôt à compléter l’alimentation, mais qu’importe puisque d’après une étude de l’Université de John Hopkins, l’agriculture urbaine créerait quelque chose de plus important encore que la nourriture : un capital social enrichi. L’agriculture urbaine renforcerait le sentiment d’appartenance à une communauté. Elle serait également créatrice d’emploi. Toujours selon l’étude des Facultés Saint Louis et du bureau d’études Greenloop, 7755 emplois verts pourraient être créés.

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