
Fortes chaleurs durant les nuits : voici les impacts sur votre santé et votre sommeil
Les nuits sont chaudes, ces derniers temps en Belgique. Or les fortes chaleurs durant les nuits ne sont pas sans impact sur la santé. Explications
Il a fait chaud, ce dimanche. 8,6 degrés de plus que la moyenne (voir l’infographie ci-dessous). Il a fait aussi très chaud… durant la nuit. Le Belges, depuis le début de l’année 2023, ont déjà passé 25 nuits par plus de 15 degrés, soit déjà davantage qu’en 2022, comme l’indique le graphique ci-dessous.
Le nombre de jours par an avec une température nocturne supérieure ou égale à 15°C
Or dormir par des nuits de plus en plaud chaudes n’est pas anodin pour la santé. Car à quel moment s’endort-on? Obligatoirement quand le corps s’est refroidi de 1 °C à 1,5 °C, un processus qui s’enclenche environ deux heures avant de gagner le lit. La température corporelle diminue lentement et atteint son minima entre 3 heures et 4 heures du matin. Les scientifiques ignorent pourquoi la température du corps humain baisse durant la nuit mais ils savent, en revanche, que ce processus refroidit l’organisme et le cerveau, ce qui entraîne un ralentissement du métabolisme et permet au corps de récupérer. Cet abaissement de la température est orchestrée par l’hypothalamus, siège de l’horloge circadienne centrale, sous l’influence de la luminosité et de l’activité physique.
Voilà pour la mécanique interne. Quant à la durée moyenne des nuits, elle s’est raccourcie, ces dernières décennies, d’une heure à une heure et demie, passant en dessous des sept heures. Le résultat de l’évolution de nos modes de vie.
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L’élévation des températures pourrait accentuer la tendance, amplifiant le risque d’une dette de sommeil globale, partout sur la planète. Ainsi, le nombre annuel de jours de températures nocturnes supérieures ou égales à 15 °C, mesuré en Belgique par l’Institut royal météorologique (IRM), montre qu’il croît de manière significative: + 3,9 jours par décennie depuis 1981, avec des conséquences néfastes sur le sommeil.
Des recherches ont déjà mis en évidence l’incidence de la chaleur extérieure sur la qualité du sommeil. Mais en août 2022, la vaste étude européenne «Rising temperatures erode human sleep globally» a pour la première fois quantifié le phénomène. Les chercheurs ont eu accès à une énorme base de données de plus de sept millions d’enregistrements de nuits, obtenus grâce à des bracelets connectés, chez 47 628 personnes dans 68 pays, corrélés aux données météo locales. Des effets «clairs» sur le sommeil ont été observés dans tous les pays dès que la température nocturne était supérieure à 10 °C.
Réchauffement climatique = moins d’heures de sommeil
Quand les températures restent élevées la nuit, influençant directement la température de la chambre, on s’endort plus tard, se lève plus tôt et dort donc moins longtemps. Les perturbations se traduisent également par une augmentation des microréveils et une fragmentation du sommeil paradoxal, lieu des rêves. Au-delà de 25 °C, la probabilité de dormir moins de sept heures augmente de 3,5% par rapport à une nuit où le thermomètre se situe entre 5 °C et 10 °C.
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Selon ces observations, le réchauffement climatique planétaire fait déjà perdre, en moyenne, 44 heures de sommeil par individu et par an. Soit l’équivalent de onze nuits avec moins de sept heures de sommeil. En restant sur la courbe actuelle d’évolution du climat, l’humain pourrait perdre jusqu’à 50 à 58 heures de sommeil à l’horizon 2099. Une projection d’autant plus préoccupante qu’un sommeil perturbé est un facteur de risque bien connu de certaines pathologies, au premier rang desquelles les maladies cardiovasculaires.
Enfin, l’étude montre que les habitants des régions les plus chaudes rapportent davantage de troubles du sommeil, suggérant, passé un certain seuil, des limites aux capacités d’adaptation du corps humain. «On ne peut pas faire le pari que la simple adaptation physiologique à ces hausses de température réglera le problème», conclut sans détour le responsable de l’étude, Kelton Minor, chercheur à l’université de Copenhague.
Evolution des écarts par rapport à la température moyenne
La période de référence 1991-2020 a été choisie pour cette comparaison car c’est celle qui est recommandée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Lorsqu’il s’agit de comparer des réalités météorologiques, les spécialistes se basent en effet sur une période de trente ans, représentant les normales saisonnières.
Et chez vous, fait-il plus chaud ou plus froid pour la saison que dans le reste de la Belgique ?
Evolution de la température moyenne annuelle
Le nombre de jours par an avec une température maximale supérieure ou égale à 25°C
Le nombre de jours par an avec une température minimale inférieure à 0°C
La température la plus basse de l’année
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