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Et si… on passait tous au chargeur universel?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Des câbles emmêlés en noeuds tenaces, prenant la poussière dans les tiroirs au côté de gsm dépassés ou hors d’usage : une retraite morose pour ces chargeurs qui nous ont pourtant bien rendu service. Et si, pour éviter cette démultiplication à la fois encombrante et néfaste pour la planète – leur fabrication mobilise en effet pas mal de ressources et d’énergie – la solution venait du chargeur universel, tant attendu par les utilisateurs ?

A lui seul, il est capable de regonfler n’importe quelle batterie. Mais ce qui semble au premier abord tenir du miracle technologique ne serait finalement pas si compliqué que ça à mettre en place. Du moins d’un point de vue technique. C’est sur le plan commercial que les choses se corsent. Apple, entreprise à l’appétit financier gargantuesque, s’est toujours farouchement opposée à la volonté de l’Europe d’instaurer un chargeur unique pour téléphones portables. Pour plaider en faveur d’une telle mesure, la Commission européenne avance pourtant, depuis 2009 déjà, des arguments solides, alimentés tant par les droits du consommateur que par la protection de l’environnement.

Si la guerre est loin d’être gagnée, quelques batailles ont néanmoins été remportées. Alors qu’on recensait trente modèles différents en 2009, les chargeurs ne sont désormais plus que de trois types : le Micro USB (bientôt obsolète) et l’USB-C, destiné aux appareils Android, ainsi que le Lightning, uniquement compatible avec les produits Apple. Pour sa défense, la marque à la pomme affirme qu’une connectique standardisée  » aurait un impact négatif direct en perturbant les centaines de millions d’appareils et d’accessoires actifs utilisés par (ses) clients « . Derrière ce prétexte, elle tente de dissimuler son objectif réel : enfermer ses utilisateurs dans un écosystème exclusif.

Imaginons malgré tout qu’Apple craque, que l’Union européenne fasse plier le géant de la Silicon Valley. Fini la recherche, parfois vaine, d’un chargeur compatible avec la marque de son téléphone puisque chacun utiliserait le même. Et puis,  » on pourrait imaginer avoir des stations de recharge universelles absolument partout « , s’enthousiasme Nicolas Van Zeebroeck, professeur d’économie et de stratégie numérique à la Solvay Business School (ULB). Une mesure qui simplifierait le quotidien de tous et soulagerait la planète. Selon les estimations européennes, la production totale de déchets électroniques sur le Vieux Continent s’élevait à 12,3 millions de tonnes en 2016, soit une moyenne de 16,6 kg par habitant.

Néanmoins, espérer atteindre l’objectif du chargeur universel uniquement en convainquant Apple d’abandonner le Lightning serait non seulement utopique mais aussi contreproductif, relève Nicolas Van Zeebroeck.  » Le temps que cette régulation soit effective, on sera tous passé au chargeur sans fil et la question sera devenue désuète « , estime l’expert. Et si le chargeur universel du futur était débarrassé de tous ses câbles ? Peut-être l’Europe devrait-elle changer son fusil d’épaule et s’attaquer d’emblée à cette technologie en voie de démocratisation.

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