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Et si… le trafic d’animaux sauvages prenait fin?

Loïs Denis
Loïs Denis Journaliste

Avec des  » si « , on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Eléphants mutilés, rhinocéros décapités, chasseurs posant à côté de leur  » trophée  » : des images qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Car le braconnage ne faiblit pas. Que ce soit pour leurs écailles, leur ivoire, leur corne, leur fourrure ou leurs ailerons, quelque 100 000 pangolins, 30 000 éléphants, 1 000 rhinocéros, 100 tigres et des millions de requins sont tués chaque année, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). A tel point que si la pratique n’est pas abolie,  » de nombreuses espèces pourraient disparaître en quelques années à peine, met en garde Jessica Nibelle, porte- parole de WWF Belgique. C’est le cas de l’éléphant d’Afrique, des rhinocéros, des girafes mais aussi de nombreuses autres espèces moins connues comme le concombre de mer ou le pangolin.  »

Pour autant, tout espoir n’est pas perdu, selon elle :  » L’extinction d’une espèce n’est pas une fatalité. Une population peut être reconstituée avec très peu d’individus. En Afrique du Sud, on comptait moins de cinquante rhinocéros blancs au début du xxe siècle. Grâce à la création d’aires protégées, ils sont aujourd’hui 20 000.  » Autre exemple encourageant en Argentine où, il y a cinquante ans, on ne recensait plus que quelques milliers de vigognes, ces mammifères de la famille des camélidés. Une réglementation et une protection de l’espèce ont permis d’aboutir aujourd’hui à une population de plus d’un demi-million d’individus.

Si le braconnage est la deuxième cause du déclin des espèces sauvages dans le monde, après la disparition de leur habitat à la suite de la déforestation, des vies humaines seraient également épargnées si on mettait fin à cette pratique. Chaque année, une centaine de rangers meurent dans l’exercice de leurs fonctions, sous les balles des trafiquants.

Reste que le commerce des espèces sauvages est extrêmement lucratif. L’ONU l’estime à 23 milliards de dollars par an, ce qui en fait le quatrième trafic illégal à l’échelle mondiale, après la drogue, la traite des êtres humains et la contrefaçon. Malheureusement, la Belgique en est une plaque tournante. Depuis début 2019, 1 200 kilos d’ailerons de requins et 20 kilos d’écailles de pangolin ont été saisis chez nous. Cependant, un nouveau projet mené conjointement par l’Union Européenne, le WWF, le Fonds international pour la protection des animaux, Interpol et la douane belge lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages dans ou via l’Union européenne.  » Nous travaillons en étroite collaboration avec des organisations de conservation de la nature et des autorités gouvernementales pour renforcer les législations et sensibiliser les populations locales, précise encore Jessica Nibelle. Pour mettre fin au trafic illégal des espèces sauvages, il faut un changement radical de comportement des consommateurs, surtout en Asie, afin de stopper la demande.  » Pendant que certains pays militarisent la lutte, d’autres durcissent leurs sanctions. Et en mars dernier, la Chine, première destination du trafic d’espèces sauvages, a annoncé la fermeture progressive de son marché domestique de l’ivoire. Une mesure qui devrait être effective à la fin de l’année. Lentement mais sûrement, les lignes bougent.

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