Christophe Leroy

« En mai, tonte à l’arrêt », carnet de campagne : pourquoi la reconquête des fleurs prend du temps

Christophe Leroy Journaliste au Vif

Depuis le 1er mai, les participants d’«En mai, tonte à l’arrêt» peuvent encoder les espèces florales observées dans leur zone de non-tonte sur leur profil Bioplanner. Certains seront peut-être déçus du résultat, mais la patience est de mise.

Le bilan floral des jardins inscrits à « En mai, tonte à l’arrêt  » peut dépendre de la météo, mais, surtout, de l’histoire du sol et du mode de gestion habituel du gazon. Vous passiez régulièrement la tondeuse ou dispersiez de l’engrais? Il faudra sans doute attendre plus longtemps que dans d’autres jardins avant que la flore de base fasse son retour. Idem si votre pelouse recouvre des remblais de construction comportant peu de graines.

Chez moi, par exemple, où la zone de non-tonte est en place depuis le 8 avril, la pluie de ces dernières semaines a contribué à créer une belle hauteur d’herbe (dix centimètres environ). On y observe déjà bien plus de pissenlits, et dans une moindre mesure de pâquerettes, que dans le reste du jardin. Mais en matière de variété d’espèces, c’est tout. Pas de bouton d’or (dans le Top 3 des espèces comptabilisées l’année dernière), ni de trèfle ni de touche bleutée, comme le myosotis. Ma zone de non-tonte borde pourtant, sans le moindre obstacle si ce n’est une bande de gazon tondu, une petite prairie hirsute.

Patience, donc. Les graines déjà présentes dans le sol s’exprimeront davantage dans une surface non tondue. D’autres fleurs peuvent revenir par dispersion spatiale, avec le vent – l’anémochorie, mot savant qui impressionnera les convives d’un repas printanier – ou même les animaux. Mais si le sol est trop riche en azote, phosphore ou potassium, le retour d’une biodiversité plus abondante prendra inévitablement davantage de temps. Il existe certes des techniques pour accélérer la reconquête, notamment en décapant la couche superficielle du sol afin de mettre à jour des graines enfouies trop profondément. Toutefois, l’opération En mai, tonte à l’arrêt n’est pas une histoire d’interventionnisme. Laisser faire la nature, lâcher prise, c’est aussi savoir attendre. Et réapprendre à ralentir.

Il est encore possible d’inscrire son jardin pendant tout le mois de mai ici.

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