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« D’ici 2070, la chaleur rendra les États du Golfe invivables »

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

À en croire une étude de l’Université Loyola Marymount à Los Angeles et de l’Institut de technologie du Massachusetts à Boston publiée dans le magazine Nature Climate Change, en cas de politique inchangée, d’ici 2070 les États du Golfe seront invivables pour les personnes qui ne disposent pas de climatisation.

Jusqu’à présent, on croyait qu’on avait encore 200 ans avant que les températures dans les zones les plus chaudes de la terre deviennent trop élevées. Cependant, les scientifiques estiment que l’association de la chaleur et de l’humidité donnera une météo extrêmement inconfortable dans les pays du Golfe, au point que l’humain ne pourra pas s’y adapter.

Les deux scientifiques ne se basent plus sur la température mesurée à l’aide d’un thermomètre, mais utilisent la température du thermomètre mouillé, un système de mesure qui calcule autant la chaleur que l’humidité. Quand on emploie la température du thermomètre mouillé, on atteint un point de rupture de 35 degrés (converti à une température normale, c’est un peu plus de 70 degrés Celsius). À partir de 35 degrés de température humide, le corps ne peut plus se refroidir en transpirant. On a beau suer à grosses gouttes, la température du corps ne baisse plus.

L’été passé, lors d’une canicule en juillet, cette température a été pratiquement atteinte. Mais à partir de 2070, et la situation ira en empirant, cette température deviendrait la norme, et ce pendant environ 6 heures par jour.

Les auteurs de l’étude estiment que d’ici un siècle le golfe Persique sera touché de périodes de chaleur et d’humidité telles que les gens risqueront leur vie simplement en étant dehors.

Une vague de chaleur par-dessus la vague de chaleur

Et si ces températures humides de 35 degrés deviennent la norme, les vagues de chaleur qui surviennent tous les 10 à 20 ans par-dessus les températures déjà très chaudes seront encore plus catastrophiques. Là, les températures seront tout à fait mortelles.

Les États du Golfe, et particulièrement l’Arabie saoudite, mettent des bâtons dans les roues dans les discussions sur le climat : « On espère qu’une information comme celle-ci aidera à convaincre les pays de la région qu’il est de leur intérêt de prendre des mesures pour réduire les émissions de CO2 ».

Le lien entre les températures élevées et la mortalité a été mesuré lors des canicules récentes. La vague de chaleur de 2003 a fait 30 000 morts en Europe (d’après les chiffres publiés par the Guardian) et selon le même journal, une canicule en Russie en 2010 a tué 50 000 personnes.

Si l’étude actuelle est exacte, il y aurait encore beaucoup plus de morts dans les États du Golfe. En outre, la population croît rapidement dans cette région, et dans certains pays, au Yémen par exemple, il y a encore très peu de gens qui possèdent l’air conditionné.

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