Carte blanche

Cette banquise Arctique qui n’en finit pas de fondre

L’Arctique est pour les climatologues alarmistes le canari dans la mine, le signal d’alarme indiquant que le réchauffement climatique, bien entendu d’origine humaine, est en route.

Depuis des années, ils guettent, telle une nuée de médecins de Molière au chevet d’un agonisant, les moindres déviations de la quantité de glace en Arctique, son épaisseur et son âge. Nombreux sont ceux qui ont prétendu qu’elle allait disparaître en 2008, 2012, 2013, 2015 et même 2016. Hélas pour eux, la glace est toujours là et bien là. Damien Ernst a parlé de « tipping point », un point de basculement, au-delà duquel les choses se dégraderaient inéluctablement. Et d’ajouter que l’on entre dans un domaine inconnu où tout – surtout le pire, évidemment – peut arriver. Alarmisme, quand tu nous tiens !

Mais qu’en est-il vraiment du triste sort de la banquise arctique ? Fond-elle de manière anormale ? Va-t-elle disparaître dans un proche avenir ? Et qu’adviendra-t-il des ours polaires ?

Signalons d’emblée que les mesures effectuées au cours de l’année 2016 montrent effectivement que, depuis la mi-octobre, l’étendue de la banquise arctique est inférieure à celle observée les années précédentes. Il semblerait donc que la glace se reconstitue moins vite. Cependant, si l’on examine attentivement les données, on observe que le regel, lent en octobre, s’accélère et que la quantité de glace devrait revenir à la normale avant la fin de l’hiver.

Pourquoi cet intérêt soudain pour la reprise des glaces en hiver alors que les climatologues préféraient les années précédentes insister sur la perte, beaucoup plus spectaculaire, de la banquise à la fin de l’été ? Parce qu’au contraire des prévisions catastrophistes des climatologues alarmistes, la fonte de la banquise s’est arrêtée cette année environ 15 jours plus tôt que prévu et le regel a débuté immédiatement. Ce ne sera donc pas en 2016 que le Pôle Nord sera vierge de glace. Ajoutons à cela que depuis une décennie, le niveau de fonte en été montre une tendance linéaire nulle. En d’autres mots, l’Arctique ne fond plus depuis 2005-2006 !

Bizarrement, les données relatives aux fluctuations de la surface des glaces arctiques débutent toujours en 1979, comme si aucune mesure antérieure n’existait. Cependant, des satellites enregistraient déjà ces variations depuis 1970, leurs observations montrent qu’en 1974-1975, il y avait bien moins de glace en Arctique qu’aujourd’hui, ce que confirme le GIEC, le groupe intergouvernemental sur le climat. Ces résultats sont rarement présentés au grand public qui est ainsi maintenu dans l’ignorance et continue de craindre une disparition imminente de la banquise polaire.

Au contraire des discours alarmistes nous annonçant sa fonte accélérée, la couverture glaciaire du Groenland n’a cessé d’augmenter, dépassant de loin la moyenne des années précédentes et gagnant en 2016 plus de 225 gigatonnes de glace de plus qu’en 2012 ! Quant à la température du Groenland, elle est plus froide aujourd’hui qu’elle ne l’a été durant plus de 90% des derniers 7500 ans. A cela s’ajoute l’augmentation constante, depuis plus de 30 ans, des glaces en Antarctique. In fine, la couverture glaciaire mondiale est donc d’une remarquable stabilité.

Alors, la banquise arctique fond-elle vraiment ?

Oui.

Les travaux du climatologue Vinje le démontrent sans ambiguïté : l’Arctique fond … depuis 1860, à une vitesse quasi constante, voire un peu plus lentement durant ces dernières décennies. (Pourquoi a-t-elle commencé sa fonte à cette période ? La réponse est la sortie du Petit Âge glaciaire, cette période terrible qui a succédé à l’Optimum médiéval et au cours de laquelle le froid, les maladies, les pluies et les sécheresses ont coûté la vie à des millions de personnes. L’hémisphère nord se réchauffant depuis, il est naturel d’observer une diminution de la banquise arctique.

Au cours des âges géologiques, il y a eu plusieurs périodes durant lesquelles le Pôle Nord était exempt de glace, notamment au début de l’Holocène. Il y 10.000 à 8.500 ans, en l’absence de tout gaz à effet de serre dû à l’utilisation des énergies fossiles, la banquise arctique a complètement disparu à de multiples reprises.

Quant aux ours polaires, ils ont survécu sans aucune difficulté durant ces siècles sans banquise arctique et leur population a plus que quintuplé depuis 1970.

Par István E. Markó *

Professeur à l’Université catholique de Louvain

* L’auteur s’exprime à titre personnel

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