Greta Thunberg, une Suédoise de 16 ans lancée dans une croisade très médiatique, se charge aussi de bousculer tout ce petit monde réuni à Davos. © ISOPIX

A Davos, des mises en garde en cascade sur le climat

Le Vif

L’emballement du changement climatique s’est retrouvé au centre de l’attention jeudi à Davos, entre avertissements du secrétaire général de l’ONU et stratégies d’entreprises pour s’y adapter.

« Nous sommes en train de perdre la course » faute de « volonté politique » et « ce pourrait être une tragédie pour la planète », a mis en garde Antonio Guterres, dans une interview diffusée par Facebook en marge du Forum économique mondial. Espérant certainement toucher une corde sensible chez les quelque 3.000 personnalités réunies dans les Alpes suisses, dont nombre de PDG de premier rang, il a ensuite dit dans un discours : « C’est le risque systémique le plus important aujourd’hui pour l’économie mondiale. »

En l’absence de têtes d’affiche – Donald Trump et Emmanuel Macron, vedettes d’une édition 2018 effervescente, ont décliné l’invitation cette année -, ce sont par exemple la primatologue Jane Goodall, l’ex-vice président américain Al Gore ou le naturaliste David Attenborough qui ont occupé la scène.

« Nous nous dirigeons vers un réchauffement des températures de 4 degrés celsius pendant ce siècle, et l’indifférence passive avec laquelle la plupart des pays l’acceptent prend des airs de pacte suicidaire », a asséné l’ancien secrétaire d’Etat américain John Kerry dans une interview à CNBC.

Fragilisé par le retrait des Etats-Unis, et la perspective de voir le Brésil prendre le même chemin, l’accord de Paris de 2015, qui se fixait l’objectif de limiter à 2 degrés la hausse des températures par rapport aux niveaux pré-industriels, est de tout façon « insuffisant », selon M. Guterres. « Il faut que les pays prennent des engagements plus ambitieux », a estimé jeudi le responsable onusien, jugeant que « la volonté politique est absente ».

La directrice exécutive de Greenpeace, Jennifer Morgan a partagé cet avis: « Nous perdons la course contre le changement climatique parce que la volonté politique ralentit », a-t-elle déclaré à l’AFP.

L’impact du changement climatique sur la croissance économique a été placé en tête des préoccupations par les participants au Forum, selon une étude publiée par les organisateurs la semaine dernière. Transition énergétique, déforestation, préservation des océans ont figuré en bonne place des discussions.

– « Pas pour être écolo » –

Dans les couloirs et les conférences, plusieurs chefs d’entreprise se disent conscients de l’urgence et disposés à évoluer, en gardant en tête leurs intérêts économiques.

« Nous ne nous intéressons pas aux énergies renouvelables pour être écolo. Nous nous y intéressons parce que c’est le meilleur moyen de rentrer sur le marché de l’électricité », un marché d’avenir pour Total, a expliqué son PDG Patrick Pouyanné, dans une interview à CNBC.

Le géant pétrolier fait partie des entreprises soutenant un « think tank » américain, le Climate Leadership Council, qui promeut à Davos la mise en place par les pays d’une taxe carbone efficace, dont le produit serait reversé directement aux ménages.

Cette idée a obtenu le soutien de 27 Prix Nobel d’Economie et de quatre anciens responsables de la Fed, la puissante banque centrale américaine.

Sur un autre sujet qui a beaucoup occupé les participants à la grand-messe annuelle des milieux d’affaires, les déchets plastiques, le patron de Coca-Cola a lui évoqué les attentes des consommateurs pour justifier les changements de stratégie.

« Quand vous êtes une entreprise, le seul moyen d’avoir 100 ans de croissance c’est de faire attention à ce que les consommateurs veulent ou si vous les devancez », a dit James Quincey, alors que la multiplication d’images des océans étouffant sous le plastique suscitent toujours plus d’indignation.

« Nous avons travaillé pour des structures de recyclage et de collecte autour du monde, ce qui coûte cher. Mais au final si vous pensez que c’est juste et nécessaire, autant monter dans le train que de se faire écraser », a-t-il dit.

Greta Thunberg, une Suédoise de 16 ans lancée dans une croisade très médiatique, se charge aussi de bousculer tout ce petit monde réuni jusqu’à vendredi dans les Alpes enneigées.

A Davos, elle devait rencontrer à la mi-journée des enfants à peine plus jeunes qu’elle pour les appeler à rejoindre sa croisade, avant de participer jeudi à plusieurs rencontres en marge du programme officiel du Forum.

Il faut « se mettre en colère », a-t-elle dit mercredi.

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