Etienne Dujardin

Nucléaire et énergie :  21 députés verts sur 150 nous mènent dans le mur, ce n’est plus possible (carte blanche)   

Etienne Dujardin Juriste et élu conseiller communal MR à Woluwe-Saint-Pierre

Pour Etienne Dujardin, juriste et conseiller communal MR, la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen) commet une triple erreur: climatique, économique et politique.

Depuis deux ans, la ministre verte Tinne Van de Straeten est en charge du dossier de l’énergie en Belgique. Alors que de nombreux experts énergétiques, comme Damien Ernst, signalent depuis des mois qu’il est urgent de prolonger le nucléaire, la ministre et tout le groupe vert sont restés dans un dogmatisme assez ahurissant, refusant toute prolongation du nucléaire jusqu’à la dernière minute.

Depuis deux ans, la ministre nous signale que tout va bien se passer, elle se disait « sereine » pour la sortie du nucléaire, elle disait que le pays était peu dépendante du gaz russe et que « La Belgique est préparée ».  La ministre s’est trompée sur tout, nous sommes aujourd’hui dans une crise majeure de l’énergie. Résultat : la prolongation du nucléaire est nécessaire, la Belgique subit des prix jamais vus, des entreprises ferment faute de prix raisonnables et des citoyens vont peut-être devoir payer jusqu’à 10.000 euros par an simplement pour se chauffer et payer leurs factures d’électricité.

Bref, strictement rien n’a été anticipé. Mercredi soir encore, le Codeco a été décevant. La ministre en charge du dossier, Tinne Van der Straeten, n’était même pas présente à la conférence de presse, de peur sans doute d’assumer le fiasco total de sa politique. Une séquence déchaîne aussi les réseaux sociaux. Celle du Vice-Premier Ministre Ecolo qui arrive et ne trouve rien de mieux à dire que le nucléaire est une « chimère du passé » et, interrogé sur ses solutions face à des belges qui souffrent, il répond : « Prendre le train ». Le belge appréciera le niveau de préparation des solutions proposées…C’est juste ahurissant de telles déclarations.

La ministre a commis une triple erreur. D’abord, une faute climatique liée à un dogmatisme anti-nucléaire primaire. L’actuelle ministre de l’Energie préférait même sortir du nucléaire pour des centrales au gaz, alors que cela rejette au moins 40 millions de tonnes de C02 sur 10 ans selon une étude du Bureau du Plan. Pour un parti censé se préoccuper du climat, c’est le comble et cela place la Belgique au rang des plus mauvais élèves climatiques au niveau européen.

La ministre a voulu se priver de cette manne et subsidier des centrales au gaz à coût de centaines de millions d’euros de subsides. On peut difficilement faire pire

Avec la crise, la ministre a ensuite été obligée d’accepter la prolongation de deux centrales à des conditions bien moins avantageuses que si cela avait été fait il y a deux ans. La ministre a le culot aujourd’hui de déclarer que la Belgique le fait  « à son initiative et à sa demande », alors qu’elle y a juste été acculée et qu’elle a tout fait depuis deux ans pour ne pas prolonger la moindre centrale.    

C’est ensuite une faute économique. La Belgique avait une énergie nucléaire qui rapportait des centaines de millions de taxes à l’Etat. La ministre a voulu se priver de cette manne et subsidier des centrales au gaz à coût de centaines de millions d’euros de subsides. On peut difficilement faire pire comme équation économique sachant en plus que le nucléaire garantissait des milliers d’emplois non délocalisables, des centres de compétences de pointe, et une espérance pour rester à la pointe d’avancées technologiques futures. Engie a déjà fermé des programmes de formation de ses cadres, négocier aujourd’hui une prolongation les met en position de force alors que cette prolongation aurait dû intervenir il y a déjà de nombreux mois. A part les écolos, tout le monde était plutôt favorable à une prolongation, même le PS avait été rapidement d’accord sur ce point lors de ses négociations avec la NV-A en 2020. 

Enfin, la prolongation très tardive et à contrecœur de deux centrales uniquement est une faute politique majeure pour les verts. Alors qu’une large majorité de Belges est aujourd’hui favorable à la prolongation du nucléaire et que nous sommes en temps de crise énergétique, la ministre renforce l’idée que les écolos sont peu mûrs pour exercer le pouvoir, peu agiles et peu capables de s’adapter à des situations nouvelles. Ils vont être le parti qui n’a rien anticipé à la crise, n’a rien voulu entendre, n’a pas réussi à s’adapter en prenant des mesures de bon sens et qui, en plus, s’est montré peu sensible aux difficultés des gens, car, à chaque fois, baisser les accises sur l’énergie est un réel supplice pour eux, eux qui prônent une énergie chère pour changer les comportements.

Il montre au grand public qu’il reste le parti dogmatique qui s’est pris une raclée électorale après l’exercice du pouvoir, alors qu’il aurait pu créer un boulevard en disant avoir évolué, et comme les verts Finlandais par exemple en estimant que les résultats à obtenir sont plus importants que leurs dogmes des années 1970. Il est par exemple impensable que la ministre verte de l’énergie ait mis autant de temps pour accepter de prolonger pour 10 ans uniquement deux centrales, mais refuse toujours de considérer la prolongation d’autres centrales alors que toutes les pistes alternatives doivent être actionnées pour renforcer notre souveraineté énergétique. En restant butée, Tinne Van der Straeten met aussi ses partenaires de majorité en difficulté à savoir l’Open VLD et le CD&V qui sont presque sous les 10% à cause d’une Vivaldi de moins en moins populaire en Flandre.    

Au lieu de l’attitude stérile des écologistes qui refusent d’évoluer, il est indispensable d’explorer des pistes de solutions à brève échéance. Le citoyen n’en peut plus des débats interminables et souhaite des solutions ainsi qu’une vision énergétique pour les 20 prochaines années.

Première piste, l’Europe planche pour découpler le prix de l’électricité de celui du gaz, ce qui permettrait de faire baisser les prix à court terme. Deuxièmement, il est plus que temps de remettre à plat la fiscalité et tous les coûts de distribution de l’énergie qui sont un énorme montant de la facture finale. Troisièmement, oui, la prolongation du nucléaire est aussi une des solutions de moyen terme de même que la construction de centrales de nouvelles technologies.

L’ancienne ministre de l’énergie, Madame Marghem, a déposé une proposition de loi pour prolonger 5 centrales sur 7 au minimum pour une durée de 20 ans. Impensable pour les verts, mais le citoyen belge a-t-il à supporter que 21 députés verts sur 150 s’opposent aux solutions crédibles pour préparer l’avenir qui restera compliqué très longtemps ?  

La N-VA a déjà proposé, il y a plus d’un an, de faire l’appoint avec des majorités alternatives dans ce dossier. Cela peut devenir nécessaire si les verts continuent de refuser d’avancer et d’être de plus en plus isolés. En effet, la Vivaldi ne peut plus dépendre que de la volonté des écolos dans un dossier aussi majeur pour la Belgique et ses habitants. Tous les acteurs qui souhaitent avancer et proposer un pacte crédible pour les 20 prochaines années sont à mobiliser.   

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