Carte blanche

Les écoles de devoirs, ces mal-aimées pourtant nécessaires (carte blanche)

Certains écoles jouent le jeu, d’autres moins. Les écoles de devoir, un sujet dont on parle peu, estime Bernard De Commer, ancien permanent syndical. Ces structures sont pourtant indispensables.

Les Ecoles de devoirs, on en parle peu dans les médias et c’est bien dommage.

Un intitulé mal choisi sans doute en son temps, mais qui n’enlève rien aux mérites de cette structure dans le cadre de la lutte contre les inégalités scolaires voulue par le Pacte pour un Enseignement d’excellence.

Lorsque, à l’aube de la législature dite « arc-en-ciel », en 1999-2000, le Ministre Jean-Marc Nollet consultait tous azimuts sur son projet de décret visant à limiter les devoirs à domicile à l’école primaire, nous lui adressions, pour le SEL-SETCa,  un  courrier  reprenant en substance ceci :

  • nous relevions comme positive sa volonté d’éviter, d’une part, que les enfants socioculturellement défavorisés ne soient plus pénalisés encore qu’ils ne le sont pour n’avoir aucun ou pas de soutien à domicile, et, d’autre part, d’attirer l’attention sur le fait que l’école n’est pas tout dans l’éducation d’un enfant : il y a un tas d’autres lieux où celle-ci peut se faire comme les mouvements de jeunesse, les clubs sportifs, les académies… Encore faut-il libérer du temps postscolaire pour permettre aux enfants de les fréquenter
  • nous ne doutions pas un  seul instant que les écoles, certaines écoles en tout cas, sous la pression des parents, n’auraient de cesse de contourner, d’une manière ou d’une autre, le prescrit légal.

C’est tellement vrai, pour ne prendre qu’un exemple, que l’UFAPEC, les Associations  de Parents Francophones de l’Enseignement Catholique, dans une publication datant de 2017, sous le titre « Les devoirs à domicile. Décret Nollet, 15 ans après » souhaite vivement que « le devoir à domicile … (soit)  rapatrié le plus possible à l’école ».

C’est d’ailleurs ce que préconisent les travaux du Pacte, dans le cadre de l’allongement de la journée scolaire: nous estimions qu’il serait plus pertinent d’œuvrer à la reconnaissance et au subventionnement des écoles de devoirs, lesquelles font un travail colossal sur le terrain en vue de l’intégration des enfants en difficultés socioculturelles.

Depuis le 28 avril 2004, un décret gère cette problématique.  

Dans les missions accordées aux écoles des devoirs, le législateur – et cela rejoint notre souhait – vise large. Il n’envisage, en effet, pas seulement le soutien à la scolarité par l’aide aux devoirs et à la remédiation, mais aussi le développement  et l’émancipation sociale de l’enfant, sa créativité, son accès et initiation aux cultures, l’apprentissage de la citoyenneté et la participation. C’est tellement vrai, d’ailleurs que l’année d’activité des écoles des devoirs débute le 01/09 et se clôture le 31 août.  Sans discontinuité donc.

Sérieux, solide, efficace

Le label « Ecole de devoirs » fait désormais l’objet d’une reconnaissance et d’un subventionnement de l’O.N.E, basés sur des critères très stricts dont, notamment, l’objet d’avoir un projet pédagogique, du respect du Code de qualité de l’accueil des enfants, de disposer d’une équipe  pédagogique d’au moins 3 personnes qualifiées (brevet d’animateur ou coordinateur en école des devoirs), et bien d’autres encore.

Et donc, les Ecoles de devoirs, c’est du sérieux, du solide. Et c’est efficace. Certains établissements scolaires l’ont bien compris et collaborent activement avec elles.

Sur la page de son site EDD, la Fédération francophone des Ecoles de Devoirs, déclare que son principe d’action est « participatif », c’est-à-dire qu’il part « des préoccupations des enfants, des jeunes et du secteur des Ecoles de Devoirs autour d’un objectif prioritaire : le bien-être de l’enfant. »

Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, nul doute que les écoles de devoirs auront leur rôle à jouer.

EDD indique, par ailleurs, qu’à ce jour, il existe 346 écoles des devoirs dont 296 sont subsidiées pour des enfants et jeunes de 6 à 15 ans qui accueillent quotidiennement quelque 16 000 enfants et jeunes.

Et d’ajouter que « trois valeurs (les) guident : la citoyenneté, la solidarité et l’équité » et que le but commun des toutes les Ecoles de devoirs  est de « former des CRACS, des jeunes citoyens responsables actifs critiques et solidaires »

Ce ne peut être que tout profit pour l’enseignement et pour l’ensemble de la société.

Bernard De Commer, ancien permanent syndical.

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