Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly | Financer l’avenir énergétique belge avec des moyens financiers limités: la partie sera serrée

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le plan qui doit assurer l’avenir énergétique de la Belgique est bouclé. Encore faut-il l’exécuter. La partie sera serrée et chère.

Le 18 mars, sur le coup de 21 heures, l’équipe des bleus a emporté l’épreuve de pugnacité et acté la prolongation pour dix ans de deux réacteurs nucléaires qu’elle réclamait depuis des mois et que les conséquences de la guerre en Ukraine ont imposée. En parallèle, l’équipe des verts a gagné du terrain, essentiellement dans l’éolien offshore et le photovoltaïque, au détriment des aspects mobilité et réduction de la consommation.

C’est maintenant à l’équipe réunie de passer à l’étape suivante: l’exécution du plan qui doit assurer l’avenir énergétique de la Belgique. Stade au cours duquel d’autres joueurs entreront en lice.

La partie contre l’Union européenne devrait être la plus facile, cette dernière devant faire preuve de pragmatisme face aux impératifs d’indépendance énergétique. Le financement ne devrait pas non plus constituer une épreuve insurmontable, 1,16 milliard étant plus facile à lever que les huit milliards un temps évoqués.

Le prochain adversaire réellement de taille, Engie, est bien connu et chacun s’accorde sur les atouts évidents qu’il possède: détention des outils, mises en garde récurrentes, maîtrise du calendrier, pouvoir de négociation. Et même si une joueuse verte assure avoir eu déjà des contacts informels, la partie sera serrée et se monnaiera chèrement.

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C’est aussi du côté des absents au générique, mais dont la collaboration s’avère pourtant indispensable, que les entraves les plus importantes pourraient se dresser. En effet, les Régions concentrent une bonne partie des pouvoirs d’exécution du plan fédéral, comme les politiques d’aménagement du territoire qu’il faudra rendre compatibles avec les projets d’extension des parcs éoliens ou les formations aux métiers de couvreur et charpentier, indispensables à l’installation de panneaux photovoltaïques.

C’est également entre leurs mains que se trouvent les incitants financiers à la rénovation du bâti, devenu de facto le grand oublié du futur mix énergétique belge. Malgré les volontés régionales et les plans successifs pour réduire la consommation d’énergie en améliorant l’isolation des bâtiments, ce pan de la transition énergétique reste en souffrance. Rentrer un dossier, réaliser un audit, établir les priorités et bénéficier d’un soutien financier reste un parcours du combattant pour l’utilisateur final et nécessite des moyens conséquents à charge des Régions. Comme le soutien aux victimes des inondations, comme la gestion d’une pandémie.

Difficile de mener tout cela de front avec des finances au plus mal.

Pourtant, à ce stade, personne ne peut bénéficier de l’immunité.

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