Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: tous les bénéfices économiques de l’IVG

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

En Italie, la victoire électorale de l’extrême droite laisse craindre le pire pour les femmes et l’accès à l’avortement. Sujet souvent abordé sous l’angle social et sanitaire. Or l’accès à l’IVG engendre aussi des bénéfices économiques.

Soupirs. Ça devrait être un droit fondamental, du même ordre que la libre circulation ou la dignité de la personne humaine. Un texte écrit noir sur blanc, quelque part, protégé des dingos qui débarquent à intervalles réguliers, çà et là, au pouvoir. Plus personne ne devrait se mobiliser, les 28 septembre, Journée mondiale de lutte pour le droit à l’avortement. Nul ne devrait plus s’inquiéter qu’une Giorgia Meloni gagne les élections en Italie, avec son programme de bonne chrétienne pétri de mesures «de soutien à la natalité et à la famille», sa volonté de filer du fric à des «centres d’aide à la vie» et son souhait de «créer un fonds pour supprimer les causes économiques et sociales qui peuvent pousser les femmes à ne pas terminer leur grossesse». Stupida.

Peut-être qu’elle pourrait en créer un autre, de fonds, la disciple du postfascisme: un qui analyserait les bénéfices économiques de l’IVG. Aux Etats-Unis, 154 économistes s’y étaient attelés, en août 2021. Ils avaient même rédigé un mémoire destiné à la Cour suprême, avant qu’elle invalide l’arrêt Roe vs Wade et que des Etats américains puissent interdire l’avortement sur leurs terres. Stupid judges.

Aux Etats-Unis, les restrictions du droit à l’interruption volontaire de grossesse devraient coûter plus de 100 milliards de dollars. Par an.

La note en question remplissait plus de septante pages, tout de même: y en a des trucs à dire sur les avantages de l’IVG, du point de vue de l’économie. Ceci, par exemple: une étude a démontré que pouvoir avorter, même pour tomber enceinte un an plus tard, permettait aux jeunes femmes de gagner 11% de plus sur leur futur salaire horaire. Ou encore que les jeunes filles qui avaient accès à l’avortement en cas de grossesse non désirée augmentaient de 20% leur taux de diplomation universitaire et de 40% leurs chances d’avoir une profession.

C’est franchement positif, ça, des citoyennes qui étudient, qui bossent, qui gagnent bien leur vie. Moins de chômage, plus d’impôts. Et, sans se centrer uniquement sur l’argent public, des carrières parfois brillantes au bénéfice des entreprises et, plus globalement, de la société. Carrières qui n’auraient jamais pu autant se développer avec un gosse non désiré dans les pattes.

Toujours économiquement parlant (puisque le bien-être des femmes et le droit à disposer de leur corps ne suffisent apparemment pas, dans ce débat-là), donner accès à l’IVG permet de réduire le nombre d’enfants grandissant dans des familles monoparentales (coucou, les géniteurs démissionnaires), donc aussi dans la pauvreté. Les économistes américains épinglent, ensuite, une réduction de la probabilité que ces mêmes enfants deviennent à leur tour parents à l’adolescence, forment des familles monoparentales, arrêtent leurs études prématurément et dépendent de l’aide sociale à l’âge adulte. Que les conservateurs le précisent tout de suite, que ça ne leur pose pas de problème que des enfants vivent dans la pauvreté. Chouette projet de société.

Un chiffre vaut toujours mieux qu’un long discours: aux Etats-Unis, les restrictions du droit à l’interruption volontaire de grossesse devraient coûter plus de 100 milliards de dollars à l’économie et aux pouvoirs locaux. Par an. Rien qu’en perte de revenus, de productivité et de chances de carrière des femmes entre 15 et 44 ans, selon une enquête relayée par le magazine Fortune.

Ça coûte fort cher, les convictions religieuses de ces élus qui s’attaquent à l’avortement. Mais bon, s’ils sont prêts à sacrifier les droits des femmes sur l’autel de leur morale rétrograde, sans doute se fichent-ils du bien-être des finances publiques. Ils ne seront de toute façon plus là aux prochaines élections.

© belga image

Première chaîne de sports 100% féminins

Premier League et autres compétitions de foot, basket-ball, triathlon, équitation… Encore une chaîne sportive? Oui, mais W-Sport, disponible gratuitement depuis le 23 septembre sur Telenet, est exclusivement consacrée aux sports féminins. Pour l’instant, en anglais. Mais une version française devrait être disponible courant 2023. La popularisation du sport féminin n’est plus à ça près.

23%

des réalisateurs d’œuvres de fiction en France, actifs entre 2016 et 2020, étaient des réalisatrices, selon une analyse diffusée mi-septembre en marge du festival de La Rochelle. La parité n’atteint pas davantage les salaires: les femmes représentent 44,1% des effectifs du secteur mais seulement 41% de la masse salariale. Elles sont aussi plus souvent détentrices de contrats à durée déterminée (51,8% des CDD) et de temps partiels (18%, contre 10% chez les hommes).

Ariel est noire, et alors?

Cela fait quinze jours que Disney a présenté les premières images du remake de La Petite Sirène, avec l’actrice afro-américaine Halle Bailey. Quinze jours que certains ne s’en remettent pas: hashtag «NotMyAriel», appel à «blanchir» l’actrice numériquement, recours à des arguments «scientifiques»: sous l’eau, une sirène ne pourrait pas être noire, vu l’absence de mélanine, etc. – par contre, qu’elle puisse parler dans l’océan ne dérange aucun savant… Le Web, pour le pire, mais parfois aussi le meilleur, comme avec ces vidéos de petites filles noires, émues de découvrir une héroïne qui leur ressemble.

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