Anne-Sophie Bailly

La Belgique échappe à la récession, attention à la tentante bonne nouvelle

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Notre économie a échappé à la récession et les perspectives pour la fin de l’année sont plus optimistes. Une bonne nouvelle? Attention, «mieux ne veut pas dire bon».

On l’attendait en Belgique, comme en zone euro. Mais elle semble passer son chemin sans s’arrêter. Pas de récession prévue sur le Vieux Continent cet hiver, annoncent désormais les prévisions de croissance 2023 de la Commission européenne. L’économie y résiste mieux que prévu aux conséquences de la guerre en Ukraine. Les prix de gros du gaz sont redescendus bien en dessous de leur niveau d’avant-guerre. Les ménages continuent à consommer, en puisant dans les réserves accumulées lors des périodes de confinement ou en profitant de la bonne tenue des marchés financiers. A l’échelon belge, l’indexation automatique des salaires a exercé son rôle de rempart contre l’inflation.

Les perspectives pour la fin de l’année sont plus optimistes qu’elles ne l’étaient il y a quelques mois encore. Mais «mieux ne veut pas dire bon».

Qui plus est, les mesures de soutien des Etats ont permis d’éviter des restructurations massives dans le chef des entreprises européennes, contrairement aux Etats-Unis, où les géants de la tech ont licencié à tour de bras: 10 000 emplois perdus chez Microsoft, 12 000 chez Google, 18 000 chez Amazon, 11 000 chez Meta. On parle de quelque 150 000 licenciements outre-Atlantique au cours des douze derniers mois, conséquences d’un marché publicitaire en berne, mais aussi et surtout d’un retour de manivelle après des embauches frénétiques durant la crise du Covid et les confinements.

On serait donc tenté de se réjouir de ces bonnes nouvelles sur le front européen.

Pourtant, pour certains économistes comme pour les banquiers centraux, une récession limitée et brève dans le temps aurait eu l’avantage de ramener l’inflation durablement à un niveau plus faible et permis d’éviter le risque de surchauffe. Car tant que ce n’est pas le cas, il faudra encore utiliser l’arme des taux. Avec les conséquences que l’on sait sur les finances publiques. Les Vingt-Sept se sont, de fait, largement endettés pour gérer les urgences imposées par les crises sanitaire et énergétique. Ils ont profité des dérogations de la Commission européenne et d’un environnement de taux bas. Demain, ces deux effets d’aubaine pourraient disparaître.

Notre économie a échappé à la récession et les perspectives pour la fin de l’année sont plus optimistes qu’elles ne l’étaient il y a quelques mois encore. Mais comme le rappelait le Commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, «mieux ne veut pas dire bon».

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