Anne-Sophie Bailly

COP27: un mal nécessaire (et insuffisant)

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

La COP27 se tient actuellement à Charm El-Cheick. Et comme à chaque fois qu’une conférence des parties a lieu, elle engendre son lot de critiques. Pourtant, malgré l’opportunité de certaines d’entre elles, ces assemblées conservent une utilité.

Temples du greenwashing, onéreuses grand-messes, assises inutiles. Comme une ritournelle bien cadencée, les critiques à l’égard des COP reviennent chaque année avec régularité. La COP27, qui se tient actuellement à Charm El-Cheikh, n’échappe pas à la règle. Nombre des attaques formulées à l’égard de ces grands rassemblements onusiens s’appréhendent aisément: débauche de moyens, faiblesse des résultats obtenus, non-respect des engagements, absence d’acteurs majeurs. Au point que certains remettent en cause l’utilité de ces réunions annuelles ou refusent d’y participer, faisant abstraction de l’échange de points de vue multiples que permettent ces assemblées ouvertes, collectives et mondiales. Les points de vue des Etats, bien sûr, avec les impératifs, besoins, exigences qui leur sont propres. Mais aussi des militants, lobbies, associations non gouvernementales, entreprises. Bref, une représentation du monde (enfin, du monde qui a les moyens de sa participation).

Trop lentes, trop coûteuses, trop peu productives qu’elles puissent être, les COP ne sont pas inutiles pour autant.

Qui plus est, ces conférences des parties (COP) sur les changements climatiques permettent d’établir un bilan, d’estimer où chacun se situe par rapport aux engagements pris précédemment. Quelles avancées ont été engrangées? Par qui? Qui stagne? Qui s’est écarté du plan de vol?

Ces rendez-vous sont enfin l’occasion de mettre la focale de l’opinion publique, des médias, des gouvernements sur le défi majeur auquel notre civilisation est confrontée. Et chaque rapport, chaque événement, chaque initiative qui favorise la conscientisation de l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique a son importance. Surtout quand ils s’inscrivent, comme les COP, dans une dimension collective. Car, ainsi que le souligne Christophe Demarque, maître de conférences en psychologie sociale, le discours actuel entourant la préservation de la planète tend à une responsabilisation prononcée des comportements individuels qui peut s’avérer peu efficace, voire contre-productive. Dans le contexte actuel de conflits armés, de tensions géopolitiques et de polarisation majeure, un rendez-vous qui permet cette multilatéralité ne peut être ignoré.

Trop lentes, trop coûteuses, trop peu productives qu’elles puissent être, les COP ne sont donc pas inutiles. Elles sont un mal nécessaire. Et insuffisant.

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