Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les femmes font plus de burnout que les hommes

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Les statistiques sont claires: les femmes font beaucoup plus de burnout et de dépressions que les hommes. Est-ce réellement si surprenant ?

Dommage. Bien sûr, son «bien-être mental» est la priorité, comme elle l’a rédigé sur sa page Facebook. Elle n’a pas écrit «burn-out», mais son «sur avis médical, je vais me reposer pendant un certain temps» sonnait tout comme. Alors dommage que Meryame Kitir, ministre de la Coopération (Vooruit), ait dû quitter provisoirement le gouvernement fédéral. Et dommage que soit une femme. D’autant que, trois semaines auparavant, Hilde Crevits (CD&V), la numéro 2 du gouvernement flamand, avait dû faire de même.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Dommage parce que, du coup, tous les Jean-Jacques-expert-en-commentaires-relous-sur-Facebook y vont de leur «gnark gnark gnark avec un homme, ça n’arriverait pas». Toutes des fragiles. Des maillons faibles.

Dommage que, statistiquement, ce ne soit pas faux. Sur les 33 402 personnes en burnout en 2020 en Belgique, 70,5% étaient des femmes. La dépression? Pareil: un mal féminin dans 67,5% des cas, selon les chiffres de l’Inami. Qui épinglent une nette évolution de ces maux sociaux, en cinq ans. Mais, là encore, davantage chez les femmes (+ 43% de cas de dépression et + 37% pour le burnout) que chez les hommes (respectivement + 38 et + 25%).

Dommage que les causes soient connues, mais que rien (ou si peu) ne change. Faut qu’elles bossent, qu’elles ramènent du pognon. Puis, à la maison, la journée recommence: faut qu’elles astiquent, qu’elles alimentent, qu’elles aspirent, qu’elles achètent, qu’elles éduquent… Les joies du travail domestique non rémunéré, pendant que Monsieur, souvent, prend le temps de se divertir. Selon une étude américaine relayée par le sociologue canadien Francis Dupuis-Déri dans Crise de la masculinité. Autopsie d’un mythe tenace (réédité chez Points en 2022), il disposerait, en moyenne, de cinq heures hebdomadaires de plus à consacrer à ses hobbies. Voilà qui aide à se vider l’esprit. Dommage que ce soit moins le cas du torchage de fesses et du récurage de chiottes.

La faute à cette «présomption d’incompétence». Cette tendance à plus facilement douter qu’une femme est la bonne personne à la bonne place.

Dommage, aussi, que ce soit la faute à cette «présomption d’incompétence». Cette tendance à plus facilement douter que cette travailleuse, cette cheffe, cette collègue est véritablement la bonne personne à la bonne place… Ce qui peut provoquer, chez cette travailleuse, cette cheffe, cette collègue, ce ressenti de devoir se donner à 150% pour pouvoir garder son job.

Femmes en burnout: bonnes poires ?

Une enquête de l’université de Harvard, publiée en 2021 dans la renommée revue Pnas, avait conclu que «les femmes [évitaient] de demander plus de temps pour accomplir leurs tâches professionnelles, même lorsque les délais [étaient] explicitement ajustables, ce qui [nuisait] à leur bien-être et à leur performance». Et ce qui exacerberait, par ailleurs, leur sentiment de pression et d’épuisement, ainsi que leur peur de paraître incompétentes. Pour le bonheur de certains chefs n’hésitant pas à leur confier davantage de boulot en dehors de leurs missions officielles. Bonnes poires un jour, bonnes poires toujours.

La puissance des stéréotypes de genre… Dommage. Aussi pour les hommes. Dommage qu’ils aient été éduqués à coups de «pleure pas, femmelette» (ou «tapette», c’est selon), qu’ils se sentent sans doute obligés de ne pas flancher, de jouer les mâles dominants, les super-héros du bureau. Pas un seul ministre épuisé? Sérieusement, jamais? Nulle part? Vraiment? Ou se cachent-ils juste plus honteusement pour souffrir?

En Belgique, selon les chiffres de l’Inami, les burnout progressent davantage chez les femmes que ches les hommes. © getty images

Hey, mister D.J.

En écoutant la radio, on pourrait croire à la parité musicale. Effet d’acoustique: entre 2012 et 2020, sur les neuf cents chansons les plus populaires aux Etats-Unis, à peine 21,6% étaient interprétées par des artistes féminines, 12,6% étaient écrites par des autrices-compositrices et 2,6% étaient produites par des femmes. Des chiffres récemment dévoilés à Paris lors du séminaire «She Is The Music», à l’initiative de la chanteuse Alicia Keys et de l’ingénieure du son Ann Mincieli, pour offrir une visibilité aux femmes dans l’industrie musicale.

100 000

euros par an, au lieu de 40 000 jusqu’à présent: le budget public octroyé aux sept maisons Arc-en-ciel de Wallonie sera augmenté en 2023, de même que celui de la fédération qui les chapeaute (140 000 euros au lieu de 70 000). De quoi engager davantage de personnel mais aussi développer des initiatives comme la mise en place de refuges pour les jeunes LGBTQI+ victimes d’homophobie ou de transphobie au sein de leur famille.

Yana à la VUB

En février dernier, à la suite d’une vingtaine de signalements et à une enquête interne, un professeur de la VUB était licencié pour «comportement abusif». L’université bruxelloise met aujourd’hui en place «une nouvelle politique de lutte contre les comportements inappropriés sur et autour du campus», baptisée Yana (pour You Are Not Alone). Meilleur accompagnement des personnes qui signalent des faits problématiques, remise à plat des procédures disciplinaires, formation du personnel, nouvelle charte des activités de baptême… L’effet MeToo.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire