Nicolas De Decker

La N-VA revient, et c’est le retour d’un mort-vivant

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

On croyait qu’il avait disparu, ou presque. Il revient.

Le parti qui a fait peur à toute une Wallonie rougeaude, cette formation d’un hâve effroyable, et dont on avait oublié le pouvoir sur les âmes flamandes, est de retour, à la saison du père Fouettard et des polémiques stupides.

On la croyait enterrée, ou presque. La N-VA revient.

On avait oublié comment, en Flandre, elle donnait le ton: depuis une réalité parallèle.

Une réalité où elle peut tout dire sans jamais être contredite.

En l’espace d’une semaine, une N-VA ressuscitée a regagné la centralité qu’elle avait un peu perdue, coincée entre un Vlaams Belang beaucoup plus vivant et une Vivaldi moribonde.

Elle a obtenu la démission d’une ministre fédérale, la secrétaire d’Etat au Budget Open VLD, Eva De Bleeker. Celle-ci avait pris un budget pour ce qu’il est, une projection politique toujours artificielle, et donc fatalement incertaine.

A l’époque de sa vie fédérale précédente, la N-VA, elle, avait parié sur les baisses de la fiscalité et des cotisations des entreprises pour renflouer, par des effets retours qui se sont rapidement révélés mythologiques, le budget de l’Etat. Ce pari était un mensonge, bien sûr.

Ainsi la N-VA a-t-elle menti sur le budget lorsqu’elle était au gouvernement fédéral, et elle accuse le gouvernement fédéral de mentir sur le budget lorsqu’elle n’y est pas.

Car la décence, lorsqu’on a le pouvoir de se régénérer dans l’au-delà pour pouvoir peser dans l’ici-bas, n’est pas une option. Ils ont connu l’ici et l’ailleurs, alors tout est permis aux morts-vivants.

Ils ont connu l’ici et l’ailleurs, alors tout est permis aux morts-vivants.

Même de reprocher à Bruxelles des méfaits qui se produisent, en pire, à Anvers.

Même de dire qu’un gouvernement dans lequel on ne siège pas ne fait rien pour défendre le pouvoir d’achat quand on a soi-même, quand on siégeait au gouvernement, attaqué le pouvoir d’achat par un saut d’index.

Même de se plaindre d’une majorité qui a baissé la TVA sur le gaz et l’électricité ne fait rien pour contrer la hausse des prix quand on a soi-même, quand on était dans la majorité, haussé la TVA sur le gaz et l’électricité.

Même de pourrir des ministres qui ne respectent pas la norme de croissance du budget des soins de santé quand on a soi-même, quand on était ministre, encore moins respecté la norme de croissance du budget des soins de santé.

Même d’accuser l’exécutif auquel on s’oppose de vouloir alourdir la fiscalité environnementale à des fins budgétaires quand on a soi-même, quand on ne s’opposait pas à l’exécutif, alourdi la fiscalité environnementale à des fins budgétaires.

Même de dire d’une coalition qu’elle maltraite des policiers qu’elle a augmentés et recrutés quand on a soi-même, quand on était dans la bonne coalition, limité les recrutements et les augmentations des policiers.

Même de taxer un adversaire en charge de la politique migratoire d’indignité quand on a soi-même, en charge de la politique migratoire, rémunéré des trafiquants de visas.

Cette réalité parallèle, qui ne souffre aucune contradiction en Flandre, ce discours imparable de mort invulnérable et de vivant immortel, c’est l’apanage d’un parti séparatiste qui veut détruire un pays tout en disant qu’il doit le gouverner pour le sauver.

C’est la N-VA qui revient.

C’est la palingénésie, après un court repos, de la post-vérité.

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