Nicolas De Decker

La certaine idée de Nicolas De Decker | Scandales au PS: les parvenus et paranos

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Un nouveau scandale éclabousse le PS, avec l’affaire Tarabella. Et les socialistes se demandent: « pourquoi tant de haine ? » Peut-être est-ce « moins la faute des antisocialistes qui véhiculent les clichés, que celle des socialistes qui les entretiennent ».

On en avalerait son café de travers.

C’est à tomber de sa chaise.

Les bras leur en tombent.

C’est vrai qu’il y a de quoi se taper la tête contre les murs.

On n’en revient pas, dans la vieille maison rouge.

Les clichés sont de retour. Ils sont vieux comme le socialisme. Ils pointent le boulevard de l’Empereur et ils en émanent, là où les socialistes sont redevenus des parvenus et où les socialistes sont redevenus des paranos, où le mandataire PS serait un pourri qui se nourrit sur le dos du peuple tandis que l’appareil PS pourrit ceux qui se nourrissent de ses scandales.

Vous savez, là, ces petites gazettes populaires autrement si exclusives qui citent, recopient et traduisent des pages et des pages pour peu que le moindre camarade soit soupçonné d’avoir reçu un vase.

Ou ces grands journaux de droite qui demandent toujours aux dirigeants de la FGTB ce qu’ils gagnent, mais jamais à ceux de la FEB.

En gros tous ces médias qui ne mentionnent jamais une étiquette politique – dans un fait divers comme dans une malversation, dans un vice privé comme dans un méfait public – que quand il s’agit de celle de ce grand parti des travailleurs qui se targue de se placer toujours du côté des gens qui ont dur, et sans doute à cause de ça.

Les mêmes qui reprochaient à Anseele d’avoir une trop belle maison alors que ses électeurs avaient faim.

Ceux qui disaient que la Banque du travail ne servait qu’à pomper le fric des coopérateurs qui n’en avaient pas.

Ceux qui moquèrent Vandervelde quand il fit de sa deuxième épouse sa cheffe de cabinet.

Ceux qui avaient remarqué qu’il n’y avait que des administrateurs socialistes au conseil d’administration d’Ibramco.

Et puis, tous ces petits et grands magistrats qui ne les aiment pas.

Ceux qui ont profité de l’enquête sur Cools pour détourner tous les moyens de l’instruction vers le financement illégal du parti.

Ceux qui ne cherchent que là où les parvenus sont socialistes.

Ceux qui ont passé dix ans à ne rien trouver à Charleroi.

Ceux qui ont retrouvé des mois de matière à Liège.

Toutes ces belles gens dont la mauvaise foi bourgeoise ne s’épanouit jamais mieux que quand ce sont les grands défenseurs autoproclamés des petits qu’il faut attaquer.

Il y a de quoi leur en vouloir, à tous ces traqueurs de parvenus qui ont tant de raisons de les traquer et qui donnent aux parvenus des occasions d’être parano, mais ce n’est pas à eux qu’il faut en vouloir.

Parce que quand le vilain bourgeois démasque un parvenu qui monnaie ses résolutions, le preux prolo, lui, découvre un parano dont le socialisme procure des voitures de fonction, des vases à incrustations et des souches de déduction, où Marx, Jaurès, Vandervelde et De Paepe sont synthétisés en filigrane de per diem plutôt qu’en politiques d’émancipation par l’égalité.

Et que si, là-bas, dans la vieille maison, on donne à croire que l’on tombe de sa chaise en se tapant la tête contre les murs avant d’avaler son café de travers, et si, ailleurs, dans le silence des isoloirs populaires comme dans le bruit des éditoriaux droitards, on pourrit l’ancien Parti ouvrier, c’est moins la faute des antisocialistes qui véhiculent les clichés, que celle des socialistes qui les entretiennent.

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