Juliette Debruxelles

Attention, danger: la sextorsion, une technique de chantage sordide

Les jeunes et les personnes âges sont les premières victimes de sextorsion, contraction des mots « sexe » et « extorsion ». Une pratique motivée par l’appât du gain et reposant sur le chantage. Attention danger.

On se rassure, il ne s’agit pas ici de se tordre le membre comme un roseau ni de l’essorer comme un torchon. Pourtant, la sextorsion – contraction de «sexe» et «extorsion» – fait très mal. Le principe? Obtenir des photos à caractère sexuel d’une personne ciblée et exercer sur elle un chantage.

Vous imaginez des méthodes dignes du KGB et des scènes torrides? Oubliez. La plupart du temps, on est dans le sordide. Services, silence, argent, les monnaies d’échange varient, mais la menace reste la même: en cas de refus d’obtempérer, la victime verra diffuser ces contenus explicites à ses collègues, à sa famille, à ses enfants.

Comment les malfaiteurs obtiennent-ils ce matériel jugé «compromettant» (alors qu’il ne devrait pas l’être, sachant que tout le monde a un corps nu sous ses vêtements)? Par sexting ou sexcam (envoi volontaire ou sous la contrainte de photos ou de vidéos dénudées, par message ou webcam). Par upskirting (photo des parties intimes ou dénudées prises en glissant l’appareil sous une jupe) ou creepshot (image d’un décolleté, d’une cuisse, de la naissance d’un sein capturée à l’insu de la victime). Mais aussi par toutes sortes de piratages ou de bluffs.

La différence avec le revenge porn ? L’objectif. Dans l’un, la vengeance pure et crasse, par jalousie ou frustration, sans autre intention que de ruiner la vie et la réputation d’un ex. Dans l’autre, l’appât du gain ou de quelconques bénéfices tangibles.

Dans tous les cas, savoir que beau-papa, vos collègues et des centaines de gens dont l’adresse traîne dans vos contacts pourraient recevoir des clichés de vous la main dans la culotte peut glacer.

Ça n’arrive pas aux gens bien, ces trucs-là? Si, si.

Ça n’arrive pas aux gens bien, ces trucs-là? Si, si. Même à ceux qui pensent juste prendre une douche en écoutant le JT alors qu’en vrai, leur téléphone piraté est en train de tout capter. Et les plus exposés seraient les plus jeunes et les plus âgés. Ces derniers sont les premiers à céder aux demandes enjôleuses de personnes qui leur susurrent «montre-moi ton kiki, papy».

Entre méconnaissance des outils, pulsions et prostate qui se dilate, ils sont nombreux à s’exposer sans savoir qu’à l’autre bout – et pendant qu’ils agitent le leur – tout est enregistré. En juillet 2021, le géant de la cybersécurité, Kaspersky, notait que 10% des utilisateurs d’applications de rencontre avaient été victimes de doxing (exploitation de données personnelles en vue de nuire).

Au cours de la même année, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes avait reçu 26 signalements de sextorsion. Des chiffres très en dessous de la réalité puisque les victimes anonymes font trop souvent le choix de passer les faits sous silence. Vous vouliez juste jouer, vous vous retrouvez, la queue entre les jambes, à supplier qu’on supprime le fichier où on vous voit en train de détourner la ventouse des cabinets de son usage premier.

Pour éviter la sextorsion tout en continuant à montrer son frifri si on en a envie, une solution: n’envoyer que des contenus non identifiables. Focus sur l’essentiel, pas besoin de montrer son visage. Au besoin, porter un masque de clown (flippant), de cheval (attention à la déception) ou de cochon (poil au tire-bouchon), masquer ses tatouages et grains de beauté reconnaissables, enlever ses bijoux, utiliser un VPN pour délocaliser son adresse IP (consulter une personne de moins de 30 ans pour toute explication) et veiller à ce qu’aucun objet du décor ne trahisse votre identité. En résumé, pour réduire le risque de racket, prenez garde à qui vous montrez votre quéquette.

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