Carte blanche

Trois enseignements inspirants à tirer des initiatives lancées en période de crise

Durant chaque crise, des initiatives citoyennes se mettent en place. Souvent avec efficacité, estime Amélie Wuillaume (Antwerp management school), qui propose d’en tirer trois enseignements.

Violetta est née à Kiev mais vit au Canada depuis qu’elle a 8 ans. Sa mère est Russe et son père, Ukrainien. Violetta travaille dans la production de films, un environnement qui la passionne. Jusqu’à il y a peu, son principal problème se résumait à « Je n’ai pas eu mon café latte, le Starbucks du coin est fermé ! », me confie-elle. Mais, depuis, « plus rien de tout ça n’a d’importance ». Depuis six mois, l’identité de cette jeune canadienne, dont les racines familiales sont en conflit, est ébranlée.

Depuis six mois, elle aurait pu être anéantie, désemparée et s’arrêter de vivre. Depuis six mois, elle aurait pu se sentir particulièrement chanceuse de vivre de l’autre côté de l’Atlantique et en profiter en fermant les yeux.

Mais Violetta a choisi une autre voie. Elle lance un projet qui vise à fournir des aides médicales d’urgence tactiques aux civils et aux volontaires en Ukraine et à dispenser une formation pour assurer la bonne utilisation de ces fournitures. Cette idée, au départ bricolée, gagne vite en importance. Elle est aujourd’hui une organisation caritative officielle rattachée à une fondation scientifique.

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L’histoire de Violetta est, malheureusement, assez classique. Il s’agit d’une histoire qui met en scène des individus qui deviennent des « entrepreneurs de la crise ». Ces néo-entrepreneurs, développent, en réponse à une crise, au départ de rien et dans l’urgence, une initiative pour aider une communauté qui se retrouve subitement dans le besoin. La réaction des organisations d’aide traditionnelles est souvent plus lente. Certaines lourdeurs d’ordre administratif ou juridique les empêchent de réagir aussi vite que ces initiatives individuelles. L’esprit d’initiative de ces entrepreneurs de la crise est donc essentielle.

Tout ça, c’est très bien, mais « et alors ? » me direz-vous. Et alors, il y a au moins 3 enseignements à tirer de ces initiatives :

  1. Ces entrepreneurs se montrent, par nécessité, particulièrement créatifs. Face aux perturbations que cause une crise, ils bricolent, « ré-arrangent », « ré-organisent », adaptent, pour réagir en temps réel et de façon adéquate.
    Une crise prend toujours le monde par surprise et, comme tout événement extrême, provoque souvent une remise en question. Certains nous invitent à repenser nos modèles de création de valeur, qui ne seraient plus en phase avec les réalités actuelles. Les modèles ‘bricolés’ par ces entrepreneurs de la crise peuvent constituer une piste de réflexion et inspirer de nouvelles façons de faire. Car ils sont pensés ‘en dehors de nos schémas traditionnels de pensée’, ils mènent à plus d’inventivité. Il s’agit évidemment d’un point de départ qu’il faut, ensuite, encadrer et orchestrer, pour mener à un changement raisonné.
    La raison d’être du modèle initial et créatif du projet de Violetta n’a pas changé. Mais sa forme est aujourd’hui plus ordonnée et mieux réfléchie. Et sa portée n’en est que plus importante.
  2. La contribution de ces projets va aussi au-delà de l’aide directe qu’ils apportent : ils sont porteurs d’un message ! Ce message est particulièrement fort car il est vécu et porté par des personnes « comme vous et moi », qui nous ressemblent. Leur message agit comme une vraie source d’inspiration, qui nous amène, par effet de contagion, à nous interroger, à prendre du recul, voire à nous engager, d’une façon ou d’une autre.
    Si Violetta, cette citoyenne Lamba, s’est engagée pour une cause en laquelle elle croit, pourquoi pas vous ?
  3. Si ce message est porteur, c’est aussi car il est positif avant tout. Nous sommes donc disposés à l’entendre. Beaucoup détournent en effet leur regard des informations négatives. « Moi, je ne regarde plus les informations, c’est trop déprimant », relevait encore récemment une dame assise à côté de moi dans le train. Nous faisons tous l’expérience de ce phénomène qui est un mécanisme de défense, face aux messages négatifs. Ils agitent, angoissent, repulsent. Ils vont jusqu’à braquer les esprits les plus ouverts. Au contraire, un message plus positif a le potentiel de se diffuser plus naturellement, sans brusquer, et ainsi, de générer des réflexions utiles, des discussions constructives et donc, de contribuer à éveiller les esprits.

Préféreriez-vous vous engager auprès de Violetta, qui incarne l’espoir, l’optimisme, la reconstruction ou auprès d’une personne qui vous mine, vous rappelle constamment la destruction qui a lieu et vous culpabilise de vivre lorsque d’autres souffrent ?

Amélie Wuillaume, senior sesearcher en entreprenariat, Antwerp management school

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