Carte blanche

Faudra-t-il bientôt être étudiant, chômeur ou retraité pour pouvoir sortir ses poubelles à Bruxelles?

À partir du 15 mai, faudra-t-il bientôt être étudiant, chômeur ou retraité pour pouvoir sortir ses poubelles à Bruxelles, se demande Alexandre Somma, le Président des jeunes libéraux d’Uccle.

La nouvelle réforme du ramassage des déchets voulue par le ministre Alain Maron entre en vigueur à partir du 15 mai sur l’ensemble du territoire bruxellois. La réforme ne touche pas toutes les communes de la même manière ni dans la même proportion mais une chose est sûre, la pilule a du mal à passer pour de nombreux habitants de la Région en colère. 

L’objet de la réforme du ministre tient en trois axes principaux : réduire le nombre de passages du ramassage des poubelles de deux passages à un passage par semaine ; modifier les heures de sortie des poubelles et enfin rendre obligatoire le tri des déchets à travers l’instauration de l’obligation du sac orange. 

Une réforme qui fait polémique et qui a du mal à passer auprès des Bruxellois…

Cette réforme est anti-démocratique et a été prise en dépit du bon sens.  Toute une série de personnes qui travaillent tous les jours et qui payent des impôts dans la capitale pour ce service de base vont être exclues du ramassage de leur poubelles, c’est assez injuste. 

Il y a quand même une incohérence, un habitant qui travaille toute la journée ne pourra pas avoir le moindre imprévu (y compris des heures supplémentaires au travail) sous peine de devoir rester avec tous ses déchets à la maison et de ne pas pouvoir sortir ses poubelles avant la semaine suivante ou d’avoir une amende administrative. C’est assez dramatique comme vision que l’on impose et cela va rajouter une pression supplémentaire par exemple sur les parents qui travaillent et qui n’ont pas la chance d’avoir un voisin ou un proche qui peut les aider pour sortir les poubelles aux nouvelles heures de ramassage.

Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir habiter dans des villas spacieuses ou dans des immeubles avec des locaux à poubelles. C’est injuste pour les personnes qui habitent dans des appartements sans balcon ni terrasse. C’est assez discriminant: opposer les bruxellois entre eux c’est visiblement la décision prise par la région bruxelloise et le projet politique que portent ses représentants.

Un manque de participation citoyenne

Il est dommage de voir une réforme d’une telle ampleur, portée à l’origine par un ministre écologiste, ne pas avoir permis une consultation plus large de la population sur les effets attendus et voulus par le citoyen. 

C’est une occasion manquée à Bruxelles pour défendre la participation citoyenne: il s’agit malheureusement d’un constat. Nous aurions pu être pionnier et novateur en la matière, on demande sans cesse l’avis des gens sur des matières qui les intéressent finalement peu, mais pas sur celles qui ont un impact majeur sur leur vie quotidienne, cela doit changer !

Le politique devrait faire des réformes pour aider le citoyen et non pas pour lui rendre la vie impossible. Cet exemple est très parlant, il a été fait dans la précipitation sans s‘inquiéter de l’impact concret pour les travailleurs. La campagne de publicité et d’information de grande ampleur de la région a débuté au début du mois de mai, pour une réforme qui va changer la vie des habitants quinze jours plus tard, ce n’est pas acceptable. Il faut faire la politique avec les citoyens et pas contre eux ou contre leurs intérêts.

L’arbre qui cache la forêt

On maquille la vérité sous couvert de vouloir empêcher les poubelles d’être éventrées par les animaux. Ce n’est pas exact, c’est surtout la mauvaise gestion financière de l’agence Bruxelles-Propreté pointée du doigt à de nombreuses reprises dans plusieurs audits qui pousse aujourd’hui la région bruxelloise à faire cette réforme afin de réaliser des économies sur le dos des citoyens. 

Depuis presque 2018, l’ABP est en faillite virtuelle, ce n’est pas normal et cela prouve que cela fait déjà plusieurs années qu’il aurait fallu changer la gestion de cette structure et ce n’est pas aux citoyens à subir les conséquences des politiques. Si la gestion de cette structure était bonne, d’autres solutions auraient été prises.

En conclusion donc, il s’agit d’une réforme non voulue par les citoyens, non concertée et réalisée par les chantres de la participation citoyenne, ceux qui prônent à longueur de journée le vivre-ensemble et la concertation mais qui sont les premiers à ne pas le faire une fois arrivés aux responsabilités, que cet exemple serve de leçon de ce qu’il ne faut surtout pas faire à l’avenir.

Alexandre Somma, Président des jeunes libéraux d’Uccle

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