VINCENT LORANT :  » L’OFFRE EST PLUS IMPORTANTE À LLN « 

Sociologue à la Faculté de Santé publique (UCL), Vincent Lorant a coordonné en 2011 une large enquête sur la consommation d’alcool à Louvain-la-Neuve. Ses conclusions.

Le Vif/L’Express : Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans cette étude ?

Vincent Lorant : Le fait que la consommation d’alcool est globalement élevée. Mais elle est généralement rationnelle : la majorité des étudiants tentent de maximiser les conséquences positives de l’alcool et de minimiser ses conséquences négatives. On ne peut pas dire que l’étudiant moyen boit de manière inconsidérée. Le profil-type de l’étudiant qui boit le plus, c’est un garçon, en première année d’études. Il habite dans un grand kot, est plongé dans un grand auditoire. Il n’est donc pas soumis à un important contrôle social mais il ressent par contre un besoin d’intégration sociale.

En termes de consommation, croyez-vous qu’il y ait un phénomène propre au site de Louvain-la-Neuve ?

Il semble en tous cas que le phénomène soit plus sévère à Louvain-la-Neuve que dans d’autres contextes. On observe d’ailleurs une nette différence entre Louvain-la-Neuve et Woluwé, par exemple. Pourtant, ce sont globalement les mêmes types d’étudiants que l’on y retrouve.

Comment expliquer ces différences ?

L’offre d’alcool est beaucoup plus importante à Louvain-la-Neuve. Un autre facteur : à Woluwé, les étudiants ont souvent des travaux pratiques le matin.

Quelles seraient vos solutions ?

Si on part du principe que l’étudiant a un comportement rationnel et qu’il veut réussir ses études, on pourrait mettre les travaux pratiques tôt en journée à Louvain-la-Neuve. Cela encouragerait les étudiants à être frais dès le matin. Et puis, il y a la question du prix de l’alcool. Il faudrait fixer dans les lieux de vente un prix-vérité, équivalent à celui que l’on trouve dans le commerce. Cela peut se faire via des mesures législatives. Mais on pourrait aussi décider d’arrêter de subsidier la bière. A Louvain-la-Neuve, on assiste parfois à des distributions de fûts gratuits. De même, l’UCL subsidie les cercles. Mais où vont ces subsides ? Certains cercles font des bénéfices plantureux !

Sait-on comment évolue la consommation des jeunes après leur passage par Louvain-la-Neuve ?

Pour le savoir, il faudrait organiser le suivi des étudiants. La littérature scientifique nous enseigne deux thèses en la matière. L’une prétend que les jeunes finissent par se ranger. Mais l’autre défend qu’une consommation problématique acquise au début de l’université se maintient à l’âge adulte. L’université tendrait donc des perches à des personnes qui ont une vulnérabilité particulière à ce type de dépendance. Et en se massifiant, l’université expose d’ailleurs un public croissant à une consommation d’alcool. C’est un problème.

V.D.

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