Une  » success story  » belge

750 000 spectateurs flamands ont déjà vu De Zaak Alzheimer (La Mémoire du tueur), le fort bon thriller d’Erik Van Looy, qui sort cette semaine en Belgique francophone

Erik Van Looy est un réalisateur comblé. Son polar bien mené, De Zaak Alzheimer, a fait un triomphe en Flandre, où trois quarts de million de spectateurs l’ont déjà vu, en faisant le quatrième succès populaire du cinéma belge après Coco Flanel, Hector (deux comédies avec Urbanus) et Daens, avec Jan Decleir. C’est justement ce dernier acteur, le  » Depardieu des Flandres « , que Van Looy a pris pour interprète dans le rôle principal de son film, un tueur à gages atteint de la maladie d’Alzheimer et dont la mémoire flanche alors même qu’il se révolte contre un contrat qui voudrait lui faire abattre une gamine victime de réseaux pédophiles, et devenue témoin trop gênant pour quelques notables sans scrupule…

 » Je ne pensais pas au départ que Decleir accepterait de jouer ce rôle, très éloigné de ce qu’il avait fait auparavant, explique le cinéaste, mais il l’a vu comme un défi à relever, et il lui a donné sa plénitude dans l’ambiguïté, la complexité morale qui était au c£ur du roman de Jef Geeraerts.  » De Zaak Alzheimer ( La Mémoire du tueur, dans sa version française qui sort cette semaine) est en effet adapté d’un roman du fameux écrivain flamand, maître dans l’emploi social et politique du polar à suspense. Il met sur la piste du tueur malade un duo de policiers, Vincke et Verstuyft, qui animent plusieurs livres de Geeraerts et dont Erik Van Looy va bientôt porter une nouvelle enquête à l’écran. Dans La Mémoire du tueur, le duo est incarné par Koen de Bouw et Werner de Smedt, deux visages bien connus d’un public néerlandophone qui a vu le cinéma (parfois) et la télévision (surtout) lui offrir les vedettes qui, à quelques exceptions près, comme les Poelvoorde, Gourmet et Marie Gillain, manquent singulièrement au sud du pays.  » Le fait de disposer de comédiens réellement populaires est bien sûr un atout pour les cinéastes flamands, commente Van Looy, car ceux-ci peuvent attirer le public dans les salles. Il y a en Flandre une culture du succès, qui peut aussi donner aux spectateurs une certaine fierté quand ils vont voir un film flamand qui marche…  »

Le réalisateur, encore surpris par l’ampleur du triom-phe de son film, évoque volontiers  » ce paradoxe belge qui fait que les cinéastes flamands, qui ont un vrai public, envient les succès critiques de leurs collègues francophones, reconnus même à l’étranger mais qui envient, eux, le succès populaire de leurs collègues flamands ! « . Heureux homme que Van Looy, qui a obtenu les deux : le succès commercial et de très bonnes réactions critiques, non seulement en Flandre, mais aussi en Grande-Bretagne et en France, où son film sort également ces jours-ci. On suivra non sans curiosité la carrière wallonne et bruxelloise de La Mémoire du tueur, histoire de voir si un bon film de genre peut briser la triste cloison qui existe malheureusement entre les réalités cinématographiques du sud et du nord de notre pays.

L.D.

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