Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens: un manque criant de crèches ? Tout le monde s’en fout, puisque ça affecte les mères (chronique)

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Trois. A peine 3 communes sur 262 offrent suffisamment de places de crèches sur leur territoire par rapport aux besoins. Un problème aigu qui, pourtant, n’est jamais devenu un priorité politique.

Meix-devant-Virton. Petite entité frontalière de la province de Luxembourg, où la quantité d’hectares boisés (2 590) égale quasiment le nombre d’habitants (2 807). Ces derniers seraient-ils tous vieux? Asexuels? Infertiles? Parce que, pour autant que les organes reproductifs de ses concitoyens se trouvent en état de fonctionner de manière similaire à ceux de la population générale, l’un ou l’autre bambin doit bien (apprendre à) y gambader, dans ces hectares boisés. Pourtant, pas une crèche sur le territoire communal. Zéro. Nada. Pas même huit petites places disponibles, juste pour dire, comme à Mont-de-l’Enclus. Ni de service minimum, comme à Houyet (douze), Trooz (38) ou Binche (150, mais qui ne correspond qu’à un taux de couverture de 19% vu le nombre d’enfants en âge de fréquenter une structure préscolaire).

L’ absence d’ambition publique en matière d’accueil préscolaire n’est que le reflet du patriarcat politique.

Rien de surprenant: la carte wallonne des places disponibles dans les crèches n’est qu’un océan rouge, où flottent seulement trois îlots vert foncé. A savoir La Hulpe, Lasne et Louvain-la-Neuve, où le taux de couverture dépasse les 90%. Tant pis pour les parents qui n’ont pas la chance d’y vivre, et pour qui dénicher une place d’accueil est aussi peu probable que de ne pas croiser un arbre à Meix-devant-Virton. Mais tant pis pour les mères, surtout. Qui prend principalement un temps partiel, un congé parental, des congés thématiques, une interruption de carrière? Elles (1). Qui, par conséquent, réduit ses revenus? Et qui, donc, augmente sa dépendance financière envers son partenaire?

Tout ça parce qu’il faut s’occuper des enfants. Et que c’est forcément à elles qu’incombe principalement cette tâche. Pourquoi ouvrir ou subventionner des crèches? Madame prendra un mi-temps! L’ absence d’ambition publique en matière d’accueil préscolaire n’est que le reflet du patriarcat politique ambiant. Où les ministres féminines de la petite enfance se succèdent, certes, mais pendant que les grands messieurs continuent de s’occuper des trucs importants, où ils confirmeront leur vision de la société: papa travaille, maman éduque les deux mouflets, et le chien court dans le jardin autour de leur villa quatre façades. Alors que les personnes seules et les familles monoparentales représentent 45% des ménages belges.

Pourtant, des mères qui travaillent, ça ne dérange pas les banques: seul(e) ou en couple, bonne chance pour décrocher un crédit avec un unique salaire. Ça n’embête pas non plus le capitalisme et ses incitations permanentes à la dépense. Ça arrange même plutôt le politique, qui chasse toujours plus les inactifs (chômeurs, malades de longue durée, retraités ; trois catégories où les femmes sont loin d’être minoritaires, soit dit en passant). Mais qui met si peu en place pour que ces mères puissent poursuivre leur carrière.

En résumé, il faut donc: faire fonctionner son utérus (les nullipares, ces anomalies de la vie! ) tout en continuant à bosser, bosser, bosser, au boulot et à la maison (coucou la charge mentale!), et ne surtout pas compter sur une aide publique, genre des crèches en quantité suffisante. Puis ne pas s’étonner que les femmes souffrent davantage de burnout, dépression et autres maladies de longue durée.

@unesacreepaire(1) Exemples chiffrés: selon l’Onem, 66% des congés thématiques, en 2020, étaient pris par des femmes. Et en 2021, le travail à temps partiel concernait 42,1% des femmes salariées pour 11,6% des hommes, d’après Statbel.

Evasion romanesque

Maria Alyokhina, figure du groupe de punk rock russe et féministe Pussy Riots, a vécu une histoire «digne d’un roman d’espionnage», a-t-elle expliqué au New York Times. La militante, recherchée par la police pour purger une peine de prison, s’est enfuie de Russie où son groupe milite pour les droits des femmes et s’oppose fermement au régime en place. Comment a-t-elle échappé à la police moscovite? En se déguisant… en livreuse de repas, glacière sur le dos. Désormais réfugiée en Lituanie, elle n’en revient toujours pas d’avoir réussi son coup.

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harceleurs ont déjà été interpellés à Liège depuis l’initiative «policière-appât». La police liégeoise a mis en place un stratagème pour lutter contre le harcèlement de rue: habiller une policière en civil, et, dès que celle-ci est confrontée à des sifflements, propos déplacés ou insultes, une équipe intervient grâce à une oreillette et dresse une contravention. Une initiative saluée, jusqu’à ces mots de la police, relatés dans la DH, qui ont fait polémique: «La policière s’habille correctement, pas de manière aguicheuse.» Pour rappel, la tenue ne justifie pas le harcèlement…

Un congé menstruel en Espagne?

C’est une première européenne. L’Espagne s’apprête à voter une loi permettant aux femmes souffrant de douleurs menstruelles d’avoir droit à trois jours de congé. Il s’agira du premier pays européen à offrir cette possibilité, qui existe déjà au Japon et en Indonésie. Le projet de loi garantira également des protections hygiéniques gratuites dans les écoles. Avancée pour les femmes ou nouveau facteur d’inégalité de recrutement sur le marché du travail?

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