Une question d’apparence

La génération mon-tante rejoint les chorégraphes confirmés pour une belle fête de la danse organisée par la Balsamine et le Marni, à Bruxelles

Danse Balsa Marni, à Bruxelles, du 2 au 19 juin. Tél. : 02 735 64 68.

C’est désormais une habitude : au mois de juin, le festival Danse à la Balsa anime la fin de la saison scénique bruxelloise. Selon une heureuse tradition, cette manifestation consacre son affiche aux chorégraphes qui vivent et travaillent dans la capitale, ce qui, l’air de rien, fait beaucoup de monde. Afin de mieux répondre aux nombreuses propositions chorégraphiques qui lui sont faites, le théâtre de la Balsamine s’est uni au théâtre Marni. Dorénavant, le festival s’appellera donc Danse Balsa Marni, et pourra élargir le public de ces deux salles et offrir leurs scènes à davantage de chorégraphes.

La première programmation Danse Balsa Marni, élaborée en commun par Christian Machiels et Joëlle Keppenne, respectivement directeur de la Balsa et directrice du Marni, associe les anciens et les nouveaux chorégraphes. Ils assurent ensemble une affiche à l’aspect plus artisanal que multimédia et, donc, à distance de cette vogue qui veut que, à tort ou à travers, on charge tout ce qui bouge d’un flot de technologies nouvelles.

Bien qu’il n’y ait pas de thème imposé, on peut cependant dégager quelques préoccupations communes à différents artistes invités au festival : la représentation de soi, par exemple. Cette idée qui peut se décliner en distorsions et métamorphoses est exploitée par Barbara Mavro Thalasitis dans un Pas de deux avec créatures polymorphes et acéphales, un duo très original sur l’introuvable harmonie. On en trouve également une variante chez Florence Corin et sa création intitulée Niks, un travail sur la déformation de soi. Un peu plus sophistiqué en termes de moyens, ce Niks, inversion du mot  » skin  » (peau), utilise les costumes et l’écran vidéo, tous deux en latex, comme prothèses ou, en tout cas, comme un prolongement du corps de l’interprète et de son ombre. Représentation de soi, encore, avec Lichen, de Fré Verbrouck, où il est question d’intime, de pudeur à récupérer face à une liberté de m£urs mal gérée.

Passons aux aînés, et à leurs idées quelque peu plus sophistiquées. Fernando Martin û que l’on voit, de manière incompréhensible, décidément trop peu à l’affiche û sera présent avec Mordre à travers, une création en deux épisodes. Dans un premier temps, on y traite de  » pureté  » chorégraphique, à travers un travail sur le mouvement inspiré par des images suggérées par le Yi-King (livre chinois de divination). Dans le second épisode apparaîtra une variante sur la métamorphose, le véritable sujet de ce diptyque en cours d’élaboration.

Dans un autre registre, la chorégraphe Joanne Leighton s’essaiera à un exercice souvent loupé par d’autres : faire participer le public à la création d’un spectacle. A partir d’une gamme de mouvements définis, la chorégraphe a imaginé un menu comportant un volet musiques, un volet costu- mes et une série d’accessoires. Pour chaque séquence, d’une durée de dix minutes, il appartiendra au public de donner le ton en intervenant sur les différents choix possibles. Aussi, chaque soirée Made in Taiwan, allusion au prêt-à-porter, sera en principe unique.

Dans un domaine complètement différent, José Besprosvany se lancera dans une première version corporelle de l’opéra (version allégée) de Madame Butterfly, de Puccini, histoire de questionner les valeurs du monde occidental. Manipulés, manipulateurs et voix off pour les commentaires formeront la base d’un spectacle qui devrait connaître des développements ultérieurs. Enfin, quelques autres signatures, comme celles de Thierry Smits, d’Erika Zueneli ou de Lisa Da Boit, ajouteront, si nécessaire, du mordant à ce festival tout en surprises.

Lucie Van de Walle

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