Une escapade exotique

Barbara Witkowska Journaliste

L’Orchestre philharmonique royal de Liège nous invite à un nouveau festival qui nous plonge au coeur de l’âme orientale. Féerie et éblouissement garantis.

Liège deviendrait-elle Istanbul-sur-Meuse ? Un long week-end va y prendre très bientôt des couleurs résolument orientales.  » Notre festival de demi-saison, baptisé Les Orientales, propose un voyage à Istanbul, Bagdad et Shanghai, explique Jean-Pierre Rousseau, directeur de l’OPRL. L’Orient continue à envoûter. Nous restons fascinés par les sons venus d’ailleurs et par les grandes civilisations orientales. Notre mode de vie est américain et en même temps, on a besoin d’Orient. Quand on cherche du sens, c’est de ce côté-là qu’on regarde.  »

On applaudira Fazil Say, icône de la Turquie progressiste. Il interprétera le 2e Concerto pour piano de Camille Saint-Saëns, ce grand voyageur en Palestine et à Istanbul qui aimait imprégner ses musiques de couleurs locales.  » Fazil Say est un compositeur formidable et un pianiste hors normes, je le connais depuis longtemps, nous l’avons déjà invité à Liège en 2002, avant qu’il ne devienne vedette malgré lui « , note Jean-Pierre Rousseau. Rappelons que Fazil Say a été condamné il y a quelques mois à Istanbul pour avoir affiché son athéisme et avoir posté sur Facebook des messages jugés insultants envers l’islam par l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir.

On gardera une oreille très attentive pour les jumelles Ferhan et Ferzan Önder, nouvelles étoiles du piano. Nées à Istanbul, nourries par les Contes des Mille et Une Nuits, elles donneront le meilleur d’elles-mêmes dans un programme taillé sur mesure : Dans les steppes de l’Asie centrale de Borodine, Shéhérazade de Ravel ou encore trois danses de Gayaneh de Khatchaturian. Solidaires de la nouvelle génération de compositeurs turcs, elles interpréteront également le Concerto pour deux pianos et orchestre Gezi Park 1 de Fazil Say, illustration musicale des événements qui ont secoué Istanbul au printemps 2013.  » Une oeuvre cinématographique, prenante et exceptionnelle qui pourrait être du Leonard Bernstein car elle fait songer à West Side Story ou On the Waterfront « , souffle Jean-Pierre Rousseau.

Les amoureux de musique russe ne rateront pas Shéhérazade de Rimski-Korsakov à qui l’OPRL, sous la baguette de son chef Christian Arming, rendra toute sa voluptueuse expression. Claude Ledoux, compositeur belge et grand voyageur épris d’Orient, présentera, lui, sa nouvelle création.  » Quand j’ai reçu la commande de l’OPRL, je devais me rendre à Shanghai, confie-t-il. J’y ai rencontré Lu Yiwen, joueuse d’erhu et une véritable star dans son pays. L’erhu est une vielle traditionnelle à deux cordes, au timbre chaleureux, très proche de la voix humaine. Cet instrument fragile ainsi qu’une calligraphie chinoise m’ont inspiré Crossing Edges, une oeuvre qui reflète ma manière de voir le croisement des cultures chinoise et occidentale. Très émotionnelle, elle intègre des propositions musicales tendres et des expressions plus ludiques où l’on retrouvera la virtuosité de l’erhu « . De quoi faire, nous aussi, un beau voyage sur les chemins touffus de l’Orient.

Les Orientales, du 21 au 23 février, Salle Philharmonique de Liège, www.oprl.be

Et aussi, le 13 février au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (l’OPRL, Ferhan et Ferzan Önder, piano), www.bozar.be

Barbara Witkowska

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