Un pirate en prison

Le jeune pirate somalien, Omar Mohammed Abdiwahad, attend son procès en appel. Après ? Il pourrait demander l’asile politique.

La plus grande discrétion entoure le séjour en prison du premier pirate somalien jugé en Belgique, Omar Mohammed Abdiwahad, environ 18 ans (il a essayé de se faire passer pour plus jeune). Il a été détenu préventivement à la prison de Forest et il s’y trouve probablement encore dans l’attente de son procès en appel. Le 29 juin, il a été condamné à dix ans de prison par le tribunal correctionnel de Bruxelles. Exactement le tarif que réclamait le parquet fédéral. Notamment en raison de la dureté dont il a fait preuve à l’égard de deux membres de l’équipage du dragueur belge Le Pompéi, retenus en otage pendant septante et un jours et qui se sont constitués parties civiles. Le Pompéi avait été capturé en avril 2009, à 400 miles des côtes somaliennes. Fin juin 2009, le navire et son équipage ont été libérés contre une rançon de 1,94 million d’euros.

Mais le destin a voulu que, un, Omar poursuive sa carrière de pirate et s’apprête, en novembre 2010, à attaquer le Petra I, affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de nourrir les affamés de Somalie. Et que, deux, la frégate belge Louise-Marie soit justement en patrouille, dans le cadre de l’opération Atalante de sécurisation militaire européenne de la zone. Trois membres de l’équipage du Pompéi ont reconnu, sur photo, le pirate, qui avait également laissé des traces ADN sur le bateau et conversé par téléphone avec un chef pirate notoire. Il a donc été ramené en Belgique, pour l’exemple, la justice manquant de preuves pour les sept autres assaillants [lire en pages suivantes l’interview du Pr Louis le Hardy de Beaulieu]. Durant son procès, Omar Mohammed Abdiwahad a nié farouchement avoir attaqué le Pompéi, mais a reconnu – c’était un flagrant délit – la tentative d’arraisonnement du Petra I.

Quel avenir ?

 » C’est un détenu sans histoire particulière « , se borne à dire Laurent Sempot, porte-parole de l’administration pénitentiaire. Pour un jeune habitué à vivre au grand air, n’est-ce pas une condition pénible ?  » Ce n’est pas différent pour les gens du voyage, répond évasivement le porte-parole. Une incarcération n’est facile pour personne.  » Que sa peine soit réduite ou non, l’avenir du jeune Somalien se posera à court terme, lorsque, arrivé au tiers de sa peine, il pourra demander une libération conditionnelle. Ou même avant, si l’Office des étrangers ne lui reconnaît pas de droit au séjour. Il sera alors libéré provisoirement  » aux fins d’éloignement  » et renvoyé en Somalie, pour autant qu’il ait une adresse dans ce pays et qu’il ait commencé à indemniser ses victimes. Il a été condamné à leur verser 35 000 euros de dédommagement.  » A l’heure actuelle, il est impossible de savoir ce qu’il en adviendra, assure le porte-parole de l’administration pénitentiaire. Cela dépend de l’Office des étrangers.  » Reste une dernière hypothèse, pas la moins vraisemblable : que le pirate somalien demande l’asile politique en Belgique.

Marie-Cécile Royen

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