Un pays de migration

Ici, les candidats acquéreurs à haut pouvoir d’achat chassent les ménages à plus faible revenu vers le Hainaut voisin. Autre fait marquant : l’effervescence sur le marché des appartements neufs haut de gamme

Région carrefour entre Bruxelles, la province de Hainaut et celle de Namur, le Brabant wallon est aussi réputé pour sa qualité de vie que pour celle de ses logements. Selon le bilan présenté par la Chambre des notaires de la province, on y trouve moins de logements vétustes que dans le reste de la Wallonie (26 % des immeubles ont été construits après 1971). De plus, la surface des logements y est plus grande, il y a moins de maisons mitoyennes et la proportion de maisons quatre façades bien équipées (chauffage central, double vitrage…) y est particulièrement élevée.  » Les Bruxellois qui viennent vivre en Brabant wallon ont déjà, dans leur tête, fait des concessions quant à l’accessibilité de Bruxelles. Ce qu’ils recherchent avant tout, c’est une qualité de vie, de la verdure et un meilleur rapport qualité-prix pour leur habitation… « , explique Christophe Hendrix, administrateur délégué de l’Immobilière Hendrix. Un attrait que les chiffres ne démentent pas puisque, comme en 2004 et pour la troisième année consécutive, la demande dépasse l’offre. D’où une nouvelle augmentation des prix en 2005. Les quatre communes les plus chères du Brabant wallon restent Lasne, Waterloo, La Hulpe et Rixensart : les prix moyens des maisons d’habitation y atteignent respectivement 496 000 euros, 360 000 euros, 350 000 euros et 340 000 euros.

L’ensemble du marché immobilier de la province connaît une hausse moyenne de 15,5 % ; les maisons et les appartements ont augmenté de 13 %, tandis que les terrains à bâtir, devenus très rares, se sont envolés et affichent une augmentation de 21 %.

Cette forte majoration des prix et le manque cruel de logements sociaux entraînent une migration forcée des ménages à faibles revenus vers les provinces de Hainaut et de Namur où les prix restent inférieurs.

Les quatre communes les meilleur marché se trouvent aux extrémités de la province. Les maisons d’Hélécine, Tubize, Rebecq et Orp-Jauche se vendent respectivement au prix moyen de 158 000 euros, 158 750 euros, 173 113 euros et 173 500 euros. Dans ces communes, on recense de plus en plus de jeunes, exclus de la Région bruxelloise ou de la zone trop chère du Brabant wallon par le niveau des prix et l’absence de biens, qui se replient sur le segment des petites maisons de type ouvrier, deux façades avec jardin, très recherchées et dont le prix se négocie sous la barre des 150 000 euros.  » Je suis notaire à Rebecq depuis deux ans, nous confie Me Catherine Poncelet. Ce qui me frappe le plus, ce sont les Rebecquois qui n’ont plus l’argent pour acheter dans leur propre région. Deux nouveaux lotissements ont été ouverts à l’entrée de Rebecq et ce sont tous des jeunes Bruxellois qui ont acheté.  »

Depuis 2001, les prix de l’immobilier ont augmenté, selon les communes, de 20 à 50 %. En 2005, la spéculation a surtout porté sur les biens évalués entre 100 000 et 200 000 euros, secteur où l’offre est bien moins importante que la demande.

Réelle nouveauté en 2005, l’effervescence sur le marché des nouvelles constructions d’immeubles à appartements haut de gamme.  » En 2005, le nombre d’appartements neufs offerts sur le marché a explosé, tant à Ottignies qu’à Louvain-la-Neuve ou à Chaumont-Gistoux, précise Christophe Hendrix. Cette tendance correspond à la demande d’une clientèle aisée, dont l’âge minimum est de 50 ans. Certains de ces clients cherchaient depuis longtemps à vendre leur villa pour s’installer dans un appartement confortable, à proximité de leur ancien lieu de vie. Pour d’autres, il s’agit d’investir, à long ou moyen terme, dans une habitation  » pour leurs vieux jours « . Il est vrai que les appartements sont en nombre insuffisant, parfois même totalement inexistants dans 50 % des communes du Brabant wallon.  » La tendance va se poursuivre, termine Christophe Hendrix. A Chaumont- Gistoux, j’ai déjà vendu 90 % d’un projet dont la première pelletée ne sera donnée qu’en avril 2006 ! Dans ces ventes, le prix n’a jamais été une source de discussions, au contraire, on s’adresse à une clientèle qui rajoute un budget pour obtenir une meilleure finition…  »

N.R.

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