Un musée collectif

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Après un départ tumultueux et huit mois d’ouverture, le Mima bruxellois affiche des résultats plus qu’encourageants. Même si tout reste à écrire.

C’est l’histoire d’un musée pas comme les autres, une sorte d’ovni culturel en marge des institutions, qui a choisi pour son inauguration un jour singulier : le 22 mars 2016, date désormais gravée dans le marbre sombre de l’histoire nationale… L’ouverture en question est immédiatement postposée au 15 avril.  » Nous avons choisi d’interpréter cela comme un signe positif, à savoir l’obligation pour le projet de s’ancrer socialement sur la commune de Molenbeek qui le porte… Nous en avions déjà conscience lorsque l’idée a germé, mais le télescopage des dates en a fait une priorité « , explique Raphaël Cruyt, l’un des responsables du Millenium Iconoclast Museum of Art. Dès les premiers jours, la presse internationale s’emballe : double page et cover du New York Times, articles élogieux parus dans Le Monde, El País, Washington Post… Mais, forcément vu les circonstances, aucun touriste. Le cocurateur de la première exposition commente :  » C’était à la fois le rêve et le cauchemar. Nous avions misé sur une fréquentation de 80 % de visiteurs étrangers contre 20 % de Bruxellois. C’est le contraire qui s’est produit. Il y a eu une sorte de fierté pour les locaux de montrer que la ville leur appartenait et que ce nouveau projet en était une vitrine.  » Résultat des courses : en huit mois, le Mima fait valoir une fréquentation de 40 000 visiteurs, ce qui dépasse les espérances des promoteurs de ce musée 2.0. Fonctionnant uniquement sur du crowdfunding et des partenariats, le projet se veut une initiative citoyenne reposant sur un modèle d’économie culturelle différent. Cruyt d’insister sur cet aspect :  » Le Mima émane de la société civile, il est à taille humaine car basé sur une utopie : nous voulons que les citoyens sanctionnent la réussite ou l’échec du musée. Si la fréquentation chute, c’est que nous ne faisons pas sens et il faudra tourner la page. C’est pour cette raison que nous avançons de manière progressive, afin que si tout s’écroule, ce ne soit pas un drame.  » Jusqu’ici, on peut considérer qu’avec sa première exposition – City Lights, rassemblant Maya Hayuk, Swoon, Momo et le duo Faile -, le lieu était en rodage. Février 2017 marquera  » les premiers coups de pédale  » avec un accrochage dédié à Boris Tellegen aka Delta, artiste néerlandais réputé qui a contribué à renouveler les codes esthétiques de l’art urbain. On l’attend avec impatience.

MICHEL VERLINDEN

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