Un marché soutenu, mais…

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Les statistiques disponibles pour le premier semestre de 2011 illustrent la bonne santé globale de l’immobilier à Wavre et à Ottignies-Louvain-la-Neuve. A quelques segments près…

Ils n’en finissent pas de finir, les travaux de l’avenue des Combattants. Quand on se balade du côté d’Ottignies, c’est évidemment l’une des premières choses que l’on remarque, comme la cicatrice au milieu d’un village. Elle se referme, petit à petit, mais cela prend du temps. Avec une influence sur la fluidité immobilière des alentours ? D’après Frédéric Menschaert, qui dirige l’agence Century 21 – C£ur de Ville, laquelle est établie à un jet de pierre de la fameuse avenue, il n’en est rien :  » Ce qui compte véritablement, c’est la situation, la proximité de la gare et du centre. « 

Depuis plusieurs années, la tendance ne cesse en effet de se vérifier : les biens situés près des n£uds de communication bénéficient d’un attrait d’autant plus fort que les clients, fatigués d’être bloqués dans les embouteillages, veulent pouvoir prendre le train facilement ou rentrer rapidement chez eux après s’être extirpés de l’autoroute.  » E411, E25, gares : tout ce qui est à proximité des transports apporte une plus-value. Surtout que nous sommes dans une région particulièrement privilégiée au niveau immobilier, grâce à l’université, aux parcs d’affaires etc. « , commente Myriam Mahiant, gérant de l’agence Altis, basée à Limal. Comme le signale le notaire Mignon, qui centralise toutes les études immobilières du notariat provincial, les villes de Wavre et d’Ottignies-Louvain-la-Neuve font partie de ce qu’on pourrait appeler le  » triangle d’or  » de la province.  » Les confrères que j’ai interrogés me l’ont confirmé : le marché reste soutenu et la demande reste forte. Dans certains coins, il manquerait même d’immeubles en vente, tant la demande est forte « , explique Jean-Paul Mignon.

Des maisons au goût du jour

Pour autant, le notaire n’est pas homme à se baser uniquement sur des impressions. Piochant dans les chiffres récemment livrés par l’Institut national de statistique (INS), Maître Mignon tempère quelque peu l’enthousiasme qui pourrait déborder de manière un peu déraisonnable.  » Lorsque l’on analyse objectivement le marché, on remarque, pour Ottignies, que le prix moyen des maisons de rangées simples est passé de 263 500 euros en 2007 à 245 000 euros pour les six premiers mois de 2011. On peut dès lors penser que les maisons de rangées sont arrivées à une sorte de maximum. Pour les villas, la donne est un peu différente : on est passé de 326 000 euros de moyenne en 2008 (année du pic immobilier avec 2007) à 339 000 euros pour le premier semestre 2011 : en clair, il y a une hausse, mais on arrive à peine à dépasser les canons de 20072008. « 

Quand on confronte ces chiffres avec l’opinion des agents, on se rend compte qu’ils sont un peu dissonants. D’après Myriam Mahiant, qui habite elle-même à Ottignies  » les maisons de rangées à proximité de la clinique par exemple, se négocient à 290 000 voire 300 000 euros. L’an passé, l’une de ces maisons s’est vendue, chaussée de la Croix, à 295 000 euros, avec 6 mètres de façade et sans garage. Je trouve qu’on reste dans de belles valeurs, d’autant que ces maisons unifamiliales, souvent assez hautes, proposent 4 ou 5 chambres. Ce qui, quand on veut loger une famille, permet d’éviter la solution villa où l’on doit débourser 100 000 euros de plus « .

Phénomène mis en exergue par les professionnels (et ce n’est pas propre à la zone) : les candidats vendeurs doivent être raisonnables dans leurs attentes. Rien ne sert de lancer la vente à un prix démesuré : les clients potentiels sont tellement bien informés, aujourd’hui, qu’il ne sert à rien d’essayer de les embobiner.  » Enormément de propriétaires pensent encore que la crise n’a affecté que le bien du voisin, pas le leur. Seuls ceux qui ont véritablement perdu de l’argent en 2008 semblent réaliser qu’il y a eu un changement de donne. Et l’une des principales pierres qui se baladent dans notre chaussure, c’est d’arriver à convaincre les vendeurs d’être raisonnables « , raconte Frédéric Menschaert.  » Il faut démarrer au bon prix, renchérit Myriam Mahiant. Les gens connaissent bien la valeur des maisons et comparent volontiers. Tout ce qui baisse, en général, avait été annoncé trop haut au départ. Mais au bon prix, les biens s’écoulent encore rapidement.  » Pour la professionnelle, une autre tendance peut être soulignée : les acheteurs n’ont plus envie de mettre la main à la pâte. Autant dire que les maisons  » nickel chrome  » récoltent largement leurs faveurs :  » La société actuelle, basée sur les loisirs, ne permet plus vraiment aux gens de bricoler. En d’autres termes, ils veulent acheter une maison qui soit parfaitement en ordre. Je ne pourrais donc qu’encourager les propriétaires à garder leurs biens au goût du jour. « 

Production hors normes d’appartements

Ottignies-Louvain-la-Neuve, dont l’attractivité immobilière n’est plus à démontrer (le contexte de vitalité économique propre à la région, conjugué à sa relative qualité de vie), se distingue également par sa production hors normes d’appartements. Si l’on se fie aux chiffres de l’INS, relevés par le notaire Mignon, 271 appartements se seraient vendus en 2008 dans la ville. Ce qui est énorme comparativement à Wavre, par exemple, où la même année, seuls 122 appartements se sont écoulés.

Pour les six premiers mois de 2011, près d’une centaine de ces biens se sont déjà vendus dans la cité chère au mayeur Roland. Prix moyen ? 174 500 euros. C’est-à-dire un peu moins que les standards établis en 2008 (183 000 euros).  » De manière globale, l’INS a relevé un tassement de la valeur des appartements pour l’ensemble du pays « , soutient le notaire Mignon. A Wavre, dans ce segment précis, on vend peut-être moins d’appartements que chez la voisine universitaire, mais on les vend plus cher :  » Une centaine d’appartements devrait se vendre en 2011 : pour le premier semestre, le prix moyen était situé à 189 000 euros « , poursuit le notaire.

Wavre, de manière générale, connait une belle remontée au niveau statistique. Prenez les chiffres des maisons d’habitation : on était à 232 000 euros de moyenne en 2010, on est passé à 238 000 pour les premiers mois de 2011. Mais c’est plus encore au niveau des villas que les chiffres interpellent.  » Je ne m’explique pas cette hausse. Mais en tout cas, on est passé, pour les deux premiers trimestres de 2011, à 419 000 euros de moyenne, pour 41 ventes, ce qui est tout de même représentatif. C’est impressionnant. Est-ce que les gens, par manque de terrains, se rabattent sur les villas au lieu de construire ? Je n’ai pas vraiment la solution « , reconnaît Jean-Paul Mignon. Comme quoi, l’immobilier n’est pas une science exacte…

GUY VERSTRAETEN

Les acheteurs n’ont plus envie de mettre la main à la pâte

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire