Un iPad dans chaque cartable ?

Une expérimentation de ce type sera bientôt menée en collaboration avec le cabinet Marcourt.

L’iPad attaque le marché de l’éducation. Selon nos informations, la filiale belge d’Apple s’emploie à nouer des partenariats avec les différents acteurs de l’enseignement (éditeurs, universités, cabinets ministériels…) de la Fédération Wallonie-Bruxelles afin d’amener sa tablette et ses autres plates-formes technologiques (iTunes, iPod…) dans les salles de classe. Un mouvement à vrai dire peu surprenant, l’éducation étant un  » bastion  » de la marque à la pomme depuis de nombreuses années.

 » Dans leur vision, l’iPad doit devenir le terminal par défaut pour tous les types d’outils pédagogiques, explique un éditeur actif dans les ouvrages d’éducation. Pour eux, il s’agit du chaînon manquant entre le manuel scolaire traditionnel et l’ordinateur.  » En filigrane, on décèle une allusion à l’égard des plans Cyberclasse de la Région wallonne qui ont poursuivi le louable objectif d’équiper les écoles en matériel informatique mais qui n’ont pas toujours produit les résultats espérés sur le terrain. La faute, souvent, à un manque de maîtrise de ces nouveaux supports dans le chef des enseignants. Léger, tactile et intuitif, l’iPad est, selon Apple, le trait d’union qui réconciliera les profs avec la sphère des nouvelles technologies.

Un intérêt mitigé

Mais les éditeurs actifs dans le livre scolaire affichent un intérêt variable face à l’ardoise magique du constructeur américain. Chez Averbode, on veut se positionner en pointe de cette avancée technologique avec une première application qui tourne sur iOS (système d’exploitation de l’iPad et de l’iPhone), mais aussi sur Android (système concurrent de Google). Quant au contenu, Jean-Marie Delmotte, responsable de la recherche et du développement chez Averbode, se limite à affirmer que cette application va  » au-delà de la simple transposition du manuel scolaire avec des enrichissements multimédias « . Pour le reste, motus…

Parallèlement, ce même éditeur travaille à un test grandeur nature de l’usage des tablettes dans un environnement scolaire. Jean-Claude Marcourt, ministre wallon des Technologies nouvelles et de l’Enseignement supérieur (PS), est le sponsor de cette expérimentation, qui compte également Apple et Voo/Tecteo comme partenaires.  » Cela participe d’une réflexion plus globale sur l’avenir des plans cyberclasse, explique- t-on au cabinet Marcourt. L’iPad est une option parmi d’autres. Il y a deux difficultés à résoudre : faire de la prospective à dix ou quinze ans dans un univers qui bouge très vite et financer cette évolution.  » Mettre un iPad dans les mains de chaque élève aurait effectivement un prix…

Un prix qui est aussi stratégique, l’iPad et l’AppStore (magasin d’applications) formant un écosystème fermé qui impose ses règles du jeu, ce qui rebute certains éditeurs. De Boeck, qui réalise quelque 10 % de son chiffre d’affaires dans les produits numériques, affiche ainsi un enthousiasme plus tempéré qu’Averbode pour l’iPad.  » Globalement, il y a deux freins, explique Chantal Lambrechts, directrice marketing et communication. Tout d’abord, Apple Belgique est extrêmement avare en données sur le marché. De nombreuses questions restent en suspens : combien y a-t-il d’iPad en Belgique ? Quelles sont les caractéristiques socio-démographiques des utilisateurs ? Jusqu’à présent, Apple Belgique est davantage dans le « show » que dans le partage d’informations avec ses partenaires. Ensuite, l’iPad fonctionne en vase clos et nécessite un développement technologique propre. Or notre volonté est d’apporter un contenu validé au plus grand nombre et de garantir une certaine interopérabilité de nos produits destinés au numérique. Il n’est pas question, par exemple, de décliner notre catalogue pour un seul et unique acteur du marché et de s’interdire d’exister sur d’autres tablettes concurrentes. En fait, l’iPad nous pose une question stratégique : comment être présent sur ce terminal et à quelle vitesse faut-il s’y implanter, sachant que cet appareil n’est pas encore un produit totalement grand public ?  » Une interrogation qui n’a pas fini d’agiter le monde de l’éducation.

OLIVIER DE DONCKER

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