Un fantastique cabinet de curiosités scientifiques

Barbara Witkowska Journaliste

A Lessines, à l’Hôpital Notre-Dame à la Rose, l’exposition D’Ambroise Paré à Louis Pasteur nous invite à suivre l’évolution de la médecine et de la pharmacie du XVIe au XIXe siècle. Passionnant et instructif !

Fondé en 1242 par Alix de Rosoit, épouse d’Arnould IV d’Audenarde, l’hôpital Notre-Dame à la Rose est le dernier site hospitalier autarcique en Belgique, dont les deux aspects, conventuel et hospitalier, sont admirablement préservés. A la fois musée du site, musée d’histoire de l’art et musée d’histoire des sciences, il renferme un patrimoine unique. Aujourd’hui, il s’apprête à franchir une nouvelle étape.  » Son image est parfois associée à un monument historique de piété populaire, lié à la spiritualité et à la communauté religieuse, explique le conservateur Raphaël Debruyn. Notre idée est de développer des partenariats plus scientifiques et d’explorer davantage la thématique de l’histoire de la médecine et de la pharmacie. Nous avons pu entrer en contact avec un couple de collectionneurs qui, en trente ans, a réuni une extraordinaire quantité d’objets liés à l’évolution des techniques médicales et chirurgicales « . L’exposition D’Ambroise Paré à Louis Pasteur compte environ deux cents objets illustrant remarquablement cette évolution entre les XVIe et XIXe siècles.

Ambroise Paré (1509-1590) était un grand chirurgien barbier du XVIe siècle, à l’Hôtel-Dieu à Paris puis dans les armées de François Ier. Homme de terrain, très adroit de ses mains, il va améliorer, grâce à sa pratique empirique, des domaines médicaux très divers. Il créera notamment des instruments destinés aux extractions de carreaux (flèches) d’arbalète ou encore à la ligature des vaisseaux sanguins lors des amputations. Développés avec des couteliers, ceux-ci sont à la fois  » inquiétants  » et très raffinés, grâce à l’utilisation de matériaux nobles : ébène, ivoire et acajou. Le dialogue entre les dimensions scientifique et esthétique est toujours présent. Louis Pasteur (1822-1895), lui, était chimiste et physicien, pionnier de la microbiologie. On lui doit l’invention de la pasteurisation et des vaccins. Mais il a surtout fait évoluer les instruments de laboratoire.

En parcourant l’exposition, on a parfois des frissons dans le dos en découvrant par exemple une collection de scies d’amputation (dont certaines équipées d’une foreuse intégrée), les premiers forceps, inventés par les Anglais au XVIIe siècle, ou les instruments un peu  » barbares  » de trépanation. La section de la médecine des humeurs est plus amusante. Très en vogue au XVIIe siècle, elle visait l’équilibre des quatre humeurs dans le corps et des quatre éléments de l’univers, en pratiquant des purgations, des saignées et des lavements intestinaux, pour  » garder ses entrailles propres et nettes « . On admire tout un assortiment de seringues, appelées  » clystères « , mais aussi des lancettes (en écaille de tortue de Bornéo) pour pratiquer les saignées et de très beaux vases à sangsues. Autres curiosités : les premiers stéthoscopes en bois perforé dont un modèle équipé d’un amplificateur pour des médecins durs d’oreille et une pince pour couper le cordon ombilical en forme de cigogne, en argent ciselé, avec deux rubis sertis au niveau des yeux !

Jusqu’au 30 novembre. www.notredamealarose.com

Barbara Witkowska

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