Un employeur sur deux prêt à licencier ?

Selon une étude de la FEB, un chef d’entreprise sur deux craint des licenciements si aucun signal fort n’est lancé par le gouvernement en matière de compétitivité d’ici aux élections de 2014.

A la veille de la rencontre entre les gouvernements fédéral et régionaux sur le thème de la compétitivité des entreprises, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a mené une rapide enquête auprès de 350 patrons. De ce sondage, il ressort que 60 % des chefs d’entreprise interrogés affirment qu’ils vont rater des commandes si nos gouvernants ne prennent pas davantage de mesures en faveur de la compétitivité, d’ici aux élections de 2014. Pire : 50 % d’entre eux déclarent que cela aura un impact négatif sur l’emploi. En clair, cela signifie des licenciements. La moitié des patrons seraient-ils prêts à virer des employés en 2014 si les autorités ne prennent pas de nouvelles mesures favorables aux entreprises ?

IRRÉALISTE Certes, depuis le début de l’année, les chiffres des faillites d’entreprises et des licenciements sont alarmants. Mais l’étude de la FEB, elle, s’avère gratuitement alarmiste et ressemble même à une forme de chantage. En effet, selon la banque de données Graydon, il existe plus d’un million d’entreprises actives en Belgique. Oublions les 400 000 entreprises unipersonnelles et même les 115 000 ASBL. Restent près de 500 000 entreprises petites, moyennes et grandes. Si la moitié d’entre elles licenciaient ne fût-ce qu’un employé d’ici au 25 mai 2014, cela représenterait environ 250 000 emplois en moins. Soit une augmentation de demandeurs d’emploi de plus de 40 % en une demi-année. Absurde !

Depuis le début de la crise, l’année 2013 semble se montrer la plus cruelle en matière de pertes d’emplois. On enregistre déjà plus de 10 000 faillites depuis janvier, ce qui représente 23 000 emplois perdus. Les licenciements collectifs ont, eux aussi, explosé. Sur les neuf premiers mois de l’année, 103 entreprises ont réalisé une restructuration, selon le SPF Emploi. Ce qui s’est traduit par 7 691 emplois passés à la trappe, en trois trimestres. C’est beaucoup. On est néanmoins très loin des 250 000 emplois en péril sous-entendus par le sondage de la FEB. Dans un rapport de 1 à 8. En outre, la période évoquée par l’étude est plus courte (d’ici aux élections, il reste six mois). La FEB ne précise pas quels types d’entreprises ont été interrogées.  » Cette enquête reprend le sentiment général du patronat « , justifiait simplement dans Le Soir Pieter Timmermans, le président de la fédération.

En juin dernier, le Syndicat neutre des indépendants (SNI) avait interrogé 749 PME sur le même thème : 28 % d’entre elles avaient l’intention de licencier du personnel. C’est énorme également, mais déjà plus nuancé que ce qu’avance le sondage rapide de la FEB. Par ailleurs, toujours selon Graydon, le nombre d’entreprises créées en Belgique dépasse toujours celui des entreprises qui ont cessé leur activité. Le rapport entre les deux s’est certes réduit ces dernières années. Cela n’en représente pas moins une donnée positive, à prendre en compte pour l’emploi. Bref, si la volonté de la FEB est de mettre la pression pour que les gouvernements décident de diminuer les charges salariales, la technique de  » l’huile sur le feu  » semble, pour le moins, forcée…

Thierry Denoël

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