Un Brueghel peut en cacher un autre…

Brueghel… Un nom qui symbolise à lui seul l’une des périodes les plus riches de la peinture flamande. Une lignée de peintres, chevauchant trois générations, emblématique d’un siècle d’évolution de l’histoire de l’art.

Focus Brueghel, Palais des Beaux-Arts de Lille, Place de la République, Lille, jusqu’au 20 mai 2013. Entrée libre. www.pba-lille.fr

Nouveaux rendez-vous du Palais des Beaux-Arts de Lille, les  » Focus  » mettent en évidence une pièce des collections permanentes dans un dialogue étonnant avec des oeuvres issues de fonds et/ou de registres différents. Au centre des attentions, une toute récente acquisition : un dessin intitulé Paysage rocheux avec saint Jérôme dans sa grotte de Jan Brueghel de Velours (1568-1625).

Une dynastie

Mais comment parler d’un Brueghel sans évoquer les autres ? Entre les  » anciens  » et les  » jeunes « , les  » de Velours  » ou  » d’Enfer « , trois générations se sont succédé. Et à trois reprises, l’orthographe du nom a été modifiée. Autant de circonstances semant très efficacement la confusion. Rappelez-vous qu’il existe quatre Brueghel.  » L’Ancien  » – aîné de tous – n’est autre que le père, Pieter Bruegel. Celui-ci eut deux fils : Pieter Breughel le Jeune dit  » d’Enfer  » – même s’il n’a jamais représenté de scènes infernales – et Jan Brueghel dit  » de Velours « . Un qualificatif hérité de l’aspect velouté de sa touche. Ce dernier – qui nous concerne ici plus particulièrement – est aussi surnommé le  » Brueghel de Paradis  » (en raison de ses compositions florales ; le paradis étant le seul  » lieu  » où fleurissent en même temps toutes les fleurs) ou encore Jan Brueghel  » l’Ancien « . Et pour cause, il est effectivement l’aïeul de son fils, Jan Brueghel  » Le Jeune  » qui assistera son père en fin de carrière… Bref, il y a bel et bien matière à perdre le nord !

Acquisition exceptionnelle

En avril 2012, le Palais des Beaux-Arts et la Ville de Lille réalisent – grâce au soutien de différents fonds – l’acquisition exceptionnelle d’un magnifique dessin de Jan Brueghel de Velours (réalisé vers 1595 à la plume et encre brune). Premier dessin de l’artiste à intégrer les collections, il est aujourd’hui un formidable prétexte à cette exposition. En regard de ce Paysage rocheux avec saint Jérôme dans sa grotte, l’accrochage présente quelques estampes originales de son père évoquant un thème très en vogue à l’époque :  » Les sept péchés capitaux « .

Le tour de force de ce  » Focus  » ? Mettre ces merveilles de la Renaissance en présence de productions contemporaines. Aux gravures du maître ancien répond une vidéo d’un tout jeune plasticien, Antoine Roegiers (Braine-l’Alleud, 1980). Directement inspiré de Pieter Bruegel, l’artiste recrée un monde imaginaire teinté de poésie, de fantaisie et habité de créatures hybrides. Les paysages visionnaires de l’artiste japonais Ryuta Amae complètent la démonstration. D’abord minutieusement dessinées puis retranscrites dans des  » peintures digitales  » de grand format, ses compositions s’inspirent de l’art du paysage de Bruegel et de Bosch.

En complément, les visiteurs pourront découvrir le tableau tactile du Dénombrement de Bethléem de Pieter Breughel le Jeune. Soit une reproduction en relief prioritairement destinée au public non et mal voyant. Un dernier argument ? Cet accrochage temporaire est accessible gratuitement… Profitez-en, ce n’est pas si courant !

GWENNAËLLE GRIBAUMONT

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