Trois façons de vivre et de mourir…

Les religions permettent-elles le plaisir ? Comment considèrent-elles les femmes ? Comment évoluent-elles face à l’homosexualité ? Voici le point sur des thèmes – non exhaustifs – toujours d’actualité et analysés par des hommes d’ouverture.

1. Quand on n’a que l’amour

La sexualité

E Pour l’Eglise catholique :

Un philosophe comme Celse, vivant au IIe siècle, désignait les chrétiens de manière péjorative comme  » le peuple qui aime le corps « . Un fort courant chrétien a pourtant rapidement prôné le renoncement à la  » chair « , assimilée au péché.  » La société et les médias réduisent souvent la position de l’Eglise aux questions de morale sexuelle « , déplore le jésuite Charles Delhez, rédacteur en chef du journal Dimanche (1). Et pour cause : la révolution sexuelle des années 1960-1970 n’a guère fait changer la position de l’Eglise catholique sur la sexualité, qui ne se conçoit toujours que dans le mariage. Une évolution tout de même : le mariage catholique n’a plus pour seul but la procréation. Les mariés, sous Benoît XVI, ont droit aussi au plaisir sexuel, même si le pape insiste toujours sur le lien à la fécondité.

Et la contraception ? Depuis Paul VI, l’Eglise recommande les méthodes naturelles et interdit les moyens artificiels de régulation des naissances. En 2003, le Vatican affirmait encore que  » parler du préservatif comme une sécurité revient à jouer à la roulette russe « .

E Pour le judaïsme :

Les relations sexuelles se conçoivent entre un homme et une femme, de préférence mariés, et qui ont droit au plaisir.  » Mais cela ne signifie nullement que tout est permis , précise le rabbin David Meyer. Le jour de Kippour, on lit un texte sur les interdits sexuels. Ils entrent dans la définition de la notion de sainteté : la capacité de s’auto-restreindre dans ce qui est autorisé. Sans cette limitation, nous ne serions que des lapins, avec l’autorisation de la Torah !  »

Les relations sexuelles sont canalisées dans un objectif de procréation, mais pas de manière exclusive : faire l’amour sans vouloir d’enfant n’est pas interdit.  » La contraception ne pose de réel problème que lorsque le couple se trouve dans une optique de refus complet d’enfant « , précise le rabbin.

En s’appuyant sur l’histoire d’Onan, qui refusait de donner une descendance à la femme de son frère, la loi juive exclut de répandre en vain sa semence. La masturbation n’est donc pas autorisée. Certaines voix font cependant remarquer que la Bible condamne le refus de procréer et pas, directement, la masturbation. Astuce supplémentaire : les femmes, puisqu’elles n’ont pas de semence, ne seraient pas concernées par l’interdit.

E Pour l’islam :

La virginité n’est pas abordée en tant que telle, mais cette exigence est déduite de l’obligation d’inscrire les relations sexuelles dans le cadre du mariage, qui vaut pour l’homme et pour la femme.  » La reconstruction de l’hymen est une aberration, déclare Soheib Bencheikh, théologien. C’est la marque d’une hypocrisie, qui n’est pas à mettre nécessairement sur le dos de la fille, mais à un honneur auquel l’on sacrifie comme à une idole ! « 

Le plaisir sexuel est encouragé, même en dehors d’un but de procréation, parce qu’il épanouit et équilibre l’individu.  » Quant à ce qui se passe dans l’intimité, comme la masturbation et la sodomie (qui ne peut pas être imposée à une épouse), les musulmans n’ont pas à en faire état. Les théologiens-juristes légifèrent pour que l’immoralité ne soit pas la règle sociale : ils ne s’immiscent pas dans des questions intimes ni n’enlèvent la qualité de musulman après tel ou tel péché « , soutient-il.

L’homosexualité

E Pour l’Eglise catholique :

Dans la première épître aux Corinthiens (6, 9-10), saint Paul affirme que les  » efféminés  » et les  » pédérastes  » n’ont pas leur place dans le royaume de Dieu. La traduction de ces termes est, certes, débattue par les spécialistes. Et, surtout, ce passage doit être lu dans son contexte : Paul dénonçait la tolérance propre aux Grecs et aux Romains, peu compréhensible pour un Oriental, comme lui, élevé dans l’obsession de la pureté. Une certitude : à l’instar des autres monothéismes, le christianisme a toujours considéré l’ homosexualité comme un acte contre nature et un  » objet de scandale « . L’Eglise catholique ne condamne pas les personnes, mais bien les  » actes homosexuels « .

Pour Charles Delhez,  » un homosexuel peut être bien meilleur et plus proche de Dieu qu’un hétérosexuel. Le premier n’est pas forcément un pécheur et le second n’est pas toujours un saint « . Reste que, dans la vision chrétienne, l’hétérosexualité est tenue en plus haute estime que l’homosexualité.  » C’est parce que l’hétérosexualité est un chemin vers l’autre, différent de moi, décrypte Delhez. L’anthropologie judéo-chrétienne valorise la différence sexuelle. « 

E Pour le judaïsme :

Le traitement de l’homosexualité ne fait pas l’unanimité. Les textes  » officiels  » ne la définissent pas, mais la qualifient d' » abomination « . Les relations homosexuelles se déroulent en marge de l’unité familiale normative prônée par les lois juives et impliquent des relations sexuelles incapables d’entraîner la procréation, ce qui conduit à rejeter ces pratiques. Néanmoins,  » on sait désormais, parce que la science nous a apporté des éclaircissements sur l’ homosexualité, qu’il ne s’agit pas d’un choix volontaire. Dès lors, il devient difficile de le juger et, a fortiori, de le condamner « , remarque David Meyer. Le problème ? On ne peut codifier ces pratiques considérées comme hors norme. Or, dans le judaïsme, il est difficile de faire accepter, ou simplement de ne pas exclure, ce qui n’est pas codifié. Peut-être se dirige-t-on cependant vers une plus grande acceptation de l’homosexualité. Certains rabbins considèrent que l’ostracisme et la stigmatisation des homosexuels constitueraient une faute plus grave que la pratique de l’homosexualité.

E Pour l’islam :

Dans l’épisode de Lot et de Sodome, le Coran fait une allusion à l’homosexualité comme étant une turpitude qui empêche les hommes d’épouser des femmes. C’est pourquoi Lot se tourne vers ses propres filles.  » L’acte homosexuel est condamnable, dit Soheib Bencheikh, mais pas l’orientation en soi car, qu’elle soit innée ou acquise dans l’enfance, elle ne relève pas de la responsabilité de l’individu. « 

(1) Auteur du récent Que croire ? Questions sensibles autour de la foi chrétienne (Salavator/Fidélité).

2. Vous avez dit égalité ?

Hommes et femmes,

une si longue différence…

E Pour l’Eglise catholique :

 » Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur.  » L’Eglise a préconisé la soumission de la femme à son époux en se fondant sur ce passage de l’épître aux Ephésiens (5, 22…). Mais saint Paul recommande aussi aux maris d’aimer leurs femmes.

La tradition catholique affirme la différence entre les deux sexes, égaux en dignité, mais non en fonction : l’ordination est réservée aux hommes. L’Eglise considère que le prêtre agit au nom du Christ, et que celui-ci était un homme. Jean-Paul II et son successeur ont maintenu cette interprétation, mais la question de l’ordination des femmes revient comme une revendication récurrente, d’autant que les femmes exercent, aujourd’hui, de plus en plus de responsabilités dans l’Eglise catholique. E Pour le judaïsme :

Le statut de la femme égale-t-il celui de l’homme ?  » Au départ, il existait un statut d’égalité entre les deux sexes, assure le rabbin David Meyer. Mais ce principe de la réflexion juive a été perverti par l’impact de l’évolution historico-sociale. Peu à peu, la reconnaissance d’une différence entre les hommes et les femmes a donc mené au processus d’exclusion de ces dernières. Actuellement, un statut d’infériorité prévaut, imposé par un certain nombre de lois. Cette situation me paraît critiquable et amendable : il suffirait de retourner aux sources des textes. Aux Etats-Unis, 80 % des juifs appartiennent au courant non orthodoxe ; ils ont déjà entamé cette remise en cause.  »

Parmi les signes d’un statut inférieur : la femme ne peut pas être témoin dans une procédure religieuse ni signer d’acte religieux (comme la ketouba, le contrat de mariage). Par ailleurs, à l’origine, l’obligation de prier ne s’imposait pas aux femmes : la prière marque le temps qui passe, or les femmes possèdent en elles, physiologiquement, cette indication (avec les menstruations). Progressivement, cette dispense est devenue :  » La femme ne prie pas. « 

E Pour l’islam :

Le statut de la femme en islam est une source perpétuelle d’interrogations.  » Le statut inférieur de la femme n’est pas une originalité coranique, remarque Soheib Bencheikh. Mais le message coranique n’est pas figé. Il indique une direction favorable aux femmes. L’ autorité de l’homme sur la femme était la contrepartie de son obligation de pourvoir à l’entretien de toute la famille, même si sa femme était plus riche. Aujourd’hui, en Occident, où les femmes se battent comme des hommes pour avoir du travail, la question ne se pose plus dans les mêmes termes.  »

Quid de l’interdiction, pour un homme, de serrer la main d’une femme, sous le prétexte qu’étant réglée elle pourrait être impure ?  » La musulmane a la même pureté que le musulman, s’insurge Soheib Bencheikh. Cet interdit est une invention wahhabite, tirée de façon peu intelligente d’un verset qui interdit les contacts sexuels en dehors du mariage.  »

Quant au châtiment marital, est-il autorisé, comme le soutient le cheikh Youssouf al-Qardawi, icône des Frères musulmans ? Soheib Bencheikh réagit sèchement :  » Le verset du « petit bâton » est à suspendre, puisqu’on ne le comprend pas et qu’il porte préjudice au bien commun.  »

Par ailleurs, la part d’héritage des filles est la moitié de celle de leurs frères. Et leur témoignage vaut deux fois moins que celui des hommes.

L’esclavage

E Pour l’Eglise catholique :

De saint Augustin jusqu’au xixe siècle, la conception de l’ esclavage de saint Paul, qui ne condamne pas cette institution antique, n’est pas remise en question par l’Eglise. Certes, dès le xvie siècle, des théologiens et des papes ont décrété l’abolition de l’esclavage des Indiens,  » peuple élu de Rome « . Mais, paradoxalement, ils ont accepté celui des Noirs jusqu’au xixe siècle. C’est l’époque où se répand la théologie selon laquelle les Noirs sont les descendants de Chanaan, lequel fut maudit par son grand-père Noé, qui le condamna à la servitude.

E Pour l’islam :

Autrefois, l’ esclavage était une institution très répandue, mais l’islam a interdit de s’emparer des soldats ennemis pour les réduire en esclavage.  » A partir du moment où la source guerrière de l’esclavage était tarie, la direction indiquée par le Coran était l’abolition totale « , dit Soheib Bencheikh.

3. Justice, lois et châtiments

Le divorce

E Pour l’Eglise catholique :

Jésus rappelle avec force le devoir de fidélité qu’entraîne l’engagement dans le mariage. L’Eglise catholique considère toutefois qu’un couple marié religieusement peut, dans certains cas de menaces et de souffrances démesurées, se séparer et même divorcer. Un divorcé non remarié et qui ne vit pas en concubinage peut communier et recevoir les autres sacrements. En revanche, l’Eglise ne permet pas le remariage religieux des divorcés, ce qui crée un malaise parmi les croyants. Certains considèrent cette interdiction comme une  » punition  » et en déduisent que l’Eglise, qui par ailleurs prêche le pardon, ne pardonne pas le divorce.

E Pour le judaïsme :

Les partenaires d’un couple peuvent chacun réclamer le divorce. Mais c’est à l’homme, qui ne peut le refuser, de le  » donner  » officiellement et de signer l’acte juridique qui marque la fin du mariage. La répudiation et toute violence contre les femmes sont interdites. La polygamie a été officiellement supprimée au xe siècle, par un amendement à la loi. L’interdit valait mille ans. Il a été reconduit pour une durée identique.

E Pour l’islam :

La répudiation est une coutume sémitique, méditerranéenne, qui permet au mari de rompre unilatéralement son mariage. La femme ne peut divorcer qu’en faisant appel à un juge.  » Mais le droit musulman n’est pas sacré ; il a été élaboré par des êtres humains issus de sociétés claniques et patriarcales. Si la juridiction musulmane veut épouser son temps, elle doit renouveler son regard « , plaide Bencheikh. Avant le Prophète, la polygamie était illimitée.  » Dans le Coran, on perçoit une certaine réticence à l’égard de cette institution, qui devait surtout assurer la protection des veuves et de leurs enfants.  » Par ailleurs, aucun texte n’interdit les mariages mixtes aux musulmanes.

D’autres lois…

E Pour l’islam :

En arabe, les châtiments corporels évoquent la notion de  » limite  » à ne pas dépasser.  » Ces châtiments sont contre-productifs puisqu’à la douleur physique ils ajoutent la douleur morale. Quant à la lapidation des femmes adultères, elle n’existe pas dans le Coran, affirme le théologien. J’ai été sidéré par l’argument de Tariq Ramadam parlant de  » moratoire  » à ce propos !  »

L’ excision et le crime d’honneur n’appartiennent pas au répertoire de l’islam, même si, dans certains pays musulmans, les juges font preuve de laxisme à l’égard de ces pratiques.

L’ adoption est autorisée, mais elle n’est pas plénière : l’adopté ne peut se dire le fils ou la fille de l’adoptant, même s’il porte son nom. Il n’hérite que du tiers de ses biens.

4. Maudit argent !

E Pour l’Eglise catholique :

Le don et la pauvreté sont au c£ur de l’Evangile. Il y a d’abord l’affirmation générale de la première béatitude :  » Heureux, vous les pauvres « , dit Luc (6, 20), l’évangéliste le plus sensible à la question. L’invitation adressée au jeune homme riche est plus éclairante :  » Va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres.  » (Marc, 21). Les Actes des apôtres évoquent la pratique, sans doute idéalisée, de la mise en commun totale des biens dans la première communauté, à Jérusalem. Au fil des siècles, l’Eglise a constitué une grande puissance financière.

E Pour le judaïsme :

La pauvreté ou l’austérité n’ont aucune valeur intrinsèque. Etre pauvre est considéré comme une des plus grandes difficultés de la vie. Pauvres et riches sont soumis à la règle de la Tsedaka (charité), mais les plus fortunés donnent davantage.

E Pour l’islam :

L’ argent n’est pas tabou : il est même considéré comme une bénédiction.  » La banque islamique est une aberration, déclare Soheib Bencheikh. Ce que l’islam interdit, c’est de profiter de l’état de détresse d’une personne pour lui infliger des taux usuraires. On peut donc contracter un prêt hypothécaire auprès d’une banque normale, je ne vois pas où est la nuisance.  »

5. Autres m£urs

E Pour l’Eglise catholique :

Le premier miracle de Jésus est bien connu : selon saint Jean, à Cana, le Christ a changé l’eau en vin. Les Eglises chrétiennes ne réprouvent pas l’alcool, intégré au rituel religieux.

E Pour le judaïsme :

L’ alcool est autorisé… sans excès. A une exception près : une fois par an, lors de la fête de Pourim, il est recommandé de se soûler. Il s’agit de faire l’expérience d’un monde où on n’est plus capable de faire la différence entre le bien et le mal.

Les jeux de hasard sont interdits.  » Peut-être est-ce par crainte de voir se développer un certain cynisme face à la vie, en constatant ce qu’elle peut avoir d’aléatoire « , remarque le rabbin Meyer.

E Pour l’islam :

Les jeux de hasard sont réprouvés quand ils font intervenir de l’argent et parce qu’ils peuvent créer une dépendance. C’est la raison pour laquelle l’ alcool et, par analogie, la drogue, qui perturbent le raisonnement et le comportement, sont interdits.  » L’imam est là pour ouvrir la porte de Dieu, pas pour la fermer, rapporte Bencheikh. Il doit accompagner les musulmans qui abusent de ces produits et qui endurent la honte liée à leur dépendance.  »

6. à chacun son éthique

La fin de vie

E Pour l’Eglise catholique :

Saint Thomas More, ami d’Erasme, écrit :  » C’est charité que d’abréger une agonie certaine.  » L’Eglise est pourtant fermement opposée à l’ euthanasie, au nom d’un principe : l’homme n’a pas le droit de détruire ce qu’il n’est pas capable de créer (la vie).  » Qui suis-je, moi, pour décider de ta fin à toi ? » interroge le père Charles Delhez.

L’acharnement thérapeutique n’est pas pour autant souhaité par l’Eglise.  » Vient un moment où il est raisonnable d’arrêter le traitement devenu inutile, note Delhez. Le devoir est alors de soulager au maximum les souffrances par des analgésiques, même si, parfois, la dose finit par écourter la vie.  » Les soins palliatifs sont donc  » encouragés « .

E Pour le judaïsme :

La fin de vie a fait l’objet de nombreux commentaires rabbiniques. C’est la cessation de la respiration, et non la mort cérébrale, qui marque le décès. Mais, avec l’apparition des prélèvements d’organes, cette règle a été remise en cause. Après de longues discussions, des rabbins ont accepté de modifier la définition de la mort : après trois encéphalographies plates, à trois moments différents, les prélèvements d’organes sont autorisés. Ils permettent de répondre ainsi au  » qui sauve une vie sauve l’humanité entière « .

Par ailleurs, une littérature abondante s’oppose à l’acharnement thérapeutique. Aucune raison théologique ne justifie la souffrance : tout ce qui peut l’annuler ou l’empêcher est autorisé, pour autant que l’objectif poursuivi soit bien de soulager la douleur et non de raccourcir sciemment la vie.

Pour évoquer l’ euthanasie, les rabbins s’inspirent parfois de l’histoire talmudique du rabbi Yehuda Hannassi. Alors qu’il était au seuil de la mort, les justes et les sages priaient afin que Dieu prolonge sa vie. Face aux souffrances de son maître, une servante monta sur le toit et lança une jarre. Le bruit de la chute arrêta quelques secondes les prières et, durant ce laps de temps, le rabbin mourut.  » Une possibilité d’euthanasie, grande comme le chas d’une aiguille, résulte de ce récit, assure David Meyer. De manière imagée, je dirais qu’on ne peut éteindre le bouton d’une machine et provoquer la mort, mais qu’en cas de panne rien n’oblige à brancher le générateur. En tout cas, pour le judaïsme, l’acte éventuel d’euthanasie engage la responsabilité du soignant : celui-ci ne peut se cacher derrière une loi, considérée comme impossible à fixer.  »

E Pour l’islam :

L’ euthanasie est interdite parce que personne n’a le droit de mettre fin à une vie offerte par Dieu. Une autre approche s’impose pour l’acharnement thérapeutique :  » Maintenir quelqu’un artificiellement en vie revient à s’opposer à la volonté de Dieu.  » Même en guise de résistance à un ennemi, le suicide est assimilé à un homicide.  » Autrement dit, les attentats-suicides ne sont pas autorisés en islam.  »

L’avortement

E Pour l’Eglise catholique :

Le précédent pape, Karol Wojtyla, avait déclaré devant le parlement polonais que l’avortement était  » le génocide de notre époque « . Tout avortement est  » absolument à exclure « ,  » même pour des raisons thérapeutiques « , indiquait déjà Paul VI, en 1968, dans l’encyclique Humanae vitae. Pourtant, d’autres papes, entre 1591 et 1869, ont approuvé la théorie de saint Thomas d’Aquin sur l’  » animation médiate  » : elle fixait au milieu de la grossesse la date d’animation du f£tus. La ligne vaticane sur cette question a donc été très fluctuante.

Par principe et au nom du respect de la vie, l’Eglise ne peut encourager l’interruption volontaire de grossesse. Un chrétien ne peut banaliser ce geste et absoudre à l’avance les consciences.  » Pour autant, nous ne sommes plus dans une société chrétienne, reconnaît Delhez. Ce n’est donc pas l’Eglise qui dicte la loi.  » Ce qui n’empêche pas certains fidèles et membres du clergé, l’évêque de Namur Mgr Léonard en tête, de condamner ouvertement la loi belge de 1990 sur la dépénalisation partielle de l’avortement.

Même en cas de viol, l’Eglise est contre l’avortement, ce qui lui vaut l’incompréhension de nombreux fidèles.  » Je n’arrive pas à croire que le Christ aurait condamné la jeune fille violée qui se serait fait avorter « , peut-on lire dans le courrier des lecteurs du journal Dimanche (13 janvier 2008)  » Je ne crois pas, effectivement, que le Christ aurait condamné…, répond Delhez à ce lecteur. Mais l’homme est un être habité par un idéal. Jésus n’a pas condamné non plus la femme adultère, mais il l’a tout de même invitée à ne plus pécher.  »

E Pour l’islam :

La contraception et l’ avortement pour préserver la santé de la mère sont autorisés en islam, comme ils le sont, avec ces limites, dans le judaïsme.  » L’être vivant est privilégié par rapport à l’être probable, détaille Soheib Bencheikh. L’avortement pour d’autres motifs est plus discutable. C’est une question de conscience individuelle.  » Les procréations médicalement assistées ne font l’objet d’aucun interdit textuel :  » Il ne faut pas craindre l’inconnu « , suggère le théologien.

7. Partir ailleurs…

Les conversions

E Pour le judaïsme :

 » Il est possible d’adopter le judaïsme : cela le sauve d’ailleurs d’une accusation de système reposant sur la race « , souligne le rabbin Meyer. Néanmoins, cette conversion reste difficile et élitiste. Elle ne s’obtient qu’au terme d’un parcours généralement long, destiné à permettre d’intégrer une tradition complexe, comportant des choix exclusifs.

Le regard porté sur les juifs qui se convertissent à une autre religion a soulevé de grandes polémiques. Dans l’ensemble, les rabbins considèrent que les apostats se placent eux-mêmes en dehors de la communauté. Les multiples tentatives, parfois forcées, de conversion des juifs, déjà en situation de peuple minoritaire, expliquent les sévères condamnations de cette pratique. On estime que peu de juifs trouvent actuellement, comme l’avait fait le cardinal Lustiger, leur accomplissement dans le christianisme. Comparé au judaïsme, la spiritualité plus accessible du bouddhisme séduirait davantage d’entre eux.

L’ excommunication, comme celle de Spinoza, est un phénomène très marginal. Actuellement, cette arme est parfois brandie comme moyen de pression afin d’obliger un époux récalcitrant à accorder le divorce à sa femme.

E Pour l’islam :

La peine de mort pour apostasie ne figure pas dans le Coran.  » Lorsque les guerres avaient un fondement religieux, quitter sa religion pouvait s’apparenter à un crime de haute trahison. Il existe bien un verset qui dit : « Celui qui change de religion, tuez-le », mais rien n’indique dans quel sens vont ces conversions répréhensibles : un juif qui devient chrétien, un musulman qui devient chrétien, l’inverse ?  » En outre, il y a aussi cet autre verset célèbre :  » Point de contrainte en religion.  »

P.G. ( pour le judaïsme), M.-C. R (pour l’islam), O.R. (pour l’Eglise catholique)

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