Travailler jusqu’à 70 ans ?

L’institut Itinera brise le tabou : même en créant 100 jobs par jour, il faudra travailler plus longtemps pour assurer l’avenir des pensions.

Actuellement, près de 60 % des pensionnés (ex-salariés) touchent moins de 1 000 euros brut par mois. Qu’en sera-t-il demain ? Le vieillissement démographique et l’avenir des pensions figurent parmi les grands défis de société requérant l’action politique et donc la constitution d’un programme gouvernemental. Le temps de l’immobilisme qui passe est du temps perdu. Pour endiguer le tsunami gris prédit par tous, il faudrait ériger une nouvelle maison de repos par semaine d’ici à l’an 2050, avait calculé l’institut Itinera dans une étude parue l’automne dernier (1). Le même think tank va plus loin encore avec les pensions : il faut créer 100 emplois par jour à partir d’aujourd’hui et pendant plusieurs décennies pour ne pas déboucher sur un taux de dépendance des inactifs insupportable pour les actifs. A politique inchangée, ce taux de dépendance passerait, grossièrement, de 2 travailleurs pour un pensionné à 1 pour 1. Il faudrait donc créer 33 000 emplois par an temps plein d’ici à 2050. On notera que, le mois dernier, le gouvernement en affaires courantes s’est engagé vis-à-vis de l’Union européenne à créer 57 000 emplois nouveaux d’ici à 2020.

 » Conjuration des imbéciles « 

Mais pour les auteurs de Notre pension en héritage (2), relever le taux d’emploi – y compris parmi les plus de 60 ans précisément – ne suffira pas à assurer l’avenir des pensions. Jean Hindriks et Ivan Van de Cloot recommandent de cumuler des politiques de l’emploi et de l’âge. Concrètement : il faudrait, selon eux, reculer progressivement l’âge d’accès à la pension pour atteindre 70 ans à l’horizon 2050. Sujet tabou en Belgique puisqu’officiellement, les partis se contentent d’opter pour la réduction des retraits anticipés (prépensions, etc.) du marché de l’emploi.

Le livre d’Itinera qualifie de  » conjuration des imbéciles  » le phénomène d’exclusion des pré-seniors, dont seraient responsables les partenaires sociaux, le gouvernement et les travailleurs âgés eux-mêmes pour leurs  » choix de vie « . La parade ? L’étude préconise des réformes du licenciement et des barèmes de manière à atténuer l’effet de l’âge sur les coûts salariaux mais aussi des efforts de formation et des formules imaginatives d’aller-retour en fin de carrière ou de job à temps partiel combiné  » en dernière option  » à une pension à temps partiel.

Parce que les pensions légales belges sont parmi les moins élevées d’Europe, Itinera recommande aussi que les négociations paritaires continuent à renforcer le deuxième pilier de pension et à l’étendre à tous.

(1) L’Or gris – Comment les baby-boomers feront de leurs soins de santé une histoire à succès, par Brieuc Van Damme (Itinera), Roularta Books. Lire aussi Le Vif/L’Express du 12 novembre 2010.

(2) Notre pension en héritage, par Jean Hindriks et Ivan Van de Cloot (Itinera), Roularta Books.

Un Courrier hebdomadaire du Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp) vient également d’être consacré au financement des pensions, par Paul Palsterman (nos 2088-2089).

P. S.

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