THATCHER,  » MÈRE  » DU GIEC ?

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Même dans le tombeau, l’ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher déchaîne toujours les passions. Dans le torrent de critiques et de louanges qui ont entouré son décès, le 8 avril, il serait trop commode de ranger tous ses détracteurs rive gauche et ses partisans rive droite. Ainsi, le juriste et philosophe libéral Corentin de Salle s’est fendu d’une analyse en demi-teinte du bilan de la  » Dame de fer « . Parmi ses  » erreurs impardonnables « , le directeur de l’Atlantis Institute pointe le fait d’avoir  » perverti le fonctionnement de la science pour des raisons politiques « . En l’occurrence, d’avoir financé des recherches scientifiques tendant à démontrer l’origine humaine du réchauffement climatique, afin de promouvoir l’industrie nucléaire.

 » Elle chargea le prestigieux MET Office britannique (Meteorological Office : l’Institut de météorologie, NDLR) de mettre en place une unité de recherche climatique. Cette unité fut la base d’une nouvelle commission internationale qu’on appellera plus tard… le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).  » (Le Soir, 10 avril 2013).

ORIENTÉ Sous ses allures de fait établi, cette analyse dissimule une position très partisane. Corentin de Salle reprend les arguments du philosophe Drieu Godefridi, avec lequel il avait cofondé le défunt think tank Institut Hayek. Dans son essai Giec est mort, vive la science ! (Texquis, 2010), Godefridi décrit en effet l’organisme sous les traits d' » une imposture consistant à présenter comme scientifique un projet essentiellement politique « . Pourquoi pas ? Cette thèse en vogue chez les climatosceptiques mérite d’être entendue. Et soumise à examen critique.

Car s’agissant de l’influence de Margaret Thatcher, elle se heurte à quelques faits : 1. Le Giec a été créé en 1988 sous l’égide de deux organismes de l’ONU, l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations unies pour l’environnement. Le poids du MET Office en son sein était important, mais il doit être relativisé ; 2. Comme le souligne The Telegraph (1), Thatcher avait effectué, dès 2003, une volte-face complète concernant les origines humaines du réchauffement climatique. Ce qui n’a pas empêché le Giec de poursuivre ses travaux, qui lui rapporteront en 2007 le prix Nobel de la Paix.

Aujourd’hui, le groupe d’experts intergouvernemental prône d’avantage le développement des énergies renouvelables que le nucléaire. Quel que soit le rôle qu’a pu jouer Thatcher dans sa naissance, le bébé a échappé très vite au giron maternel.

E.R.

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