Adjugée pour 1,185 million d'euros, la toile de Banksy se détruit sous les yeux de l'acheteur. © belgaimage

Tel est pris…

C’est probablement  » le  » buzz arty de 2018. Le 5 octobre, juste après avoir été adjugée pour 1,185 million d’euros par un commissaire-priseur de Sotheby’s, Girl with Balloon, la célèbre toile de Banksy, est avalée, sous le regard médusé de l’assistance, par une déchiqueteuse intégrée dans le cadre. Peu importe la valeur intrinsèque de la composition, l’information est relayée par tous les médias du monde. A l’heure où les spéculations du marché de l’art excitent l’envie et la haine, la scène a des allures de parabole façon arroseur arrosé. Banksy 1 – Système 0. C’était sans compter un grain de sable qui en dit long sur la puissance du capitalisme : en raison d’une défaillance technique, le processus n’est pas allé jusqu’à son terme, laissant un pan du tableau intact. Comme un retour du refoulé, cette destruction partielle a aussitôt augmenté la valeur de l’oeuvre de 50 %, voire 100 %, l’acheteuse elle-même déclarant désormais posséder un  » bout d’histoire de l’art « . Banksy 1 – Système 2. La mésaventure a même obligé l’artiste britannique à se dédouaner d’une éventuelle collusion avec la maison de ventes en postant un petit film révélant les coulisses de l’opération.  » Vouloir assigner son prix réel, en argent, à une oeuvre d’art, c’est l’insulter « , écrivait Stéphane Mallarmé en 1889. L’invective a encore de beaux jours devant elle.

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