Syndrome Big Brother

Des caméras omniprésentes dans les lieux publics, des cartes de transport qui vont localiser les voyageurs les Britanniques commencent à se sentir très surveillés

Big Brother est-il en train de devenir une réalité outre-Manche ? Beaucoup de Britanniques ont aujourd’hui le sentiment que George Orwell, l’auteur de 1984, célèbre roman publié en 1949, n’avait que quelques années d’avance. Le Royaume-Uni possède à lui seul 10 % des caméras de surveillance du monde. Elles sont plus de 3 millions, réparties sur l’ensemble du territoire. Les Britanniques n’ont pas besoin de courir les plateaux de télé pour être filmésà Ils le sont en moyenne plus de 500 fois par semaine, un record mondial !

A Londres, les caméras poussent, dans les rues, les métros ou les bus, comme des champignons. Et les récents attentats ne devraient pas contribuer à inverser cette tendance. Oxford Street, l’une des rues les plus fréquentées de la capitale, les caméras sont tellement sophistiquées qu’elles sont capables d’identifier la pointure des chaussures des passants. Certains défenseurs des droits de l’homme s’inquiètent de ce qu’ils dénoncent comme une atteinte à la vie privée.  » Les Anglais sont les citoyens les plus espionnés au monde et Londres est devenue la capitale de l’espionnage individuel « , s’insurge Barry Hugill, porte-parole de l’association Liberty. Au total, depuis 1994, le gouvernement britannique a investi plus de 205 millions de livres (292 millions d’euros) dans les caméras de surveillance. Et ce n’est pas fini. L’installation récente du péage urbain à Londres a encore augmenté le nombre de caméras aux portes de la ville û près de 700 pour le seul contrôle des plaques minéralogiques. Dernier terrain d’expérimentation en date : la justice. Des caméras feront leur apparition dès l’année prochaine dans certaines cours d’appel du pays.

Les futures cartes d’identité, qui devraient apparaître à partir de 2007, permettront, elles aussi, de renforcer les contrôles. Elles contiendront en effet des données biomorphiques : l’iris de l’£il et les empreintes digitales.  » Une carte d’identité n’est pas un luxe ou une fantaisie, c’est une nécessité ! affirme le ministre de l’Intérieur, David Blunkett, qui se défend de vouloir créer un  » Etat Big Brother « . En attendant, la dernière-née des cartes de transport londonien, l’Oyster card, permet déjà de localiser à tout instant son possesseur grâce à une puce électronique couplée à une antenne. L’Oyster card n’est certes pas encore obligatoire, mais elle est sensiblement moins chère que les autres moyens de paiementà

Claire Sanjuan

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