Sur les traces de la  » matière noire « 

Une équipe franco-britannique l’affirme : 85 % de la masse de l’univers seraient constitués d’un nouveau type de particules

Un peu de lumière sur la matière noire ? Des chercheurs français et britanniques viennent d’apporter quelques éclaircissements sur cette mystérieuse substance dont le satellite américain WMAP a relevé qu’elle pesait lourdement sur le destin de l’Univers. La matière telle que nous la connaissons, composée de tout ce que voient les télescopes dans le ciel û galaxies, étoiles, planètes ou gaz interstellaires û représente, en effet, moins de 15 % de sa masse totale. Les 85 % restants sont toujours inconnus. Ils seraient faits d’une mystérieuse matière : la  » matière noire « .

Cette entité cachée pourrait-elle être composée de corpuscules encore jamais détectés ? C’est ce que suggèrent, aujourd’hui, des observations réalisées par le satellite Integral, de l’Agence spatiale européenne (ESA). En étudiant un rayonnement en provenance du renflement central de notre galaxie, l’équipe de Céline Boehm, de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), affirme que si cette émission lumineuse provient de la matière noire, alors celle-ci est obligatoirement constituée d’un nouveau type de particules : une entité sans nom, de 10 à 1 000 fois plus légère que l’atome d’hydrogène, le moins lourd des éléments !

On doit la découverte de cette matière du troisième type à Fritz Zwicky. En 1933, cet astronome suisse installé aux Etats-Unis scrute, dans une région du ciel, un amas de galaxies répondant au joli nom de Chevelure de Bérénice. En mesurant les vitesses des astres qui le composent, il espère en déduire, par une formule simple, la masse totale de cet ensemble. Surprise du chercheur : si les galaxies se déplacent bien, c’est beaucoup plus vite que prévu. Leur célérité est telle qu’elle nécessite la présence, dans leur entourage, d’une quantité astronomique de matière invisible : la  » masse cachée « , ou  » matière noire « .

Traqueurs de Wimps

Malgré des décennies d’efforts, la nature de cette substance perturbatrice échappe toujours aux investigations des astronomes. S’ils ont pu confirmer sa présence dans les galaxies ou les amas de galaxies, et même parfois la cartographier, sa composition se résume aujourd’hui à un grand point d’interrogation. Si bien qu’après avoir écarté nombre de candidats û nuages de gaz, étoiles avortées ou mort-nées, neutrinos û la majorité des spécialistes du cosmos en sont venus à  » inventer  » une particule susceptible de coller à leurs observations. C’est ainsi que sont nées les stars du moment : les Wimps (weakly interacting massive particles), ou  » mauviettes « , des corpuscules massifs dont plusieurs expériences dans le monde û l’une d’elles est menée par le CEA et le CNRS dans le laboratoire souterrain de Modane, sous le tunnel du Fréjus û tentent d’établir l’existence en les détectant.

Les derniers travaux franco-britanniques concernent justement les traqueurs de Wimps. Ils indiquent que, si ces particules existent, elles doivent être nécessairement plus légères que ce qui était prévu. Patatras ! Traduite en termes pratiques, l’annonce û qui reste à confirmer û signifie qu’aucun des pièges à particules aujourd’hui déployés ne pourra les détecter. Le cosmos, bien cruel avec les chercheurs, n’est pas prêt à lâcher ses secrets.

Vahé Ter Minassian

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire