Sont-ils dangereux pour la santé ?

Les chercheurs tentent de savoir si les OGM peuvent rendre malade. Problème : jusqu’à aujourd’hui, les tests ont été insuffisants.

L’argument revient sans cesse, comme s’il devait clore à jamais le débat des risques pour la santé : voilà plus de dix ans que les Américains mangent des OGM, et ils ne sont pas malades pour autant ! Monsanto, le fabricant du maïs désormais interdit, le répète encore dans une récente lettre au ministère français de l’Agriculture.  » Aucun effet néfaste sur la santé n’a été observé au cours des onze années pendant lesquelles les variétés de maïs MON 810 ont été consommées « , écrit Jean-Michel Duhamel, président de la filiale française (voir encadré page 52). C’est vrai. Mais si les autorités sanitaires américaines n’ont rien remarqué d’inquiétant, c’est notamment parce qu’elles n’ont rien… cherché. Aucune étude n’a été lancée auprès des populations exposées dans ce pays.

Pour une raison simple : les variétés génétiquement modifiées de soja, de maïs et de colza y sont mélangées aux autres. Impossible donc de savoir qui a mangé des OGM et en quelles quantités.

Certes, chacun peut constater que l’introduction de ces cultures n’a pas rayé de la carte la nation américaine. Mais des conséquences moins spectaculaires ont très bien pu passer inaperçues, qu’il s’agisse de réactions allergiques ou d’effets toxiques sur le long terme. Sur ces deux points, des institutions comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) rejoignent des organisations citoyennes telles que le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen). Toutes réclament que les fabricants fournissent des études plus poussées que celles prévues dans la réglementation actuelle.

La menace allergique

Les cas d’allergies alimentaires n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières décennies, signe d’un système immunitaire particulièrement réactif chez nos contemporains. Or chaque OGM contient, par définition, une protéine qui n’existait pas dans la variété d’origine. Il convient donc de s’assurer que celle-ci ne risque pas de déclencher une réaction de défense de l’organisme. Pour l’instant, les fabricants procèdent par comparaison, en examinant si la structure moléculaire de la nouvelle protéine ressemble à des allergènes connus, comme ceux du lait, de l’£uf ou des cacahuètes. Mais l’OMS et l’Efsa penchent pour des tests plus complets, comprenant notamment des expérimentations sur les animaux.

La toxicité

Les OGM peuvent-ils rendre malade ? C’est la seconde question à laquelle les scientifiques tentent de répondre, grâce à diverses expériences. Actuellement, tout nouvel OGM doit d’abord être servi comme  » plat principal  » pendant trois mois à des rats avant d’être autorisé. Le problème, c’est d’interpréter le check-up des rongeurs. Car personne ne sait, au fond, quel indicateur surveiller en priorité. Le débat d’experts suscité dernièrement autour du maïs MON 863, créé par Monsanto pour sécréter un pesticide, a confirmé la difficulté de l’exercice. En mars 2007, Gilles-Eric Séralini, biochimiste à l’université de Caen (France), a repéré dans les bilans des rats des anomalies au niveau des reins, du foie et du taux de graisses dans le sang. Mais d’autres chercheurs jugent son analyse erronée…

Pour lever ce type de doute, on suggère, comme le Criigen, de porter à deux ans la durée des tests sur les animaux, soit la même règle que pour les pesticides. Les experts demandent aussi que le champ des études soit élargi aux perturbations sur le système hormonal, les f£tus et la descendance des rats.

Estelle Saget

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